Juliette ou le chemin des immortelles
Tristan Cabral
Récit
le cherche midi, 2013
Les habitués de ce blog ne seront pas étonnés d'apprendre que je ne connaissais absolument pas Tristan Cabral, poète dont le premier recueil s'intitulait Ouvrez le feu! (1974)
Mais il s'agit ici d'un récit autobiographique, fort court, évoquant la vie si remplie de l'auteur. Un fort joli texte, dépouillé et intense, sobre et éclairant. Son parcours et ses engagements méritent d'être connus (oh que oui!), mais je me limiterai à deux souvenirs.
Tristan Cabral est né en 1944, des amours de sa mère Juliette avec un médecin militaire allemand. Le couple ne se reverra jamais, et Juliette reprendra la vie commune avec son mari.
"Le jour de mes dix-huit ans, le 29 février, Juliette m'a dit, le dos tourné : 'Tu sais bien que Claude n'est pas ton père!'
C'était un dimanche après-midi. J'ai pleuré et j'ai ri. Juliette disait enfin ce que j'avais toujours su sans le dire. Le silence se fendait. J'étais en mots. Je n'étais plus tout à fait l'enfant d'un long silence."
Vers dix ans, le mystère des mots lui est révélé, par un instituteur.
"J'étais sauvé. Je savais tout. Les mots, c'était le vrai monde. (...) Mes premiers poèmes, je les appelais 'mes vers secrets'. Je n'en ai gardé qu'un. Il est bien sûr dédié à Juliette. Il m'a valu le prix de la fête des Mères. Le journal Sud-Ouest l'a publié. Juliette l'a eu dans un vieux portefeuille toute sa vie.
Le voici:
La mise en mer
des marées de septembre
quand une vague morte
est venue me surprendre
alors j'ai pris ton corps
j'ai fermé tes paupières
et j'ai longtemps marché
en direction du nord
et puis je t'ai couchée
dans un filet de pierre
J'ai tressé dans les algues
des fleurs de sable vert
et je t'ai mise en mer
dans le creux d'une vague...
(Sur la jetée du Moulleau, j'avais onze ans) "
Tu as vu , Aifelle, une grande première, un poème sur mon blog!
Pour la suite, à découvrir!
Merci à Brize qui a sorti de sa bibliothèque un recueil des poèmes de l'auteur et vous en livre un.
Merci beaucoup à Solène!
Tristan Cabral
Récit
le cherche midi, 2013
Les habitués de ce blog ne seront pas étonnés d'apprendre que je ne connaissais absolument pas Tristan Cabral, poète dont le premier recueil s'intitulait Ouvrez le feu! (1974)
Mais il s'agit ici d'un récit autobiographique, fort court, évoquant la vie si remplie de l'auteur. Un fort joli texte, dépouillé et intense, sobre et éclairant. Son parcours et ses engagements méritent d'être connus (oh que oui!), mais je me limiterai à deux souvenirs.
Tristan Cabral est né en 1944, des amours de sa mère Juliette avec un médecin militaire allemand. Le couple ne se reverra jamais, et Juliette reprendra la vie commune avec son mari.
"Le jour de mes dix-huit ans, le 29 février, Juliette m'a dit, le dos tourné : 'Tu sais bien que Claude n'est pas ton père!'
C'était un dimanche après-midi. J'ai pleuré et j'ai ri. Juliette disait enfin ce que j'avais toujours su sans le dire. Le silence se fendait. J'étais en mots. Je n'étais plus tout à fait l'enfant d'un long silence."
Vers dix ans, le mystère des mots lui est révélé, par un instituteur.
"J'étais sauvé. Je savais tout. Les mots, c'était le vrai monde. (...) Mes premiers poèmes, je les appelais 'mes vers secrets'. Je n'en ai gardé qu'un. Il est bien sûr dédié à Juliette. Il m'a valu le prix de la fête des Mères. Le journal Sud-Ouest l'a publié. Juliette l'a eu dans un vieux portefeuille toute sa vie.
Le voici:
La mise en mer
A Juliette des Océans
Je regagnais les portesdes marées de septembre
quand une vague morte
est venue me surprendre
alors j'ai pris ton corps
j'ai fermé tes paupières
et j'ai longtemps marché
en direction du nord
et puis je t'ai couchée
dans un filet de pierre
J'ai tressé dans les algues
des fleurs de sable vert
et je t'ai mise en mer
dans le creux d'une vague...
(Sur la jetée du Moulleau, j'avais onze ans) "
Tu as vu , Aifelle, une grande première, un poème sur mon blog!
Pour la suite, à découvrir!
Merci à Brize qui a sorti de sa bibliothèque un recueil des poèmes de l'auteur et vous en livre un.
Merci beaucoup à Solène!
Comment comment, tu ne connaîtrais pas un poète ?? Bon, rassure-toi moi non plus je ne le connaissais pas celui-là, mais avec ce que tu nous montres aujourd'hui, il ne me restera pas longtemps inconnu.
RépondreSupprimerLe livre donne d'autres exemples de poèmes, plus engagés. En fouinant en bibli, tu devrais trouver quelque chose pour te donner une idée plus précise.
SupprimerBonjour Keisha, il est beau ce poème mais je ne connais pas du tout ce poète écrivain. Il faut dire que je lis rarement de la poésie (honte à moi)!
RépondreSupprimerJe suis rétive à la poésie, faisant le désespoir de quelques blogueuses... Mais là je sens ma volonté osciller...
SupprimerHo c'est beau, je ne connaissais pas non plus ! Cabrel-Cabral mais non, aucun rapport ! :)
RépondreSupprimerAucun rapport, pas du tout le même créneau (plutôt anar, le gars)
SupprimerTrès beau poème... Je suis très classique en ce qui concerne la poésie, je relis plutôt que de découvrir.
RépondreSupprimerLà je pense que c'est à découvrir (et c'est moi qui le dis, celle qui n'aime pas vraiment la poésie)
SupprimerEt bien il faut que Solène soit persuasive, nous nous n'y étions pas arrivées :-)
RépondreSupprimerSolène a biaisé en m'envoyant le récit de sa vie, en prose, donc, mais avec quand même des poèmes à l'intérieur...
SupprimerMoi qui aime la poésie, je en connaissais pas cet auteur, lacune à combler !
RépondreSupprimerAh bon? Que je ne connaisse pas est normal, vu mon ignorance crasse en ce domaine... Mais je le pensais plus connu, pas mal ce qu'il fait!
SupprimerHé, hé ! Eh bien moi, je le connais, Tristan Cabral !
RépondreSupprimerJ'ai son recueil "Du pain et des pierres", acheté à sa parution (ça fait un bail...), lu, aimé et précieusemet conservé depuis.
Enfin une qui connaît! Cela m'étonnait, quand même, que ce gars là soit passé inaperçu, car ça décoiffe parfois, non?
Supprimersuperbe, on a parlé de son livre sur France culture et je m'étais déjà dit que je le lirai
RépondreSupprimermaintennat c'est sûr
merci
Chouette alors!
SupprimerJe n'ai pas encore le réflexe France Culture (France Musique c'est fait!)
Inconnu pour moi aussi ! Très beau, je note mentalement !
RépondreSupprimerJe pensais que c'était bien de donner un exemple de poème.
SupprimerUne jolie quête de vérité : en tout cas tu m'éclaires sur l'existence de ce poète ! bises
RépondreSupprimerEt je n'ai rien dit de sa vie!
SupprimerJe ne connaissais que de nom et là, tu me donnes envie aussi ed découvrir !! Il est déjà très beau, ce poème d'enfant !
RépondreSupprimerExactement! Très doué tôt.
SupprimerQuel beau visage sur cette couverture ! Et cette histoire donne envie de s'y plonger...
RépondreSupprimerIl s'agit d'une femme tondue pour avoir "fricoté" avec les allemands. Triste période, hélas.
SupprimerAaaaah poésie, au secooouuuuurs !!! (tiens, une rubrique que je vais complètement supprimer de mon nouveau blog je crois ^^)
RépondreSupprimerJe n'ai jamais eu de rubrique poésie, et je fais le désespoir de certaines blogueuses tellement "c'est pas mon truc". Mais là, c'est un récit qui pourrait t'intéresser, avec juste quelques exemples de poésie, plutôt musclée costaud, et pas mal du tout.
SupprimerIl me semblait bien que vous n'étiez pas "poésie", alors bravo !
RépondreSupprimerCabral est poète mais ici il s'agit bien d'un récit ?
Justement oui, Dominique et Aifelle, et d'autres, jugeaient mon cas désespéré. Là, avec un récit de vie concis et sensible cependant, j'ai pu lire quelques poèmes insérés par ci par là. C'est donc bien un récit à 95% du livre, et ça me va bien. ^_^
SupprimerUn peu de poésie dans ce monde de brutes fait toujours du bien. Je me sens apaisé tien...
RépondreSupprimerPas sûr que ce soit une poésie apaisante, justement, cela tendrait à me plaire...
Supprimerje suis restée insensible à ce livre ( je n'ai pas de coeur!) trop court à mon goût...
RépondreSupprimerTu n'as pas de coeur? C'est nouveau, ça! ^_^
SupprimerJ'ai plutôt apprécié la retenue et la réserve du narrateur.
Et tu sais que je n'apprécie pas la poésie en général, hum...
L'image de couverture est rude, tout de même.
RépondreSupprimerUne femme tondue à la Libération... Mais le pire, sans doute, c'était défiler dans les rues sous les injures (ah ces courageux qui vilipendaient les femmes!)
SupprimerPoésie émouvante mais c'est sa vie qui m'intéresserait surtout, je crois!
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que sa poésie est souvent inspirée par sa vie, ce n'est pas une critique négative de dire cela, d'ailleurs. Et justement connaître sa vie peut être une façon de le lire mieux ensuite.
SupprimerSinon, une vie extrêmement dense! Imagine, pasteur, professeur, derrière les barreaux à un moment, bref, je ne raconte pas tout...
Arf ! je suis toujours tentée pour essayer de lire de la poésie mais j'ai toujours l'impression de rester complètement à côté.
RépondreSupprimerC'est bien mon cas, même si je ne tente pas trop... Mais là ce récit est une bonne façon de connaître la vie de ce poète, sans lire trop de poèmes (et plus si affinités, remarque!)
SupprimerJ'ai du mal avec la poésie moi ;-)
RépondreSupprimerMalgré qu'il y en est de très belles !
J'ai aussi du mal avec, je l'avoue (pas de poésies sur mon blog, là elle était dans le récit, mais c'est bien une exception)
SupprimerLe livre me tente et le poète... tout pour plaire quoi (je croyais être déjà passé par ici, ça devient grave :-)
RépondreSupprimerA voir certains de ses poèmes (pas notés ici), il a l'air pas mal du tout! (et c'est moi qui le dis...)
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