Album
Marie-Hélène Lafon
Buchet-Chastel, 2012
L'auteur de L'annonce demeure fidèle à ses racines, son Cantal, sa campagne, pour une évocation sous forme d'Abécédaire.
Le Cantal... " estives bleues hivers blancs automnes de feu, et pas de printemps.
Pas. De. Printemps.
Sauf les jonquilles.
Pas de printemps; sauf deux heures, sauf trois jours; de violente folie très douce sous le vitrail immense du ciel neuf."
Son écriture heurtée, brève souvent, et râpeuse est puissamment évocatrice. Chez d'autres auteurs ce style m'horripile, mais là je ne peux m'empêcher de voir, de ressentir, de me souvenir. Ces courtes vignettes ancrées dans la terre rude et l'univers rural sont pétries de réalité parfois poétique et de véracité.
Jardins n'est qu'une liste de propos tenus ou entendus . "Il faut s'y tenir. Un peu tous les jours. Pour la santé. Avoir ses légumes. Et les salades, vous les avez repiquées. Les limaces ont tout mangé. Les radis viennent trop gros. Les haricots, on les sème par sept, cinq ou neuf, toujours, un nombre impair, et pas trop serrés.(...) On commande pas le temps, encore heureux. etc..."
Journal lui aussi est tellement bien observé. Vous savez, le journal quotidien apporté par le facteur, régional, pas parisien pour deux sous.
"On commence par les Avis d'obsèques, on fait ses réflexions, on connaît, on pourrait connaître ou avoir connu, on compare les âges." "Le journal sera prêté, il circulera entre deux maisons et reviendra le lendemain."
Longues litanies pour Pierres. "Chevelues d'herbes folles, duveteuses, moussues, vêtues, grenues de lichen. Ou nues. Éclatées, rompues aux usages de tous les tmeps, pierres d'angle, pierres de seuil, elles portent trace. Taillées, sculptées, scarifiées, lézardées, écartelées bras en croix, bouches d'ombre ouvertes sur maints cris ravalés, obscures, cabalistiques, bossues, rondes, lourdes de mystères tus. Qu’elles ne diront pas si elles pouvaient parler."
L'avis de L'or des livres, La lettrine,
Puis un roman de tendance autobiographique sûrement :
Les pays
Marie-Hélène Lafon
Buchet Chastel, 2012
Après sept années d'internat religieux, Claire, fille de paysans du Cantal, poursuit ses études à Paris. Elle doit apprivoiser les codes.
Un voyage entre deux pays, celui de ses ancêtres, et Paris. Une visite au salon de l'agriculture, les années d'étude où elle ne retourne que peu de jours dans son pays natal, puis l'accueil de la famille à Paris. Pas trop de choc de deux mondes, mais le sien a évolué, elle n'a pas quitté Paris, a fait son trou, sans regrets avoués.
Mais comme d'habitude elle décrit admirablement ce monde rural, avec tendresse. Le père dans le métro adressant la parole aux voisins, ses collègues à la banque durant son job d'été, tout est bien croqué. Et toujours cette langue rude, évocatrice.
Définitivement, cet auteur, sans effets de manche, sait me toucher, me parler...
Plein d'avis chez babelio
Challenge de Lystig (saison 2)
Marie-Hélène Lafon
Buchet-Chastel, 2012
L'auteur de L'annonce demeure fidèle à ses racines, son Cantal, sa campagne, pour une évocation sous forme d'Abécédaire.
Le Cantal... " estives bleues hivers blancs automnes de feu, et pas de printemps.
Pas. De. Printemps.
Sauf les jonquilles.
Pas de printemps; sauf deux heures, sauf trois jours; de violente folie très douce sous le vitrail immense du ciel neuf."
Son écriture heurtée, brève souvent, et râpeuse est puissamment évocatrice. Chez d'autres auteurs ce style m'horripile, mais là je ne peux m'empêcher de voir, de ressentir, de me souvenir. Ces courtes vignettes ancrées dans la terre rude et l'univers rural sont pétries de réalité parfois poétique et de véracité.
Jardins n'est qu'une liste de propos tenus ou entendus . "Il faut s'y tenir. Un peu tous les jours. Pour la santé. Avoir ses légumes. Et les salades, vous les avez repiquées. Les limaces ont tout mangé. Les radis viennent trop gros. Les haricots, on les sème par sept, cinq ou neuf, toujours, un nombre impair, et pas trop serrés.(...) On commande pas le temps, encore heureux. etc..."
Journal lui aussi est tellement bien observé. Vous savez, le journal quotidien apporté par le facteur, régional, pas parisien pour deux sous.
"On commence par les Avis d'obsèques, on fait ses réflexions, on connaît, on pourrait connaître ou avoir connu, on compare les âges." "Le journal sera prêté, il circulera entre deux maisons et reviendra le lendemain."
Longues litanies pour Pierres. "Chevelues d'herbes folles, duveteuses, moussues, vêtues, grenues de lichen. Ou nues. Éclatées, rompues aux usages de tous les tmeps, pierres d'angle, pierres de seuil, elles portent trace. Taillées, sculptées, scarifiées, lézardées, écartelées bras en croix, bouches d'ombre ouvertes sur maints cris ravalés, obscures, cabalistiques, bossues, rondes, lourdes de mystères tus. Qu’elles ne diront pas si elles pouvaient parler."
L'avis de L'or des livres, La lettrine,
Puis un roman de tendance autobiographique sûrement :
Les pays
Marie-Hélène Lafon
Buchet Chastel, 2012
Après sept années d'internat religieux, Claire, fille de paysans du Cantal, poursuit ses études à Paris. Elle doit apprivoiser les codes.
Un voyage entre deux pays, celui de ses ancêtres, et Paris. Une visite au salon de l'agriculture, les années d'étude où elle ne retourne que peu de jours dans son pays natal, puis l'accueil de la famille à Paris. Pas trop de choc de deux mondes, mais le sien a évolué, elle n'a pas quitté Paris, a fait son trou, sans regrets avoués.
Mais comme d'habitude elle décrit admirablement ce monde rural, avec tendresse. Le père dans le métro adressant la parole aux voisins, ses collègues à la banque durant son job d'été, tout est bien croqué. Et toujours cette langue rude, évocatrice.
Définitivement, cet auteur, sans effets de manche, sait me toucher, me parler...
Plein d'avis chez babelio
Challenge de Lystig (saison 2)
Commentaires
Le passage sur le journal, je le vis tous les jours, c'est ma mère, et sa voisine, criant de vérité. Le jardin, aussi, je le vis. Que j'aimerais rencontrer cet auteur!
On lui reproche certains tics d'écriture, mais ma foi, on la reconnait. Ses bouquins me parlent beaucoup.
J'attends ton billet!
Quelle veine tu as eue de la rencontrer...
En tout cas, il est sûr qu'elle ne peut pas laisser indifférent !
J'ai vu ça, Kindle a encore frappé, quand on est à un clic du bouquin, c'est trop tentant...
J'espère que tu apprécieras autant que moi! J'ai moins été sensible à l'écriture parfois moins fluide que dans L'annonce. Habituée?
Bonne fin de semaine!
L'intrigue de Les pays est sûrement bien autobiographique, tu sais. Mais je pense qu'Album m'a plus enchantée.