Angle d'équilibre
Angle of repose
Wallace Stegner
Phebus libretto, 2003
Traduit par Eric Chédaille
Prix Pulitzer 1972
"N'ayant point d'avenir à moi, pourquoi ne me tournerais-je pas vers le tien?"
Souffrant d'une grave maladie invalidante, dont la cause probable ne sera abordée qu'une fois au cours du roman (faut être vigilant), Lyman Ward a dû être amputé (et sa femme est partie avec le chirurgien...). Il se lance dans la rédaction d'une biographie de sa grand mère, Susan Ward, à partir de documents divers, dessins et articles, et surtout les lettres envoyées à sa grande amie Augusta. D'ailleurs ce roman est directement fondé sur les lettres d'une certaine Mary Hallock Foote.
Susan, jeune dessinatrice prometteuse de l'est des Etats Unis, épouse dans les années 1870 Oliver Ward, un ingénieur qui ne trouvera de travail que dans l'ouest du pays, encore peu habité et développé. Écartelée entre le milieu intellectuel laissé derrière elle et sa fidélité et son amour pour son mari, Susan sera une "dame" dans cet ouest rude. Qu'on se l'imagine en robe longue, col montant, taille serrée, jupon, et toujours un carnet de croquis.
Lyman a connu ses grands parents (qui vécurent jusqu'à des quatre-vingt dix ans) et cherche à comprendre ce qu'ils ont pu ressentir au fil de leur existence commune (ou pas, car ils furent séparés de longs mois quand Oliver travaillait dans un endroit peu propice à l'installation d'une famille), au long de petites réussites, mais surtout de "désirs émoussés, d'espoirs ajournés ou abandonnés, d'occasions ratées, de défaites acceptées, de chagrins endurés."
En plus d'une belle évocation de l'ouest américain en cours de développement, un beau portrait de femme. Ne pas s'attendre à des événements toujours extraordinaires, quoiqu'il y eut des drames. Stegner est bien sûr suffisamment habile pour entremêler deux récits, passé et présent, ne laissant pas ignorer quand Lyman Ward imagine ce qu'il ne connaît pas avec certitude (à l'époque de Susan Ward, on n'étalait pas au grand jour certains aspects de sa vie privée, comme il regrette que le fassent les jeunes femmes de 1969). Les dialogues justement entre Lyman et la jeune femme qui l'aide à classer les documents m'ont d'ailleurs plus fait ressentir un décalage temporel que la vie dans les campements miniers en 1880...Peace and Love, c'est loin tout ça.
Wallace Stegner (1909-1993) est un des "écrivains de l'ouest" et évidemment un incontournable. Belle finesse dans l'étude psychologique et la description de la nature.
Des avis chez Lecture/Ecriture et
Challenge Pavé de l'été chez Brize (eh oui, plus de 700 pages, mais qui méritent découverte)
Angle of repose
Wallace Stegner
Phebus libretto, 2003
Traduit par Eric Chédaille
Prix Pulitzer 1972
"N'ayant point d'avenir à moi, pourquoi ne me tournerais-je pas vers le tien?"
Souffrant d'une grave maladie invalidante, dont la cause probable ne sera abordée qu'une fois au cours du roman (faut être vigilant), Lyman Ward a dû être amputé (et sa femme est partie avec le chirurgien...). Il se lance dans la rédaction d'une biographie de sa grand mère, Susan Ward, à partir de documents divers, dessins et articles, et surtout les lettres envoyées à sa grande amie Augusta. D'ailleurs ce roman est directement fondé sur les lettres d'une certaine Mary Hallock Foote.
Susan, jeune dessinatrice prometteuse de l'est des Etats Unis, épouse dans les années 1870 Oliver Ward, un ingénieur qui ne trouvera de travail que dans l'ouest du pays, encore peu habité et développé. Écartelée entre le milieu intellectuel laissé derrière elle et sa fidélité et son amour pour son mari, Susan sera une "dame" dans cet ouest rude. Qu'on se l'imagine en robe longue, col montant, taille serrée, jupon, et toujours un carnet de croquis.
Lyman a connu ses grands parents (qui vécurent jusqu'à des quatre-vingt dix ans) et cherche à comprendre ce qu'ils ont pu ressentir au fil de leur existence commune (ou pas, car ils furent séparés de longs mois quand Oliver travaillait dans un endroit peu propice à l'installation d'une famille), au long de petites réussites, mais surtout de "désirs émoussés, d'espoirs ajournés ou abandonnés, d'occasions ratées, de défaites acceptées, de chagrins endurés."
En plus d'une belle évocation de l'ouest américain en cours de développement, un beau portrait de femme. Ne pas s'attendre à des événements toujours extraordinaires, quoiqu'il y eut des drames. Stegner est bien sûr suffisamment habile pour entremêler deux récits, passé et présent, ne laissant pas ignorer quand Lyman Ward imagine ce qu'il ne connaît pas avec certitude (à l'époque de Susan Ward, on n'étalait pas au grand jour certains aspects de sa vie privée, comme il regrette que le fassent les jeunes femmes de 1969). Les dialogues justement entre Lyman et la jeune femme qui l'aide à classer les documents m'ont d'ailleurs plus fait ressentir un décalage temporel que la vie dans les campements miniers en 1880...Peace and Love, c'est loin tout ça.
Wallace Stegner (1909-1993) est un des "écrivains de l'ouest" et évidemment un incontournable. Belle finesse dans l'étude psychologique et la description de la nature.
Des avis chez Lecture/Ecriture et
Challenge Pavé de l'été chez Brize (eh oui, plus de 700 pages, mais qui méritent découverte)
700 pages ... ce sera pour le pavé de l'année prochaine .. peut-être.
RépondreSupprimerIl m'a bien occupé la semaine...mais ça vaut le coup, Stegner=valeur sûre.
SupprimerOuh-là, un pavé pas joyeux-joyeux, je ne sais pas si j'aurai le courage.
RépondreSupprimerStegner est un auteur incontournable... Je veux lire tous ses romans (il m'en manque un paru en français)
SupprimerJe crois que c'est le dernier de l'auteur qu'il me reste à lire
RépondreSupprimerIl m'attend sagement en version numérique
Il me reste En lieu sûr, je dois mettre la main dessus, mais là il faut une commande je le sens... Rien ne presse. Et puis j'ai envie de relire Vue cavalière.
SupprimerJe crois avoir déjà noté cet auteur... toutefois, je ne commencerai sans doute pas par 700 pages...
RépondreSupprimerLa vie obstinée est une merveille... de 340 pages!
SupprimerUn des plus grands auteurs selon moi, voir le plus grand.
RépondreSupprimerJ'ignore qui vous êtes, mais je suis entièrement d'accord!
SupprimerStegner a un truc, cela parait simplissime d'écrire comme lui, pas d'effets de manche, et pourtant il touche, il intéresse. Le talent, quoi.
Tout à fait d'accord, ce roman, bien qu'ayant plus de 700 pages, vaut la peine. Un incontournable selon moi.
RépondreSupprimerJe savais bien que je trouverais une âme sœur! Merci!
SupprimerJe connais très peu cet auteur et la seule fois ou j'ai entendu parler de lui, c'était lors d'un précédent billet sur ton blog. Je note bien sur.
RépondreSupprimerPlus qu'un et j'aurai terminé je crois... Je fais durer...
Supprimerje ne me précipite pas car je viens aussi de finir un pavé américain mais il m'intéresse quand m^me ton roman , on verra ...
RépondreSupprimerLuocine
Les pavés américains, c'est comme les pavés victoriens, une sorte de tradition...
SupprimerBon, pas mon urgence du moment. Euuh d'ailleurs c'est quoi mon urgence là ? Je me perds de nouveau dans ma PAL...
RépondreSupprimerJe ne t'oblige à rien sur ce coup là, Stegner en a écrit de plus courts, tout aussi bons (mais moi quand j'aime je lis toute l'oeuvre)
SupprimerJe n'ai lu que Vue cavalière qui n'a rien à voir avec l'Ouest mais qui est excellent.
RépondreSupprimerHé oui, excellent, je l'ai lu... On retrouve d'ailleurs les personnages dans La vie obstinée (excellent aussi). Me reste à lire En lieu sûr et je n'aurai plus que mes yeux pour pleurer, j'aurai terminé de lire ses romans...
SupprimerEt voilà, encore un auteur que je ne connais pas, je note son nom...
RépondreSupprimerUn grand des lettres américaines...
SupprimerLe titre est superbe vraiment, mais c'est vrai qu'un pavé aussi gros devra attendre un peu me concernant. Mais j'aime beaucoup le principe de ce pencher sur ses ancêtres, la recherche de soi à travers ceux qui nous ont précédé...et puis il y a un côté "occasions manquées" que j'aime beaucoup!!
RépondreSupprimerTu peux commencer par la vie obstinée, une pure merveille (340 pages)
SupprimerPour parler d'ancêtres, je regrette fort de ne pas avoir questionné mon grand père; j'ai fouiné dans les mairies aussi, c'est passionnant.
Un incontournable pour toi, un inconnu pour moi ... Tout ce que tu laisses entendre de cet auteur crisse déjà tout doux à mon oreille. Je note les plus courts, pour l'instant.
RépondreSupprimerJ'espère que tu te laisseras charmer par ses histoires prenantes, son style. C'est vraiment quelque chose, même si ça paraît simple.
Supprimer700 pages, en effet, un pavé ! J'ai toujours du mal à m'attaquer à ce genre d'ouvrage...
RépondreSupprimerQuand c'est Stegner, c'est du bonheur.
SupprimerHonte sur moi ! Encore un auteur que je ne connais pas...
RépondreSupprimerJ'avais acheté ce livre chez Dialogues, lors de mon passage (et PAL moins un!)
SupprimerJe ne connais pas cet auteur (mais ce n'est pas une surprise, il y en a tellement que je ne connais pas !) mais ce roman me tente terriblement ! Et j'aime beaucoup la manière dont tu en parles...
RépondreSupprimerTu sais, il y a des tas d'auteurs que je ne connais pas ou que je n'ai jamais lus...
SupprimerStegner, un grand classique, un incontournable, tu peux lire le roman que tu veux!
Toujours pas découvert l'auteur, pourtant ce n'est pas faute d'en entendre dire du bien !
RépondreSupprimerPourtant, l'impression de côtoyer un grand, quand on le lit...
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