Petit traité sur l'immensité du monde
Sylvain Tesson
Editions de Equateurs, 2005 Voulant découvrir Dans les forêts de Sibérie, j'ai opté pour Petit traité sur l'immensité du monde. C'est comme ça. Quand on choisit ses lectures, comme quand on vagabonde, on ne prend pas toujours le chemin prévu.
Sylvain Tesson voyage. A pied principalement, à cheval, à bicyclette. Rarement autrement que by fair means.
Qu'est ce qui le pousse?
"C'est pour contempler le monde, boire à sa coupe et m'en gorger que je le sillonne."
Géographe de formation, "la géographie, la plus belle des disciplines", il explique pourquoi la géomorphologie devint pourtant sa discipline préférée.
Comme en Ouzbékistan, la déception est possible:
"L'une des vertus du bon wanderer est de ne rien attendre du chemin qu'il emprunte. A chaque pas il cueille les émotions, il se gorge de nouveautés, mais il n'essaie pas de trouver des correspondances entre ce qu'il découvre et ce qu'il espérait trouver. (...) Le monde qu'on a sous les yeux sera toujours moins beau qu'une photo sépia ou que sa description dans une chronique ancienne.(...) Mieux vaut dans ce cas s'interdire, au moment de prendre la route, d'emporter avec soi ce que l'on sait déjà de l'endroit où on va. Un esprit vierge est la meilleure longue-vue pour balayer les horizons."
Découvrant au fil de ses voyages l'oppression de la femme par l'homme, "le wanderer que je suis redeviendra humaniste lorsque cessera la suprématie du mâle", il a appris à rester seul et vivre plus densément.
Bivouacs, hamacs dans les arbres, mais aussi escalades nocturnes et nuits dans les cathédrales, voilà ce qu'il évoque, avant de terminer par la rencontre d'habitants de cabanes au bord du Baïkal, qui sans doute font pressentir son séjour de six mois dans cette même région. La boucle est bouclée!
"Vivre, c'est faire de son rêve un souvenir."
Victor, occupant d'une cabane, ne possède que trois choses : "une hache pour n'avoir pas froid, un fusil pour n'avoir pas faim et une Bible pour n'avoir pas peur."
Une lecture hautement recommandable, une bouffée de liberté. Le début m'a donné l'impression que l'auteur a la bougeotte, mais ensuite j'ai été fascinée par ses expériences... L'écriture est belle, ce qui ne gâte rien!
Les avis de WODKA, bookophiles, et sur babelio
Interview rapide ici
Bientôt sur cet écran, fort logiquement : Dans les forêts de Sibérie!
Commentaires
Depuis, j'ai lu son histoire en Sibérie, ça m'a bien plu. Les deux livres sont assez complémentaires, et je les ai lus dans le bon ordre (mais tu peux faire l'inverse!)
Je viendrai donc en rediscuter avec toi un peu plus tard.
(moi non plus je ne connaissais pas le père!)
Mais celui d'aujourd'hui est bien aussi, tu sais! ^_^
Je verrai ton avis!
Dans celui là j'ai tout aimé et partage tout à fait ton point de vue
J'apprends également par ton billet qu'il est le fils de Philippe Tesson que je trouve tout aussi insupportable...
Mais je me suis acheté "La marche dans le ciel" et vais essayer de me réconcilier avec lui ;-)
Pense au biblis, si tu veux laisser refroidir ta carte bleue!
Tu me donneras les raisons de ta déception.
Égocentrique et sûr de lui, je n'en disconviens pas, et donc un peu agaçant!Mais en passant par dessus, existent des découvertes et des réflexions intéressantes.
Le film : évidemment je ne l'ai pas vu. D'ailleurs, il ne vit pas plus en ermite total que Thoreau (lui était près de Concord) car il reçoit des visites de ses voisins et va leur en rendre. Moi qui croyais à un isolement à 100% ! Mais l'expérience est intéressante à lire.
C'est pourquoi le challenge voisins voisines était pas mal du tout!Mais je fais quand même des efforts pour diversifier, remarque, deux romans grecs!
Mais j'y suis allée, autour de et sur une partie du Baïkal...En juillet...
Depuis que je lis du Métailié, j'ai diversifié en littérature latino américaine, Tolstoï (oui, je sais) permet d'aller à l'est, et la littérature grecque n'est pas à bouder. Il existe d'ailleurs sur les blogs un défi hellène, mais je passe! Tiens, Gwen a aimé La femme de Loth (je lui ai passé) et actuellement il est entre les mains de son mari d'origine grecque...Le gros problème demeure non le manque d'envie, mais le temps.
Pour la poésie, je te suis... Vraiment j'ai du mal! Même si des blogs que j'aime bien en présentent joliment.
Ne nous plaignons pas, je viens juste de calculer le nombre de livres qu'on peut lire dans une vie, eh bien ça ne fait pas grand chose à côté de ce qui existe (sans parler du futur), donc autant ne pas stresser, il y aura toujours un bouquin disponible qui nous plait.Vivent les médiathèques!
Je n'ai donc plus continué à le lire.
Quant aux auteurs de récit de voyage francophones, bien peu arrivent à me séduire. Ils se prennent tant au sérieux...
Se prennent au sérieux? Je te fais confiance, tu as l'air de parler d'expérience. Je n'aime pas trop quand ils veulent donner des leçons et prennent pour des ploucs ceux qui n'osent - ou ne peuvent - quitter leur petit coin. Je préfère alors David Le Breton et ses bouquins sur la marche, on a l'impression que c'est vraiment pour tout le monde, il suffit de sortir de chez soi, même dans sa ville.
Je vois que tu es vaillante et considère le bon côté positif de l'affaire!^_^
Bref, quitte à lire des récits de voyage, je préfère me tourner vers d'autres personnes.
Ceci étant, ne te fais pas de mal, il existe en effet d'autres écrivains voyageurs... ^_^
(à la place, j'ai lu "Transsibérien :D)
Par contre, tu me fais peur avec ta dernière phrase parce que si la Sibérie c'était moins pire que le livre présenté dans ce billet, je n'ose imaginer la nature profonde du personnage :o
C'est d'ailleurs très étonnant parce que, selon moi, le voyage tel que pratiqué par notre zèbre ne peut qu'apporter humilité.
Finalement, ce qui me manque, c'est peut être d'avoir vu l'auteur avant, par exemple dans un magazine ou une émission télé. Alors j'arrive à "oublier" les passages où il est donneur de leçons? Car c'est que je n'en connaissais rien, du Tesson, et donc ma foi je n'avais pas d'a priori...
(je continue sur l'autre commentaire, tiens...)
Bon, en Sibérie tu as dû voir qu'il boit pas mal, qu'il n'est pas si isolé, mais bon, à part certaines descriptions, j'ai lu ça sans déplaisir. Allez, un scoop : en Sibérie pour 6 mois, il avait laissé une copine derrière, laquelle courant mai lui a signifié que c'était fini entre eux, et là, le gars, quand même, il l'a pris en pleine pêche! Le seul inattendu dans le bouquin, d'ailleurs.