A tous:
Le retour de
l'enfant prodigueRevenir à la maison
Henri J. M. Nouwen
Bellarmin, 1995
(Billet paru le 25 décembre 2008, et qui à mon avis peut resservir lors d'un autre Noël . Livre prêté par une amie qui l'avait beaucoup aimé)
Le livre :
La découverte d'une reproduction du tableau de Rembrandt, "Le retour de l'enfant prodigue", amène l'auteur à Saint Peterbourg où l'original est exposé, mais surtout à une réflexion sur ce tableau et la parabole de l'enfant prodigue [voir texte ci-dessous] , qui changeront le cours de sa vie : deux ans après, il quitte l'Université de Harvard et s'investit dans un travail auprès d'handicapés.
S'articulant en trois parties : fils cadet, fils aîné et père, ce récit est l'occasion pour Henri Nouwen d'examiner sous ces angles la vie de Rembrandt et son tableau, puis l'histoire du fils prodigue, et pour finir son implication spirituelle personnelle. Après s'être considéré comme fils prodigue, il passe au fils aîné (souvent oublié celui-là), et termine son cheminement spirituel en "devenant père".
Mon ressenti :
Ce fut d'abord la découverte d'un homme, extrêmement humble et honnête dans le récit de son cheminement, récit fort bien écrit d'ailleurs. Et tout cela est parti d'un tableau, cela m' a donc intriguée. J'ai aimé ses réflexions détaillées et éclairantes sur le tableau [j'ai donné l'exemple des mains, mais tout le tableau est ainsi examiné], sur le récit du fils prodigue et aussi sur les conséquences profondes dans sa vie.
Le tableau, et des passages du livre:
"Tout a commencé par les mains, qui sont différentes l'une de l'autre. La main gauche du père, posée sur l'épaule de son fils, est forte et musclée. Les doigts sont écartés et couvrent une bonne partie de l'épaule et du dos du fils prodigue. Je peux y voir une certaine pression, surtout dans le pouce. Cette main semble non seulement toucher, mais, grâce à sa force, également soutenir. Même s'il y a de la douceur dans la façon dont la main gauche du père touche son fils, ce n'est pas sans une certaine fermeté.
La main droite du père est bien différente. Elle ne fait pas le geste de tenir ni de saisir. Elle est raffinée, douce et très tendre. Les doigts sont rapprochés et ont une certaine élégance. La main repose légèrement sur l'épaule du fils. Elle veut caresser, cajoler, offrir consolation et réconfort. C'est la main d'une mère.
Certains commentateurs ont suggéré que la main gauche masculine est la propre main de Rembrandt, alors que la main droite féminine resemble à la main droite de La fiancée juive, peinte à la même période."
"La première fois que j'ai vu la reproduction de Rembrandt (...) toute mon attention était concentrée sur les mains du père âgé, pressant sur sa poitrine son fils revenu. J'y ai vu le pardon, la réconciliation, la guérison ; j'y ai vu aussi la sécurité, le repos, le retour à la maison. Si j'ai été profondément touché par cette étreinte vivifiante d'un père et de son fils, c'est que tout en moi désirait ardemment être accueilli, comme le fils prodigue. Cette rencontre a marqué le début de mon propre retour.
(...) Jamais de ma vie je n'aurais cru que des hommes et des femmes handicapés mentalement seraient les personnes qui poseraient les mains sur moi , en un geste de bénédiction, et m'offriraient un foyer. Pendant longtemps, j'avais cherché la sécurité et le salut parmi les sages et les savants. (...) J'ai expérimenté la réception chaleureuse et sans prétention de ceux qui n'ont rien à montrer, l'étreinte cordiale de gens qui ne posent pas de questions."
Le texte d'origine :
L’enfant prodigue « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient”. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, rassemblant tout son avoir, le plus jeune fils partit pour un pays lointain et y dissipa son bien en vivant dans l’inconduite. Quand il eut tout dépensé, une famine sévère survint en cette contrée et il commença à sentir la privation. Il alla se mettre au service d’un des habitants de cette contrée, qui l’envoya dans ses champs garder les cochons. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il se dit : “Combien de mercenaires de mon père ont du pain en surabondance, et moi je suis ici à périr de faim ! Je veux partir, aller vers mon père et lui dire : Père, j’ai péché contre le Ciel et envers toi ; je ne mérite plus d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes mercenaires”. Il partit donc et s’en alla vers son père. Tandis qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement. Le fils alors lui dit : “Père, j’ai péché contre le Ciel et envers toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils”. Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez la plus belle robe et l’en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !” Et ils se mirent à festoyer. Son fils aîné était aux champs. Quand, à son retour, il fut près de la maison, il entendit de la musique et des danses. Appelant un des serviteurs, il s’enquérait de ce que cela pouvait bien être. Celui-ci lui dit : “C’est ton frère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il l’a recouvré en bonne santé”. Il se mit alors en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit l’en prier. Mais il répondit à son père : “Voilà tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un seul de tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau, à moi, pour festoyer avec mes amis ; et puis ton fils que voici revient-il, après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras !” Mais le père lui dit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !” » (Luc 15, 11-31).
L'auteur (dont j'ignorais tout !) :
"Henri Nouwen, auteur, professeur, accompagnateur spirituel et prêtre catholique, a été ministre pastoral à la communauté de l’Arche Daybreak de 1986 à son décès en 1996.
C’est à partir de son engagement dans la campagne américaine de Martin Luther King, Jr. pour les droits civils que sont nés chez Henri son désir de la communauté et sa conviction profonde quant aux dons essentiels et prophétiques de ceux que le monde a rejetés. Sa formation en psychologie l’a amené à différentes tâches d’enseignement aux universités de Notre-Dame, de Yale et d’Harvard, et à un engagement grandissant dans les mouvements pour la paix et la justice sociale aux États-Unis. À travers ces engagements, Henri cherchait comment aider les gens à approfondir leur spiritualité tout en bâtissant communauté. Il est parmi les auteurs spirituels les plus populaires et les plus prolifiques de cette deuxième partie du XXe siècle.
Il a vécu durant un an en 1985 à l’Arche de Trosly et c’est en 1986 que l’Arche Daybreak devint son chez-soi. Henri continua ses voyages et ses conférences, comme membre de l’Arche (au Canada), mais il se faisait habituellement accompagner par des membres de sa communauté de l’Arche."[site l'archecanada]
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