Le poisson et le bananier
Une fabuleuse histoire de la traduction
Is that a fish in your ear?
Is that a fish in your ear?
David Bellos
Flammarion,2012Encore une fois c'est A Girl from earth qui m'a aiguillée sur une pépite!
"Que font réellement les traducteurs? Combien y a-t'il de modes différents du traduire? (phrase assez incompréhensible, j'ai dû mal recopier, mais n'ai plus l'exemplaire) Qu'est-ce que les emplois de cette mystérieuse capacité nous apprennent sur les sociétés humaines d'hier et d'aujourd'hui? Comment les faits de la traduction sont-ils liés à l'usage de la langue en général - et à nos conceptions de ce qu'est une langue?"
Avec un menu pareil, autant dire que je me suis régalée, que j'ai parfois écarquillé les yeux, que j'ai beaucoup appris, que je me suis interrogée...
La traduction, ce n'est pas seulement réservé à mes chouchous anglais, mais aussi aux titres et dialogues de films, aux journaux, aux lois, aux procès (en 2011, traduire une conversation téléphonique du fulani?), aux conférences internationales, aux recettes de cuisine, à l'humour, etc... La traduction existe depuis aussi longtemps que les hommes ont voulu communiquer et l'histoire de la traduction est évoquée par petites touches.
L'auteur, professeur de littérature française et traducteur de Perec, Kadaré, .. sait de quoi il parle et a mûrement réfléchi sur son art. Bien sûr, il défend avec passion son métier et s'élève contre les critiques habituelles sur la traduction de la poésie, la "bonne" traduction prétendue impossible, la fidélité à la source, l'équivalence, le sens...
Je signale cependant à l'auteur qu'il existe des traductions de Guerre et Paix en français où le passages en français dans l'original sont en italique ( d'accord, ce n'est pas un moyen purement linguistique de distinction de ces phrases, mais typographique, cependant fort satisfaisant à mon goût) (p 216)
350 pages assez denses, c'est sûr, mais toujours émaillées d'exemples passionnants. Je n'ai pas tout compris sur la traduction simultanée, mais ai découvert comment fonctionne Google Translate! (trop fort!). En prime j'ai fait une révision sur le langage humain, forcément la base de presque tout! Et saviez-vous que le latin a droit chaque jour à une demi-heure de nouvelles diffusées depuis Helsinki?
Au final, je suis frustrée de ne pouvoir rendre compte de la richesse de ce livre, qui doit évidemment être découvert!
Des avis sur Babelio,
Commentaires
Un livre à mettre entre les mains de tous les lecteurs en réalité !
HS : c'est très joli cette nouvelle bannière (j'ai failli écrire bananière !)
Le sujet m'intéresse diablement, mais avec les essais, j'ai toujours peur de ne pas tenir la longueur c'est pour cela que j'hésite encore à y mettre le prix fort.
Ceci étant, un bon bouquin!
Quand il s'agit de langues qu'on ne maîtrise pas, on est hélas dépendant des traducteurs...
Le sujet "les langues" me fascine pas mal depuis longtemps, et j'ai été ravie de retrouver le sujet développé encore dans ce livre. Pour tous, tu as raison!
Google Translate me paraissait déjà habile à traduire mon blog, mais il a craqué quand même pour Savage season, le niveau d'anglais un peu "brutal" ne l'a pas séduit. ^_^
Oui, la bannière! Du poivre de Sichuan, photographié lors d'un de mes voyages...
Vraiment bien fait et passionnant, en plus.
Essaie encore en bouquinerie ou en bibli, quand même, à Paris, c'est Byzance, non, les biblis? ^_^
Un essai, oui, mais tu peux le lire par morceaux, et puis, c'est vraiment bourré d'exemples et d'histoires qui font passer le tout.
En tout cas, bravo aux traducteurs, leur travail n'est pas facile.
Un vaste sujet, passionnant, donc !
Sans oublier toutes les traductions de manuels plus techniques (parfois approximatives) , de dialogues, etc...
C'est comme pour traduire Shakespeare, etc... Sans parler de textes plus usuels, panneaux, manuels d'utilisation,etc...Ce livre m'a ouvert les yeux sur plein de problèmes à résoudre.
Ce livre est pour toi, l'auteur monte au créneau pour défendre son métier! Il le fait de façon convaincante et claire. Sans doute en anglais les exemples qu'il donne ne sont pas les mêmes, mais on peut supposer que la traduction du livre en français s'est faite avec sa collaboration! ^_^
Bonne semaine.
Tu as mis le doigt sur un des nombreux problèmes posés à la traduction! Romans, films, etc...
J'avoue me passionner pour la traduction littéraire uniquement. Je suis bien évidemment consciente que notre quotidien repose pour beaucoup sur des traducs moins glamour (j'ai d'ailleurs été en première ligne à une occasion, de façon on ne peut plus imprévue, et je ne pardonnerai jamais au client qui m'a fait le coup ! Imagine une conf' sur la fabrication de satellites, déjà pas facile à suivre en français quand ce n'est pas ton domaine - et ce n'est PAS mon domaine - quand soudain un intervenant débarque et cause en italien, avec un débit d'italien et que tes restes d'italien datent d'il y a 20 ans...) mais ça m'intéresse moyennement et puis j'ai trouvé des astuces pour pallier les traducs bizarres (lire une notice écrite à l'origine dans une langue particulièrement exotique en VF et en version anglaise : en faisant un mix des deux tu arrives à comprendre faire fonctionner un outil ou monter un meuble ;).
J'avais feuilleté ce livre en librairie à sa sortie et n'avais pas été convaincue (disons que je pense que je me serais prise la tête avec l'auteur assez souvent). Je fais partie de ces gens qui considèrent qu'une part d'intraduisible existe dans certaines situations (je ne parle que de traduction littéraire), en particulier quand un écrivain mise beaucoup sur le style. Que cela plaise ou non à l'auteur de cet ouvrage, il y a nécessairement une déperdition, peut-être pas de sens, mais purement littéraire (et là je parle de la beauté du texte et des intentions de l'auteur), aussi minime soit-elle. Cela ne signifie pas que le traducteur est mauvais pour autant ! C'est une limite naturelle de cet exercice ; il n'y pas de quoi avoir honte et donc de vouloir à tout prix se défendre des critiques (je parle pour les bons traducteurs parce que, je suis désolée, mais il y en a des mauvais, objectivement parlant). D'ailleurs, je cite sur mon blog les traducteurs des ouvrages que je lis en VF donc je n'ai rien contre la profession (à la limite, j'estime même que ce sont plus les éditeurs qui sont à blâmer que les traducteurs de métier pour tout un tas de raisons trop longues à expliquer mais que présentent fort bien Assouline dans son rapport sur "La condition du traducteur").
Je me demande ce que penserait l'auteur de l'opinion de Beckett... En effet, ce dernier préférait traduire lui-même ses textes (soit du français vers l'anglais, soit l'inverse puisqu'il écrivit son oeuvre dans ces/ses deux langues) plutôt que de devoir revoir les traducs qui en étaient faites car ça lui prenait moins de temps de s'occuper de la traduction lui-même. Je crois que ça démontre quand même que, pour la traduction littéraire, il y a des endroits où ça coince (et là, c'est un écrivain lui-même qui est indisposé, pas une lectrice lambda comme moi).
Bref, je suis une "abonimafreuse" ;p
On a tous lus des notices marrantes (!) visiblement traduites d'une langue exotique, mais le plus drôle c'est quand c'est d'une langue qu'on connaît et qu'on devine... Par exemple, la traduction d'un petit magazine touristique canadien traduit de l'anglais en français et ô combien visiblement par une anglophone (mais c'est sûr qu'au Canada il n'y a pas de francophones! ^_^)
Je suis la reine des montages de meubles quand tout se fait par petits dessins, là on se passe de traduction! Un texte de maths pur et dur peut aussi se passer de traduction, compréhensible par tous (enfin, tous les matheux) car il reste peu de mots...
Ce que j'ai aimé dans ce livre, outre le côté historique, c'est ce qui tourne autour des langages, et de découvrir que traduire ne se fait pas que pour les oeuvres littéraires, mais aussi les titres de films, notices, etc;.. L'auteur reconnaît que parfois on ne peut totalement faire passer 100% de la langue, quand il y a jeu de mots, etc, mais il cite des cas où on a trouvé une solution pas si mal que ça.
D'accord avec toi, pour Woolf par exemple, il n'existera pas de traduction idéale (tiens, je lis Orlando, actuellement, et en VO)
J'ai aussi aimé savoir comment G Translate fonctionne. J'ai aussi découvert que les traducteurs ont tendance à changer le niveau de langage, à lisser un peu... (je cite de mémoire), plus ou moins consciemment ou volontairement.
Sinon, comment traduire les accents? Tu prends le parler paysan écossais, tu fais quoi en français? ^_^ Idem pour le verlan et tout ça?
J'espère que ces pistes pourraient te pousser à lire ce livre, si tu le rencontres...
Et tout comme les auteurs, il y a des traducteurs qui font véritablement du bon travail. Je pense personnellement à Dominique Fortier qui traduit beaucoup d'oeuvres du Canada anglais par exemple. Ou bien le traducteur de Louise Penny, Michel Saint-Germain, qui réussit à traduire tout l'humour des romans originaux. Bref, c'est un domaine fort intéressant!
Sans eux, on passerait en effet à côté de bien de belles œuvres.