Elisabeth Costello
Huit leçons
J.M. Coetzee
Seuil, 2004
Coetzee, écrivain sud africain, propose une sorte de portrait d'Elisabeth Costello, auteur australienne (fictive), proche des soixante-dix ans, au travers de huit conférences données sur tous les continents. Qu'elle ait un fils, John, une soeur religieuse en Afrique, une fille et deux ex-maris (on ne rencontrera pas ces trois derniers), qu'elle soit vieillissante et fatiguée par les déplacements n'est finalement pas l'essentiel de cet original roman, qui consiste plutôt en des présentations d'Elisabeth Costello (ou d'un collègue, ou même de sa soeur) à un public trié, ou diverses discussions ou questions réponses sur des sujets fort divers. par exemple "Le roman en Afrique", "La vie des animaux", "Les humanités"... Quels que soient les thèmes que Coetzee choisit d'aborder par le biais de sa "créature", il n'impose pas une opinion de façon tranchée. Elisabeth Costello est parfois contredite, il lui arrive de perdre le fil. Mais à la fin le lecteur a eu les neurones bien secoués, il ne sait plus trop où il en est, et finalement chaque thème mériterait de faire l'objet d'une débat entre lecteurs, tout cela est extrêmement vivifiant.
Elisabeth Costello n'est pas forcément sympathique, mais tout de même sa sincérité est évidente et le roman se termine par une drôle d'attente d'un passage vers la mort (?) dans un univers kafkaïen.
Un roman à découvrir, pour l'occasion de réflexions fort intéressantes.
Deux passages parmi d'autres:
Coetzee narre sa première histoire:
"Nous sautons la scène de la remise du prix à proprement parler. Ce n'est pas une bonne idée d'nterrompre trop souvent la narration, puisque l'art de raconter des histoires consiste à induire chez le lecteur ou l'éditeur un état proche du rêve dans lequel le temps et l'espace du monde réel tendent à disparaître, supplantés par le temps et l'espace de la fiction. Faire irruption dans le rêve, c'est attirer l'attention sur le caractère construit de l'histoire, et bouleverser complètement l'illusion réaliste."
Au sujet d'un roman d'un collègue parlant d'une tentative d'assassinat de Hitler, jusqu'à l'exécution des conjurés:
"Plus précisément, elle n'est plus aussi sûre que les gens sont améliorés par les lectures qu'ils font. De plus, elle n'est pas sûre que les écrivains qui s'aventurent dans les contrées les plus obscures de l'âme en reviennent indemnes. Elle commence à se demander si écrire ce qu'on a envie d'écrire, tout comme lire ce qu'on a envie de lire, est en soit une bonne chose."
Qui l'a lu?
Mon avis sur Disgrâce, même auteur.
Huit leçons
J.M. Coetzee
Seuil, 2004
Coetzee, écrivain sud africain, propose une sorte de portrait d'Elisabeth Costello, auteur australienne (fictive), proche des soixante-dix ans, au travers de huit conférences données sur tous les continents. Qu'elle ait un fils, John, une soeur religieuse en Afrique, une fille et deux ex-maris (on ne rencontrera pas ces trois derniers), qu'elle soit vieillissante et fatiguée par les déplacements n'est finalement pas l'essentiel de cet original roman, qui consiste plutôt en des présentations d'Elisabeth Costello (ou d'un collègue, ou même de sa soeur) à un public trié, ou diverses discussions ou questions réponses sur des sujets fort divers. par exemple "Le roman en Afrique", "La vie des animaux", "Les humanités"... Quels que soient les thèmes que Coetzee choisit d'aborder par le biais de sa "créature", il n'impose pas une opinion de façon tranchée. Elisabeth Costello est parfois contredite, il lui arrive de perdre le fil. Mais à la fin le lecteur a eu les neurones bien secoués, il ne sait plus trop où il en est, et finalement chaque thème mériterait de faire l'objet d'une débat entre lecteurs, tout cela est extrêmement vivifiant.
Elisabeth Costello n'est pas forcément sympathique, mais tout de même sa sincérité est évidente et le roman se termine par une drôle d'attente d'un passage vers la mort (?) dans un univers kafkaïen.
Un roman à découvrir, pour l'occasion de réflexions fort intéressantes.
Deux passages parmi d'autres:
Coetzee narre sa première histoire:
"Nous sautons la scène de la remise du prix à proprement parler. Ce n'est pas une bonne idée d'nterrompre trop souvent la narration, puisque l'art de raconter des histoires consiste à induire chez le lecteur ou l'éditeur un état proche du rêve dans lequel le temps et l'espace du monde réel tendent à disparaître, supplantés par le temps et l'espace de la fiction. Faire irruption dans le rêve, c'est attirer l'attention sur le caractère construit de l'histoire, et bouleverser complètement l'illusion réaliste."
Au sujet d'un roman d'un collègue parlant d'une tentative d'assassinat de Hitler, jusqu'à l'exécution des conjurés:
"Plus précisément, elle n'est plus aussi sûre que les gens sont améliorés par les lectures qu'ils font. De plus, elle n'est pas sûre que les écrivains qui s'aventurent dans les contrées les plus obscures de l'âme en reviennent indemnes. Elle commence à se demander si écrire ce qu'on a envie d'écrire, tout comme lire ce qu'on a envie de lire, est en soit une bonne chose."
Qui l'a lu?
Mon avis sur Disgrâce, même auteur.
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