La nuit de l'oracle
Paul Auster
Actes Sud, 2004
238 pages totalement austériennes
Lecture commune avec Soie et Stéphie
Relevant d'une maladie qui l'a conduit près de la mort et ayant délaissé un peu l'écriture de romans, Sydney Orr quitte l'appartement de Brooklyn qu'il occupe avec sa femme Grace pour de courtes promenades dans le quartier ou des visites à son ami John Trause, un écrivain célèbre.
Il découvre par hasard une toute petite papeterie tenue par un chinois, où il achète un joli carnet bleu, dans lequel il commence à écrire avec "du plaisir, un sentiment exaltant et fou de plénitude". Le point de départ est une anecdote fournie par Trause, découverte dans un roman de Hammett : un nommé Flitcraft quitte tout, famille, travail, après avoir frôlé la mort. "La chute d'une poutre pouvait inopinément mettre fin à sa vie: il changerait sa vie inopinément, juste en s'en allant."
"Les mots me venaient, rapides, en douceur, sans effort apparent. (...). Les mots suivants semblait toujours être là, prêt à sortir de ma plume. Je voyais mon Flitcraft comme un nommé Nick Bowen. "
Ce Bowen est directeur littéraire, reçoit le manuscrit oublié d'un roman de Sylvia Maxwell, intitulé La nuit de l'oracle. Qui raconte l'histoire d'un homme qui lors de crises pouvait connaître certaines parties de l'avenir. Bref, Bowen échappe lui aussi à un accident mortel, et part à Kansas City.
Le lecteur habitué à Paul Auster reconnaîtra avec plaisir l'intrusion d'histoires dans l'histoire, habilement narrées en parallèle, dans un style fluide qui permet de suivre facilement. Sauf que là s'ajoutent de très longues notes de bas de page, passionnantes, qui éclairent la vie passée de Sydney Orr et obligent le lecteur à décrocher (à regret) d'une histoire pour se plonger dans une autre. Dur pour les nerfs, mais vivifiant pour le cerveau!
Nous sommes là en plein coeur du processus de création littéraire.
En effet Sydney décide de donner à Rosa Leightman, petite fille de Sylvia Maxwell, le corps de Grace, tout en donnant à Bowen un physique éloigné du sien. Pourquoi Kansas City? Sydney découvrira qu'en fait il se rappelait un événement qui s'y était déroulé. Bowen y rencontre un type qui collectionne les annuaires (Sydney possède l'annuaire de Varsovie daté de 1937-1938). "Il y a d'autres décisions à prendre, bien entendu, une foule de détails significatifs à imaginer (...).Depuis combien de temps Rosa vit-elle à New York, par exemple? Qu'y fait-elle?..." "Je ne rédigeais pas encore l'histoire, je ne faisais que l'esquisser à grands traits et je ne pouvais pas me permettre de m'enliser dans le détail de considérations secondaires.(...) Pour le moment je ne souhaitais que foncer droit devant moi, découvrir où allaient me conduire les images que j'avais en tête." John Krause apparaît dans l'histoire de Bowen. Sydney ne découvrira pas pourquoi ce choix de Sylvia Maxwell.
Tout commence à pas mal se mélanger... Un rêve de Grace évoque une situation critique pour Bowen. Mais "tant qu'on est dans un rêve, il y a toujours moyen de sortir". Ce qui arrive dans un roman peut-il influencer la réalité?
Encore une fois Paul Auster bouscule son lecteur et ne lui laisse pas la possibilité de décrocher des pages de son roman. C'est éblouissant mais ce qui pourrait n'être d'artificiel est passionnant grâce au talent de conteur hors pair d'Auster. Il a vraiment l'art d'inventer des histoires parfois incroyables, mais en un paragraphe le lecteur est pieds et poings liés.
D'autres avis : chez BOB
Paul Auster
Actes Sud, 2004
238 pages totalement austériennes
Lecture commune avec Soie et Stéphie
Relevant d'une maladie qui l'a conduit près de la mort et ayant délaissé un peu l'écriture de romans, Sydney Orr quitte l'appartement de Brooklyn qu'il occupe avec sa femme Grace pour de courtes promenades dans le quartier ou des visites à son ami John Trause, un écrivain célèbre.
Il découvre par hasard une toute petite papeterie tenue par un chinois, où il achète un joli carnet bleu, dans lequel il commence à écrire avec "du plaisir, un sentiment exaltant et fou de plénitude". Le point de départ est une anecdote fournie par Trause, découverte dans un roman de Hammett : un nommé Flitcraft quitte tout, famille, travail, après avoir frôlé la mort. "La chute d'une poutre pouvait inopinément mettre fin à sa vie: il changerait sa vie inopinément, juste en s'en allant."
"Les mots me venaient, rapides, en douceur, sans effort apparent. (...). Les mots suivants semblait toujours être là, prêt à sortir de ma plume. Je voyais mon Flitcraft comme un nommé Nick Bowen. "
Ce Bowen est directeur littéraire, reçoit le manuscrit oublié d'un roman de Sylvia Maxwell, intitulé La nuit de l'oracle. Qui raconte l'histoire d'un homme qui lors de crises pouvait connaître certaines parties de l'avenir. Bref, Bowen échappe lui aussi à un accident mortel, et part à Kansas City.
Le lecteur habitué à Paul Auster reconnaîtra avec plaisir l'intrusion d'histoires dans l'histoire, habilement narrées en parallèle, dans un style fluide qui permet de suivre facilement. Sauf que là s'ajoutent de très longues notes de bas de page, passionnantes, qui éclairent la vie passée de Sydney Orr et obligent le lecteur à décrocher (à regret) d'une histoire pour se plonger dans une autre. Dur pour les nerfs, mais vivifiant pour le cerveau!
Nous sommes là en plein coeur du processus de création littéraire.
En effet Sydney décide de donner à Rosa Leightman, petite fille de Sylvia Maxwell, le corps de Grace, tout en donnant à Bowen un physique éloigné du sien. Pourquoi Kansas City? Sydney découvrira qu'en fait il se rappelait un événement qui s'y était déroulé. Bowen y rencontre un type qui collectionne les annuaires (Sydney possède l'annuaire de Varsovie daté de 1937-1938). "Il y a d'autres décisions à prendre, bien entendu, une foule de détails significatifs à imaginer (...).Depuis combien de temps Rosa vit-elle à New York, par exemple? Qu'y fait-elle?..." "Je ne rédigeais pas encore l'histoire, je ne faisais que l'esquisser à grands traits et je ne pouvais pas me permettre de m'enliser dans le détail de considérations secondaires.(...) Pour le moment je ne souhaitais que foncer droit devant moi, découvrir où allaient me conduire les images que j'avais en tête." John Krause apparaît dans l'histoire de Bowen. Sydney ne découvrira pas pourquoi ce choix de Sylvia Maxwell.
Tout commence à pas mal se mélanger... Un rêve de Grace évoque une situation critique pour Bowen. Mais "tant qu'on est dans un rêve, il y a toujours moyen de sortir". Ce qui arrive dans un roman peut-il influencer la réalité?
Encore une fois Paul Auster bouscule son lecteur et ne lui laisse pas la possibilité de décrocher des pages de son roman. C'est éblouissant mais ce qui pourrait n'être d'artificiel est passionnant grâce au talent de conteur hors pair d'Auster. Il a vraiment l'art d'inventer des histoires parfois incroyables, mais en un paragraphe le lecteur est pieds et poings liés.
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