Joseph Anton
Une autobiographie
Salman Rushdie
Plon, 2012
Traduit par Gérard Meudal
En ce jour de Saint Valentin 1989 il n'y eut pas que des messages d'amour : Salman Rushdie apprit qu'il était condamné à mort par l'Ayatollah Khomeiny. Son crime? Avoir écrit Les versets Sataniques.
Ma première réaction : c'est fichtrement bien écrit cette autobiographie! Ma deuxième, après que Rushdie ait expliqué en quoi consistaient ces fameux versets : il ne semblait pas y avoir de quoi fouetter un chat!
Dans ce copieux document, très détaillé (au bout d'un moment je n'ai plus trop cherché à retenir qui était qui, policier, éditeur, agent ou autre), et absolument indispensable, Salman Rushdie évoque brièvement sa vie "avant", mais surtout les conséquences de la fatwa pour lui, ses proches, et les professionnels de l'édition qui lui étaient liés, et sa vie "pendant".
Dès le début, les policiers lui demandèrent de choisir un nom. Ce fut Joseph Anton, qui combinait deux écrivains qu'il aimait, Conrad et Tchékov. Dans son livre, Rushdie n'utilise pas le "je", mais le "il", ce qui introduit une distance entre Rushdie et Anton, l'aidant sans doute à considérer cela comme du passé, à l'époque où il écrit, mais introduisant aussi une distance entre lui et le lecteur, sans doute volontaire, car il ne cherche pas à se faire plaindre, mais à argumenter et témoigner calmement.
Les policiers, oui. Car il fut durant de longues années sous surveillance étroite; il rend hommage à ces hommes et femmes dont certains devinrent des amis, mais relate les problèmes soulevés quand il désirait plus de liberté. Il est amusant de connaître les différences entre les pays, les anglais préférant la discrétion, et les américains se la jouant "film de guerre". Pourtant il vivra aux USA des moments beaucoup plus libres qu'en Angleterre.
Mis à part ce côté "roman d'espionnage" , nous avons aussi l’écrivain en tant que créateur -avec les pannes dues à la tension- et ses démêlés avec le monde de l'édition. Il garde contact avec d'autres auteurs de par le monde et explique la genèse des ses romans ultérieurs.
Avec les journalistes, les services de sécurité, les auteurs de la fatwa, c'est la douche écossaise...
Mais le plus étonnant, bien que ce soit normal finalement, c'est que sa vie privée continue! Divorce, rencontre, et même une naissance!
Le moment qui laisse passer une forte émotion, c'est vers la fin, quand il peut retourner en Inde, son pays natal, avec son fils aîné (et que tout se passe bien, contrairement aux craintes de certains).
Pour finir, demeure l'impression d'un témoignage honnête, à lire, vraiment (gare! 700 pages tassées) sur ses luttes personnelles pour la liberté d'expression. Mais "la lutte continue".
L'avis (tentateur) de Flo
Une autobiographie
Salman Rushdie
Plon, 2012
Traduit par Gérard Meudal
En ce jour de Saint Valentin 1989 il n'y eut pas que des messages d'amour : Salman Rushdie apprit qu'il était condamné à mort par l'Ayatollah Khomeiny. Son crime? Avoir écrit Les versets Sataniques.
Ma première réaction : c'est fichtrement bien écrit cette autobiographie! Ma deuxième, après que Rushdie ait expliqué en quoi consistaient ces fameux versets : il ne semblait pas y avoir de quoi fouetter un chat!
Dans ce copieux document, très détaillé (au bout d'un moment je n'ai plus trop cherché à retenir qui était qui, policier, éditeur, agent ou autre), et absolument indispensable, Salman Rushdie évoque brièvement sa vie "avant", mais surtout les conséquences de la fatwa pour lui, ses proches, et les professionnels de l'édition qui lui étaient liés, et sa vie "pendant".
Dès le début, les policiers lui demandèrent de choisir un nom. Ce fut Joseph Anton, qui combinait deux écrivains qu'il aimait, Conrad et Tchékov. Dans son livre, Rushdie n'utilise pas le "je", mais le "il", ce qui introduit une distance entre Rushdie et Anton, l'aidant sans doute à considérer cela comme du passé, à l'époque où il écrit, mais introduisant aussi une distance entre lui et le lecteur, sans doute volontaire, car il ne cherche pas à se faire plaindre, mais à argumenter et témoigner calmement.
Les policiers, oui. Car il fut durant de longues années sous surveillance étroite; il rend hommage à ces hommes et femmes dont certains devinrent des amis, mais relate les problèmes soulevés quand il désirait plus de liberté. Il est amusant de connaître les différences entre les pays, les anglais préférant la discrétion, et les américains se la jouant "film de guerre". Pourtant il vivra aux USA des moments beaucoup plus libres qu'en Angleterre.
Mis à part ce côté "roman d'espionnage" , nous avons aussi l’écrivain en tant que créateur -avec les pannes dues à la tension- et ses démêlés avec le monde de l'édition. Il garde contact avec d'autres auteurs de par le monde et explique la genèse des ses romans ultérieurs.
Avec les journalistes, les services de sécurité, les auteurs de la fatwa, c'est la douche écossaise...
Mais le plus étonnant, bien que ce soit normal finalement, c'est que sa vie privée continue! Divorce, rencontre, et même une naissance!
Le moment qui laisse passer une forte émotion, c'est vers la fin, quand il peut retourner en Inde, son pays natal, avec son fils aîné (et que tout se passe bien, contrairement aux craintes de certains).
Pour finir, demeure l'impression d'un témoignage honnête, à lire, vraiment (gare! 700 pages tassées) sur ses luttes personnelles pour la liberté d'expression. Mais "la lutte continue".
L'avis (tentateur) de Flo
S'il ne parle pas de Padma, ça ne m'intéresse pas.
RépondreSupprimerOh si il parle de Padma, la surnommant aussi l'Illusion. Son livre est dédié à ses épouses mères de ses deux enfants (donc pas de Padma!). J'ignorais cette histoire, et, ma foi, il est tombé dans le même panneau que bien des hommes... ^_^
SupprimerD'accord, mais comme le disait Melania à qui on avait demandé si elle aurait épousé Donald Trump s'il n'était pas aussi riche : M'aurait-il épousée si je n'avais pas ce physique ?
SupprimerExactement, chacun y trouve son compte, il faut croire. Mais j'ai été déçue que Rushdie ait été ébloui par ce qui ne semblait être qu'un (beau) physique, quitte à faire souffrir sa femme (avec qui ses relations sont amicales si j'ai bien compris). Même s'il y avait auparavant quelques discordes entre lui et sa femme.
SupprimerBon, Padma n'arrive qu'à la fin, alors tu peux sauter ces passages et lire le reste, vraiment intéressant.
Finalement, ton billet m'avait convaincue, Padma ou pas. J'ai Midnight Children dans ma bibliothèque, mais je ne l'ai toujours pas lu.
SupprimerLes enfants de minuit, c'est pré-fatwa.
SupprimerRemarque, tu as l'air d'être drôlement pointue en "histoires de femmes de SR"! ^_^
Meuh non, c'est parce que je regarde Top Chef. C'est Wikipedia qui m'a appris qu'il en avait eu trois autres...
SupprimerTop Chef? Un saut sur Goo... et hop, ah oui, je vois le rapport! Joli minois (et autres arguments, n'est ce pas?). Entre elle et SR, c'est bien fini.
SupprimerOui, il y en a eu trois autres, dont deux sont les mères d'un fils à lui. Les services britanniques ont géré tout ça (^_^) mais mieux encore aucun journaliste n'a fourni de photo à la presse, et son fils aîné a pu continuer l'école sans inquiétude (ouf!)
700 pages tout de même....
RépondreSupprimerOui.
SupprimerJ'ai lu quelques autres livres en parallèle...
Mais ça vaut le coup, tu sais!
Je ne suis pas sûre que ça me passionne sur 700 pages.
RépondreSupprimerJ'avoue que j'ai eu un peu de mal, surtout quand ça revenait souvent aux atermoiements des Iraniens ou des gouvernements, mais dans l'ensemble il y a vraiment beaucoup de choses intéressantes. A lire en parallèle avec d'autres livres, comme je l'ai fait, pour aérer un peu.
SupprimerJe n'ai jamais lu Rushdie (shame on me) mais celui-ci me tente bien. Le conseillerais-tu pour une découverte de l'auteur ou plutôt après.
RépondreSupprimerTu sais, je n'en ai lu qu'un, il y a bien longtemps... Un souvenir pas désagréable du tout, mais flou.
SupprimerTu peux donc, à mon avis, démarrer par l'autobiographie.
Ravie que tu aimes aimé (j'avoue : je stressais un peu ;) Je vais pouvoir respirer à nouveau :D).
RépondreSupprimerJe te rejoins évidemment dans tout ce que tu écris.
Si le livre est épais, il me semble qu'il se lit bien, comme un roman aux multiples rebondissements (ça c'est pour les personnes qui craignent de souffrir sur la distance - astuce : en VO il compte dans les 70 pages de moins ;).
J'ai emprunté il y a peu "Les versets sataniques" mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'y mettre le nez, et étant donné l'épaisseur de la bête, je crains que la contrainte du retour à la biblio ne ruine mon projet.
(nb : j'ai noté le lien pour la récap')
A relire ton billet (après écriture du mien) je le trouve tellement meilleur! ^_^
SupprimerJ'avoue avoir eu un peu de mal sur la longueur et m'être perdue dans les noms, mais toujours il y avait une anecdote parlante, des remarques sur le vie et la conception du travail d’écrivain, et ça me parlait bien.
Les versets sataniques, en effet, c'est gros. Le seul que j'aie lu était un petit poche...
Alors là moi je n'ai pas marché du tout !!! je l'ai emprunté à la bibli tout heureuse et puis passé les 80 premières pages environ je me suis mortellement ennuyé, je m'attendais à beaucoup de chose par rapport à sa vie sous contrainte et j'avoue que ses amours, ses divorces et autres aventures me laissent de marbre
RépondreSupprimermais je suis peut être partiale car je n'aime pas spécialement le romancier
Je reconnais que certains passages sont longuets, mais l'ensemble mérite d'être connu, comme témoignage sur la vie d'un écrivain, la liberté d'écrire, etc...
SupprimerA part ça je n'ai lu qu'un petit roman de lui et n'ai pas spécialement de coup de cœur pour la personne.
j ai un peu peur de m'y mettre , car si j'adore l'homme l'écrivain me perd toujours dans une écriture trop touffue pour moi
RépondreSupprimerLuocine
Je ne le trouvais pas sympathique a priori mais au moins ce livre m'a permis de connaître son point de vue. C'est plus compliqué qu'on ne croit, on l'a calomnié alors qu'il était dans l'incapacité de se défendre. Ensuite, il s'est rattrapé.
Supprimeril est dans ma pal, mais un tel pavé nécessite d'avoir un minimum de temps et l'esprit "libre".
RépondreSupprimerIl m'a duré plus de deux semaines, ce qui est rare, mais j'en ai lu des plus courts en parallèle. Je me demande aussi si la police de caractères de Plon n'est pas usante aussi pour les yeux. A voir.
SupprimerMais qu'est ce que vous avez toutes aujourd'hui à lire des pavés ??!!! :0) J'avoue que ça me freine forcément vu que deux énormes (plus de 700 pages aussi tous les deux) viennent d'atterir dans ma PAL (cloud atlas et une femme fuyant l'annonce) Bisous Keisha
RépondreSupprimerLe problème n'est pas trop que c'est un pavé (j'en lis bien d'autres), c'est que c'est assez dense, et aussi, je viens de le remarquer, la police de caractères n'est peut être pas idéale (pour mon goût, hein!)
SupprimerJ'avais lu quelques articles sur la façon dont cela avait changé sa vie et une interview. Pour l'instant cela me suffit.
RépondreSupprimerIl y a plein d'histoires et réflexions, c'est pourquoi j'ai tenu ferme la barre durant plus de deux semaines.
Supprimer"C'est ça... ! La lutte continue !" (comme disait Dieu dans Persepolis) ;-)
RépondreSupprimerHein? ^_^Je ne me souviens plus de cette remarque dans Persépolis.
Supprimer(mais j'ai à une époque connu un pays où ça se disait, juste à la suite de "Prêt pour la révolution")(abrégé en PPLR LLC dans les papiers officiels)
Rushdie, un auteur qui traine dans ma LAL depuis des années. A priori, je suis plus tentée par Les enfants de minuit mais tu me titille avec cette autobiographie. Pas sûre d'accrocher sur 700 pages mais j'essaierai peut-être à la bibliothèque. Qui sait, ça m'encouragera peut-être à enfin sauter le pas pour ses romans.
RépondreSupprimerJ'ai lu un de ses (courts) romans, c'était bien. Je peux te parler des enfants de minuit, sans l'avoir lu, puisqu'il en parle dans cette autobiographie, et ça a l'air bien, tu sais.
SupprimerArf arf arf 700 pages quand même. Je l'ai sous le coude pour quand je pourrai !:)
RépondreSupprimerDéjà le projet DQ s'annonce assez mal. Il va falloir que je revoie mes priorités... ^_^
SupprimerJe suis en plein dedans ( à un peu plus de la moitié) malgré quelques longueurs et bien, ce livre me passionne ! Et j'aime l'humour qu'il distille ici ou là !
RépondreSupprimerPour le prix Elle? Oui, je n'en ai pas parlé, mais il y a de l'humour dans certaines anecdotes (et ça fait du bien)(on est anglais, quand même! ^_^)
SupprimerQui plus est, le fâmeux livre n'était pas un de ses meilleur.
RépondreSupprimerEt beaucoup ont sans doute manifesté contre, sans l'avoir lu...
SupprimerCe sont surtout les 800 pages qui m'effraient au départ.
RépondreSupprimerReste qu'elles se justifient ne fût-ce que parce que la liberté d'expression est bafouée et que cette fatwa ridicule d'un autre âge doit être dénoncée.
Ce n'est pas insurmontable, c'est vraiment un document à découvrir (ensuite, on a le droit de trouver longuets quelques épisodes, mais toujours arrive un passage qui ranime l'intérêt)
Supprimer700 pages tassées, c'est sans doute trop pour moi. Maintenant, ton avis enthousiaste me fait hésiter...
RépondreSupprimerTu n'es pas obligée de tout lire d'affilée, fais des pauses.
Supprimertrop gros pour moi qui suis au régime (littéraire et pas que !) bisous
RépondreSupprimerUn p'tit régime de printemps? ^_^
SupprimerCe livre peut s'aborder par morceaux, tu sais.
J'aime cet auteur et je crois que Haroun et la mer des histoires est mon préféré, un joli conte pour petits et grands... je lirais cette autobiographie avec bonheur !
RépondreSupprimerTu y apprendras que Haroun a été écrit au début de cette période, pour son fils de 10 ans. Un roman très spécial, donc.
SupprimerUn auteur que j'aimerais découvrir mais pour ses romans. Même s'il est vrai que cette expérience doit être intéressante, je ne suis pas tellement biographie d'écrivains.
RépondreSupprimerUne autobiographie "de son vivant"...
SupprimerJe ne saurais te conseiller un de ses romans plus qu'un autre, peut être Haroun et la mer des histoires?
J'avoue, je ne partage pas grand chose avec cet écrivain. Si je trouve ignoble la fatwa dont il a fait l'objet, il reste pour moi l'Umberto Eco de la droite, un type dont les écrits sont souvent indigestes ( c'est pas faute d'avoir essayé)
RépondreSupprimerComme je n'ai lu qu'un seul de ses romans (et un court) je ne peux rien dire. Mais je voulais découvrir l'envers du décor de cette fatwa vécue de l'intérieur, quoi. On n'a bien sûr que son point de vue.
SupprimerL'Umberto Eco de la droite? M'enfin! Tu as lu Comment voyager avec un saumon? Là Eco se montre rigolo tout plein.
Je pense qu'elle pourrait m'intéresser. Je me souviens de lui à la grande librairie c'est un vrai personnage !
RépondreSupprimerJamais vu ... Je me souviens avoir entendu parler de cette fatwa, mais c'est tout.
SupprimerS'il n'était le côté pavé de ce livre, je me ruerais dessus !
RépondreSupprimerConsidère qu'il s'agit de deux livres de 350 pages. Tu peux aussi démarrer par un ou deux chapitres, histoire d'avoir une idée.
SupprimerUn sacré pavé il faut le dire, mais effectivement très érudit !
RépondreSupprimerUne bonne pioche pour le prix Elle.
SupprimerIl faut que je le lise ! Même si parfois son style d'écriture est difficile à digérer pour moi ! Par exemple, "Le dernier soupir du maure" a bien failli entraîner le dernier soupir de la lectrice !!!! ;-)
RépondreSupprimerEn tous cas, après la lecture des versets sataniques (même si certains passages un peu moqueurs vis à vis des contraintes religieuses m'ont fait hurler de rire), je n'avais vraiment pas compris que ce livre puisse justifier une fatwa ! Les extrémistes seraient moins criminels s'ils héritaient de quelques parcelles d'humour...
Ouh mais tu as lu ces fameux Versets! Et le dernier soupir du Maure! Pour ma part, seulement un autre assez court. Bon, tu devrais aimer cette autobiographie.
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