Vers l 'ouest avec la nuit
Beryl Markham
Phebus libretto, 2010
"Avez-vous lu Vers l'ouest avec la nuit?... C'est un sacré bon livre (it really is a bloody wonderful book)" Cet avis d'Hemingway est devenu le mien (en toute modestie).
Ce titre (superbe) rappelle que Beryl Markham fut la première à traverser l'Atlantique nord, en partant d'Angleterre. En 1936, seule à bord, calculant son cap avec rapporteur, carte et compas. Pas de radio, évidemment.
Mais si ce récit est vite devenu un coup de coeur, c'est parce qu'il y a bien plus que ce vol n'occupant que 15 pages vers la fin.
Le père de Beryl Markam, éleveur de chevaux, possédait "une ferme en Afrique". L'enfance de Beryl se déroule en Afrique orientale britannique, plus tard le Kenya. Elle suit les traces de son père et entraîne des chevaux de course, puis découvre le pilotage et transporte passagers, courriers, médicaments, repérant aussi les éléphants pour les organisateurs de safari (dans les années 30...). Elle est décédée en 1986 à Nairobi.
Mais ce qui a crée mon emballement, c'est l'écriture remarquable, à la fois pleine d'humour et de passion pour l'Afrique, les chevaux et le vol. Beryl Markham sait parfaitement construire son récit pour le rendre intéressant et ménager le suspense.
Elle recrée à merveille cette partie de l'Afrique où Nairobi n'était qu'une modeste bourgade, les cartes approximatives, les routes inexistantes, les pistes impraticables, l'aviation une réelle aventure.
Enfance incroyable avec des camarades kikuyus, masaïs ou autres...
"Aussi longtemps que dure le jour, Nakuru n'est pas un lac, c'est un creuset de flammes roses et cramoisies, des millions de flammes qui sont les ailes des flamants roses."
Denis Fynch Hatton apparaît brièvement, et l'on apprend que Beryl avait refusé sur le conseil de son employé de participer au vol où il trouvera la mort. En revanche le baron Blixen (dit Blix) est le héros de nombreuses page!
"Le visage aristocratique du baron von Blixen-Finecke me salua, comme toujours, du plus gracieux sourire, qui l'éclairait comme un rayon de soleil éclaire un morceau de cuir familier -un cuir bien entretenu, sans rides, mais tanné et dur comme une selle de cheval.
C'est d'ailleurs la seule concession accordée par le visage de Blix à l'image populaire qu'on se fait d'un chasseur blanc. Ses yeux sont gais et bleu clair, et non froids et gris comme de l'acier; il a des joues rebondies, et non un visage en lame de couteau; ses lèvres sont pleines et généreuses, et non resserrées par la dure expérience de la Nature-à-l'Etat-Sauvage. Il parle volontiers. Il n'a pas de silences lourds de sens."
Pour l'ambiance :
"En 1900, les trains craignaient encore de s'aventurer dans la nuit, et avec raison. Les lions infestaient les régions traversées, et il fallait à un passager ou à un mécanicien soit un grand courg, soit une pulsion suicidaire pour débarquer sans arme dans une gare de campagne.
En 1902 environ, une ligne télégraphique suivit la voie jusqu'à Kisumu, ou du moins aurait dû la suivre. Les poteaux étaient en place, les câbles aussi, mais les rhinocéros prennent un plaisir sensuel et sadique à frotter leur grande carcasse contre les poteaux télégraphiques, et un babouin digne de ce nom ne peut résister à la tentation de se balancer aux câbles suspendus. Souvent un troupeau de girafes trouvait bon de traverser la voie de chemin de fer, mais refusait de s'incliner devant les fils métalliques, qui proclamait bien haut dans les airs la suprématie de l'Homme Blanc sur leur habitat. "
Et bien d'autres belles histoires!
A votre tour, soyez conquis par ce beau récit!
Beryl Markham
Phebus libretto, 2010
"Avez-vous lu Vers l'ouest avec la nuit?... C'est un sacré bon livre (it really is a bloody wonderful book)" Cet avis d'Hemingway est devenu le mien (en toute modestie).
Ce titre (superbe) rappelle que Beryl Markham fut la première à traverser l'Atlantique nord, en partant d'Angleterre. En 1936, seule à bord, calculant son cap avec rapporteur, carte et compas. Pas de radio, évidemment.
Mais si ce récit est vite devenu un coup de coeur, c'est parce qu'il y a bien plus que ce vol n'occupant que 15 pages vers la fin.
Le père de Beryl Markam, éleveur de chevaux, possédait "une ferme en Afrique". L'enfance de Beryl se déroule en Afrique orientale britannique, plus tard le Kenya. Elle suit les traces de son père et entraîne des chevaux de course, puis découvre le pilotage et transporte passagers, courriers, médicaments, repérant aussi les éléphants pour les organisateurs de safari (dans les années 30...). Elle est décédée en 1986 à Nairobi.
Mais ce qui a crée mon emballement, c'est l'écriture remarquable, à la fois pleine d'humour et de passion pour l'Afrique, les chevaux et le vol. Beryl Markham sait parfaitement construire son récit pour le rendre intéressant et ménager le suspense.
Elle recrée à merveille cette partie de l'Afrique où Nairobi n'était qu'une modeste bourgade, les cartes approximatives, les routes inexistantes, les pistes impraticables, l'aviation une réelle aventure.
Enfance incroyable avec des camarades kikuyus, masaïs ou autres...
"Aussi longtemps que dure le jour, Nakuru n'est pas un lac, c'est un creuset de flammes roses et cramoisies, des millions de flammes qui sont les ailes des flamants roses."
Le lac Nakuru
Denis Fynch Hatton apparaît brièvement, et l'on apprend que Beryl avait refusé sur le conseil de son employé de participer au vol où il trouvera la mort. En revanche le baron Blixen (dit Blix) est le héros de nombreuses page!
"Le visage aristocratique du baron von Blixen-Finecke me salua, comme toujours, du plus gracieux sourire, qui l'éclairait comme un rayon de soleil éclaire un morceau de cuir familier -un cuir bien entretenu, sans rides, mais tanné et dur comme une selle de cheval.
C'est d'ailleurs la seule concession accordée par le visage de Blix à l'image populaire qu'on se fait d'un chasseur blanc. Ses yeux sont gais et bleu clair, et non froids et gris comme de l'acier; il a des joues rebondies, et non un visage en lame de couteau; ses lèvres sont pleines et généreuses, et non resserrées par la dure expérience de la Nature-à-l'Etat-Sauvage. Il parle volontiers. Il n'a pas de silences lourds de sens."
Pour l'ambiance :
"En 1900, les trains craignaient encore de s'aventurer dans la nuit, et avec raison. Les lions infestaient les régions traversées, et il fallait à un passager ou à un mécanicien soit un grand courg, soit une pulsion suicidaire pour débarquer sans arme dans une gare de campagne.
En 1902 environ, une ligne télégraphique suivit la voie jusqu'à Kisumu, ou du moins aurait dû la suivre. Les poteaux étaient en place, les câbles aussi, mais les rhinocéros prennent un plaisir sensuel et sadique à frotter leur grande carcasse contre les poteaux télégraphiques, et un babouin digne de ce nom ne peut résister à la tentation de se balancer aux câbles suspendus. Souvent un troupeau de girafes trouvait bon de traverser la voie de chemin de fer, mais refusait de s'incliner devant les fils métalliques, qui proclamait bien haut dans les airs la suprématie de l'Homme Blanc sur leur habitat. "
Et bien d'autres belles histoires!
A votre tour, soyez conquis par ce beau récit!
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Océane
Il y a 1 an
Aifelle
Il y a 1 an
Dominique
Il y a 1 an
Dominique
Il y a 1 an
Florinette
Il y a 1 an
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Manu
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Theoma
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A_girl_from_earth
Il y a 1 an
Marie
Il y a 1 an
Marie
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Marie
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Marie
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Marie
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l'or des chambres
Il y a 1 an
Marie
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Marie
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Marie
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Marie
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Marie
Il y a 1 an
Marie
Il y a 1 an
claudialucia
Il y a 1 an
claudialucia
Il y a 1 an
claudialucia
Il y a 1 an
le Merydien
Il y a 1 an
keisha
Il y a 1 an
Folfaerie
Il y a 1 an
keisha
Il y a 1 an
Tu le "vends" bien mais je crois que je vais en rester là avec cette femme. Sa vie fut très intéressante et c'est bien la motivation que j'aurais à lire cette bio. Mais je ne l'ai pas trouvée sympathique, je suis férocement anti-dressage de chevaux et ses remarques sur le comportement des animaux (dans ton extrait sur le train) me donnent envie de hurler. Le fait que le livre ait plu à Hemingway (McLain en parle dans les notes de fin d'ouvrage) n'arrange pas les choses puisque je déteste Hemingway, encore plus l'homme que l'écrivain. Mais c'est vrai que c'est bien écrit (McLain indique que la rumeur voulait que ce soit le troisième mari de Beryl Markham qui aurait écrit le bouquin pour elle, sauf qu'elle avait transmis 80% de son avancée à son éditeur avant de rencontrer ledit mari. A ce titre, comme à bien d'autres, on sent tout le mépris que l'on avait pour les femmes qui sortaient du rang).
RépondreSupprimerRemarque, le côté Out of Africa (le film et le bouquin) ça me fait rêver. Mais comme tu viens de lire déjà le récit de sa vie, pas la peine d'enchaîner, surtout si tu ne la trouves pas sympathique.(je n'aime pas Hemingway non plus ^_^)
SupprimerCeci étant, cette lecture m'a passionnée, du moment qu'il y a l'Afrique, je fonce!
Le McLain vaut la peine aussi pour l'Afrique et je ne suis pas particulièrement fan. C'est pour cela que je pense que le roman ferait un beau film (d'ailleurs Out of Africa est un régal pour les yeux - ok, Redford y est pour quelque chose ^^).
SupprimerJe crois aussi que ce serait l'enchaînement qui pourrait me gaver mais peut-être aurai-je envie d'y revenir un jour.
Pas d'urgence ici (genre acheter le bouquin) mais si je le vois en bibli, je peux voir.
SupprimerHa oui Redford... ^_^
Le livre Out of africa est à lire aussi.