Les brumes du passé
Leonardo Padura
Métailié, 2006
Lecture commune avec Ys
Cela fait des années que Mario Conde a quitté la police, et il vit en achetant puis revendant les livres anciens trouvés dans les bibliothèques des Cubains obligés de s'en séparer à cause de la Crise. Un jour il découvre par hasard "LA" bibliothèque qu'il n'aurait osé imaginer dans ses rêves les plus fous, celle des Montes de Oca, où des trésors demeurent intouchés depuis plus de quarante ans! Mario Conde n'est pas qu'un commerçant, c'est un bibliophile depuis longtemps, et contre son intérêt il refuse à mettre sur le marché certains livres trop précieux.
Il faut lire les passages extraordinaires ou Mario Conde parle du bibliothécaire de son lycée, de sa découverte des oeuvres classiques, parfois en "extase émotionnelle". Son exploration des milliers de volumes chez les Montes Oca suscite chez lui un sentiment quasi religieux, un peu comme un archéologue découvrant les statues en terre cuite de Xian ou un paléontologue pénétrant à Lascaux. C'est tout un panorama des splendeurs parues à Cuba depuis des siècles, qui fascine aussi le lecteur!
Parmi les trésors qu'il estime vendables, il en garde un pour l'offrir, un fabuleux livre de cuisine désormais introuvable. Grâce à ce recueil, et à l'argent gagné, il peut offrir à son équipe de fidèles amis un repas inoubliable cuisiné par la mère d'entre eux. Pour avoir une idée de l'ambiance, se remémorer Le festin de Babette. Cela leur permettra peut être de "supporter avec plus de courage et de rage les prochaines quarante années de blocus impérialiste et de carnet de rationnement..."
Cuba, justement. Au fil des pages, insensiblement, c'est toute l'histoire de quelques décennies qui est évoquée. Pas forcément politique d'ailleurs. Rien que depuis son départ de la police, "les vols avec violence sont monnaie courante, on nage dans la drogue, les agressions sont une vraie plaie, la corruption c'est comme la mauvais herbe, on n'en vient jamais à bout même en l'arrachant... et ne parlons pas de proxénétisme et de la pornographie."
Mario Conde a trouvé entre les pages du livre de recettes une photo d'une chanteuse de bolero datant des années cinquante, et il se sent poussé à en savoir plus sur elle.
"-Tu la recherches pourquoi?
- Je ne sais pas, admit le Conde. Du moins, je ne sais pas encore. Mais je veux la retrouver. Comme ça, je découvrirai peut-être pourquoi je voulais la chercher."
Cette quête le mènera (et nous à sa suite) dans des quartiers de la Havane, dangereux ou plus chics mais décrépits..., et cette affaire permettra d'en éclaircir une autre bien actuelle, où Mario Conde reprendra du service officieusement...
Quant à la construction de ce magnifique roman, elle est impeccable, en particulier l'insertion de lettres amenant le lecteur à se creuser un peu la tête au départ, puis lui offrant l'occasion d'en savoir à chaque fois juste un tout petit peu plus que Conde, mais pas trop pour maintenir le suspense, jusqu'à la révélation finale d'une tragique histoire...
La longueur du billet devrait déjà alerter sur la richesse de ce roman à tonalité mélancolique et tout le bien que j'en pense. Je terminerai en évoquant les boléros.
"Le boléro, c'est du sentiment, du pur sentiment avec beaucoup d'effets dramatiques. Il parle toujours des tragédies de l'âme et il le fait dans un langage qui va de la poésie à la réalité."
Ne pas rater l'interview de l'auteur lors du festival America de 2010, où il parle de son personnage récurrent Mario Conde , de lui même, de son pays...
Les avis de La ruelle bleue, le vent sombre, dasola, chez BOB
Leonardo Padura
Métailié, 2006
Lecture commune avec Ys
Cela fait des années que Mario Conde a quitté la police, et il vit en achetant puis revendant les livres anciens trouvés dans les bibliothèques des Cubains obligés de s'en séparer à cause de la Crise. Un jour il découvre par hasard "LA" bibliothèque qu'il n'aurait osé imaginer dans ses rêves les plus fous, celle des Montes de Oca, où des trésors demeurent intouchés depuis plus de quarante ans! Mario Conde n'est pas qu'un commerçant, c'est un bibliophile depuis longtemps, et contre son intérêt il refuse à mettre sur le marché certains livres trop précieux.
Il faut lire les passages extraordinaires ou Mario Conde parle du bibliothécaire de son lycée, de sa découverte des oeuvres classiques, parfois en "extase émotionnelle". Son exploration des milliers de volumes chez les Montes Oca suscite chez lui un sentiment quasi religieux, un peu comme un archéologue découvrant les statues en terre cuite de Xian ou un paléontologue pénétrant à Lascaux. C'est tout un panorama des splendeurs parues à Cuba depuis des siècles, qui fascine aussi le lecteur!
Parmi les trésors qu'il estime vendables, il en garde un pour l'offrir, un fabuleux livre de cuisine désormais introuvable. Grâce à ce recueil, et à l'argent gagné, il peut offrir à son équipe de fidèles amis un repas inoubliable cuisiné par la mère d'entre eux. Pour avoir une idée de l'ambiance, se remémorer Le festin de Babette. Cela leur permettra peut être de "supporter avec plus de courage et de rage les prochaines quarante années de blocus impérialiste et de carnet de rationnement..."
Cuba, justement. Au fil des pages, insensiblement, c'est toute l'histoire de quelques décennies qui est évoquée. Pas forcément politique d'ailleurs. Rien que depuis son départ de la police, "les vols avec violence sont monnaie courante, on nage dans la drogue, les agressions sont une vraie plaie, la corruption c'est comme la mauvais herbe, on n'en vient jamais à bout même en l'arrachant... et ne parlons pas de proxénétisme et de la pornographie."
Mario Conde a trouvé entre les pages du livre de recettes une photo d'une chanteuse de bolero datant des années cinquante, et il se sent poussé à en savoir plus sur elle.
"-Tu la recherches pourquoi?
- Je ne sais pas, admit le Conde. Du moins, je ne sais pas encore. Mais je veux la retrouver. Comme ça, je découvrirai peut-être pourquoi je voulais la chercher."
Cette quête le mènera (et nous à sa suite) dans des quartiers de la Havane, dangereux ou plus chics mais décrépits..., et cette affaire permettra d'en éclaircir une autre bien actuelle, où Mario Conde reprendra du service officieusement...
Quant à la construction de ce magnifique roman, elle est impeccable, en particulier l'insertion de lettres amenant le lecteur à se creuser un peu la tête au départ, puis lui offrant l'occasion d'en savoir à chaque fois juste un tout petit peu plus que Conde, mais pas trop pour maintenir le suspense, jusqu'à la révélation finale d'une tragique histoire...
La longueur du billet devrait déjà alerter sur la richesse de ce roman à tonalité mélancolique et tout le bien que j'en pense. Je terminerai en évoquant les boléros.
"Le boléro, c'est du sentiment, du pur sentiment avec beaucoup d'effets dramatiques. Il parle toujours des tragédies de l'âme et il le fait dans un langage qui va de la poésie à la réalité."
Ne pas rater l'interview de l'auteur lors du festival America de 2010, où il parle de son personnage récurrent Mario Conde , de lui même, de son pays...
Les avis de La ruelle bleue, le vent sombre, dasola, chez BOB
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