Le lieutenant
Kate Grenville
Métailié, 2012
Fin du 18ème siècle, Angleterre. Tout jeune, Daniel Rooke s'intéresse aux nombres, à l'astronomie, aux langues, mais a plus de mal avec la société des hommes où il se révèle assez discret et timide. Lieutenant sur un navire anglais, il participe à la guerre d'indépendance côté anglais (une défaite) puis embarque en direction de l'Australie pour étudier le retour d'une comète. Avec lui s'installent à Sydney Cove, près de Botany Bay, soldats et prisonniers anglais.
Les aborigènes demeurent en retrait, sans gros désir de contacts, ignorant plutôt ces envahisseurs. Rooke lie connaissance avec un groupe, particulièrement une tout jeune fille, Tagaran. Celle-ci est remarquablement vive et peu à peu Rooke et elle apprennent à communiquer dans la langue de l'autre.
Mais Rooke demeure un soldat de sa gracieuse majesté, obligé d'obéir aux ordres...
En le terminant , j'ai pensé avec ravissement : "quel beau roman".
D'abord il est superbement écrit, dans une langue élégante et précise (traduction de Mireille Vignol), au grand pouvoir évocateur. Pas de longues descriptions, juste l'essentiel pour saisir l'environnement de Rooke et suivre ses sensations intimes, toujours exprimées avec une grande délicatesse.
Ce qui m'a évidemment passionnée, en plus de cet aperçu de la découverte de l'Australie et les premiers contacts avec ce monde nouveau et ses habitants, ce sont les passages où Rooke commence à apprendre la langue du peuple Cadigal*. Il faut savoir que le personnage de Rooke est largement inspiré de celui de William Daves, et que l'auteur a puisé dans les Carnets de Dawes, en extrayant le vocabulaire et les conversations en cadigal. Cet excellent travail d'utilisation de diverses autres sources donne une oeuvre de fiction passionnante qui parle aussi au coeur.
"Il est impossible d'acquérir une langue sans établir de relation avec ses locuteurs. Son amitié avec Tagaran ne se résumait pas à une liste d'objets, ou de mots pour ce qui se mange ou ne se mange pas, qui se jette ou en se jette pas. C'est la lente élaboration de la carte d'une relation.
Le nom des choses, si l'on voulait les comprendre, concernait tout autant les espaces entre les mots que les mots. Apprendre une langue n'était pas comme relier deux points à l'aide d'une ligne. C'était un saut à l'intérieur de l'autre."
*Je recommande L'instinct du langage de Steven Pincker, tiens tiens, le relire et en parler?
Merci à Valérie Guiter et l'éditeur!
Kate Grenville
Métailié, 2012
Fin du 18ème siècle, Angleterre. Tout jeune, Daniel Rooke s'intéresse aux nombres, à l'astronomie, aux langues, mais a plus de mal avec la société des hommes où il se révèle assez discret et timide. Lieutenant sur un navire anglais, il participe à la guerre d'indépendance côté anglais (une défaite) puis embarque en direction de l'Australie pour étudier le retour d'une comète. Avec lui s'installent à Sydney Cove, près de Botany Bay, soldats et prisonniers anglais.
Les aborigènes demeurent en retrait, sans gros désir de contacts, ignorant plutôt ces envahisseurs. Rooke lie connaissance avec un groupe, particulièrement une tout jeune fille, Tagaran. Celle-ci est remarquablement vive et peu à peu Rooke et elle apprennent à communiquer dans la langue de l'autre.
Mais Rooke demeure un soldat de sa gracieuse majesté, obligé d'obéir aux ordres...
En le terminant , j'ai pensé avec ravissement : "quel beau roman".
D'abord il est superbement écrit, dans une langue élégante et précise (traduction de Mireille Vignol), au grand pouvoir évocateur. Pas de longues descriptions, juste l'essentiel pour saisir l'environnement de Rooke et suivre ses sensations intimes, toujours exprimées avec une grande délicatesse.
Ce qui m'a évidemment passionnée, en plus de cet aperçu de la découverte de l'Australie et les premiers contacts avec ce monde nouveau et ses habitants, ce sont les passages où Rooke commence à apprendre la langue du peuple Cadigal*. Il faut savoir que le personnage de Rooke est largement inspiré de celui de William Daves, et que l'auteur a puisé dans les Carnets de Dawes, en extrayant le vocabulaire et les conversations en cadigal. Cet excellent travail d'utilisation de diverses autres sources donne une oeuvre de fiction passionnante qui parle aussi au coeur.
"Il est impossible d'acquérir une langue sans établir de relation avec ses locuteurs. Son amitié avec Tagaran ne se résumait pas à une liste d'objets, ou de mots pour ce qui se mange ou ne se mange pas, qui se jette ou en se jette pas. C'est la lente élaboration de la carte d'une relation.
Le nom des choses, si l'on voulait les comprendre, concernait tout autant les espaces entre les mots que les mots. Apprendre une langue n'était pas comme relier deux points à l'aide d'une ligne. C'était un saut à l'intérieur de l'autre."
*Je recommande L'instinct du langage de Steven Pincker, tiens tiens, le relire et en parler?
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