Après une lecture commune de la première partie avec A Girl from earth, pas question de rater la suite, encore plus gouleyante que la première! Mais ne brûlons pas les étapes. Même si quelques échanges publics sur Facebook ont pu laisser poindre notre enthousiasme. Ce billet sera donc foutraque et enthousiaste.
L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche
Miguel de Cervantes Saavedra
Garnier Frères, 1961 (pépite trouvée à la bourse aux livres)(en version reliée et solide)
Paru en 1605
Traduction de Viardot (1836)
De retour forcé dans son village à la fin du premier volume, Don Quichotte n'a pas l'intention de lâcher sa petite entreprise de chevalerie errante.
Le bachelier Samson Carrasco ayant rapporté les erreurs ou omissions reprochées à l'auteur de la première partie de Don Quichotte, à savoir qui vola l'âne de Sancho, comment il se fit que Sancho fut à nouveau sur l'âne, sans qu'on l'ait retrouvé, et enfin comment Sancho dépensa les cent écus d'or, Sancho expliqua diligemment cela. Mais pas complètement, car "l'historien s'est trompé, ou ce sera quelque inadvertance de l'imprimeur."
La grande question se pose, "l'auteur promet-il une seconde partie?" Pas sûr, car "Jamais seconde partie ne fut bonne."
Inutile de dire que je buvais déjà du petit lait! Cervantes, quel auteur! Le voilà critique du tome 1 dans le tome 2!
Et ça continue :
"En arrivant à écrire ce cinquième chapitre, les traducteur de cette histoire avertit qu'il le tient pour apocryphe, parce que..."
Pourquoi se gêner, n'est-ce pas? Le traducteur intervient à plusieurs reprises, ainsi que l'auteur, Cid Hamet Ben Engeli, comme dit en première partie.
Finalement, au grand dam de sa nièce et de sa gouvernante, du curé et du barbier, Don Quichotte repart on the road again, pour de nouvelles aventures...
Contrairement à la première partie où Don Quichotte se battait beaucoup et recevait force blessures, ici une grande partie de l'histoire se déroule chez un duc et une duchesse, qui, aidés de leurs serviteurs, vont s'amuser à tromper Don Quichotte en inventant des aventures dignes d'un chevalier, et qu'il prendra pour la réalité. De même, ils fourniront à Sancho le gouvernement d'une (fausse) île, et s'amuseront fort de voir nos deux héros tomber dans tous les panneaux.
En première lecture, ces moqueries m'avaient laissé une impression de malaise, je ne trouvais pas cela digne d'amusement. En seconde lecture, non plus. Mais face à ces oisifs sans vraie grandeur, Don Quichotte et Sancho paraîtront dignes d'admiration. Don Quichotte, courageux, ne craignant pas de défendre le faible, et capable de réflexions de bonne tenue, sans folie aucune. Il peut discourir avec sagesse sur maints sujets (et Cervantes en profite sans doute pour critiquer nobles, clergé, etc...). Comme dit Sancho, "il n'y a pas une chose où il ne puisse piquer sa fourchette. " De même Sancho saura gouverner avec sagesse. Tel est pris qui croyait prendre? Non, duc, duchesse et leur cour ne sembleront pas en tirer de leçon.
Don Quichotte devient presque attachant. Ecoutons Sancho en parler : "Il n'est pas coquin le moins du monde; au contraire, il a un coeur de pigeon, ne sait faire de mal à personne, mais du bien à tous, et n'a pas la moindre malice. Un enfant lui ferait croire qu'il fait nuit en plein midi. C'est pour cette bonhomie que je l'aime comme la prunelle de mes yeux et que je ne puis me résoudre à le quitter, quelque sottise qu'il fasse." Sancho, simple, crédule, glouton, amateur de confort, en est touchant, tellement il est attaché à son grison. Et ses inénarrables rafales de proverbes...
Parfois l'on se demande si Don Quichotte croit vraiment tout: "Sancho, puisque vous voulez qu'on croie ce que vous avez vu dans le ciel, je veux à mon tour que vous croyiez ce que j'ai vu dans la caverne de Montésinos."
Interventions de l'auteur:
"Ici l'auteur de cette histoire décrit avec tous ses détails la maison de Don Diégo, peignant dans cette description tout ce que contient la maison d'un riche gentilhomme campagnard. mais le traducteur a trouvé bon de passer ces minuties sous silence, parce qu'elles ne vont pas bien à l'objet principal de l'histoire, laquelle tire plus de force de la vérité que de froides digressions."
Il explique aussi pourquoi, dans cette seconde partie, aucune nouvelle détachée, comme le Curieux malavisé ou le Capitaine captif de la partie 1.
Patatras! Ne voilà-t-il pas, sur la fin, que Don Quichotte apprend que vient de paraître le second volume de ses aventures, écrit par un médiocre écrivain (Cervantes ne laisse pas une occasion de lui dire son fait)! Qu'à cela ne tienne! Puisque dans cette histoire il est censé se rendre à Saragosse, eh bien, il n'ira pas, et le voilà se rendant à Barcelone!
Évidemment j'aurais pu tirer encore plus de ce roman, parodie de roman de chevalerie, tout en en étant un, finalement. Mais je préfère rester sur une note amusée, en rapportant l'un des titres de chapitres, tous plus farfelus les uns que les autres
"Qui traite de ce que verra celui qui le lira, ou de ce qu'entendra celui qui l'écoutera lire"...
Conclusion (puisqu'il le faut) : ce second tome est encore plus jubilatoire que le premier!
Le billet de A Girl et de cryssilda.
Je crois que je vais te laisser à ta jubilation .. je n'ai vraiment pas envie de me lancer dans Don Quichotte.
RépondreSupprimerSur ce coup là, A Girl et moi sommes bien seules... mais du même avis!
SupprimerQuel enthousiasme ! Tu me donnes presque envie de retenter l'aventure (je l'ai abandonné au tiers il y a déjà pas mal d'années...)
RépondreSupprimerJe reconnais des redondances dans ce premier tiers, et ai amplement préféré la seconde partie...
Supprimer23h30 le 23/12, yes je suis on time ! ;-) On fait quoi maintenant qu'on n'a plus notre DonQui ?? Superbe billet qui éclaire bien ton enthousiasme, le mien est également plus long que prévu.^^ C'est qu'un DonQui, ça ne se résume pas comme ça, et un Cervantès, encore moins ! J'ai adoré en tout cas cette découverte de Don Quichotte, je ne pensais pas que ce serait aussi truculent - avec une petite préférence pour le tome 1 (l'effet de surprise peut-être), mais le tome 2 vaut clairement le détour ne serait-ce que pour les interventions de l'auteur. Il est assez gravos ce Cervantès quand même !
RépondreSupprimerJe savais que tu aurais un billet fleuve, pas possible étant donné toutes les facettes de la "bête". Les interventions de l'auteur m'ont fait préférer le tome 2, j'adore ce côté bien moderne.
SupprimerTu te sens orpheline, maintenant? Bon, je lis Catch 22 et vois si mon enthousiasme demeure, ensuite je fais le forcing...
première réaction : quel courage! 2ème : tiens, pourquoi pas ?! :-) Bonnes fêtes à toi !
RépondreSupprimerOn a fait ça a deux (lecture commune) et en deux temps. Du bonheur, finalement!
SupprimerBonnes fêtes à toi aussi. Mon billet du 25 décembre sera sur un autre type de littérature...
un jour peut-être, lorsque je serai en retraite ou en très grandes vacances si mon patron le veut bien
RépondreSupprimerA Girl et moi avons fait une lecture commune en deux temps, hors retraite et très très grandes vacances, sois en sûr! Mais cela demande un peu de persévérance au départ. Surtout on s'est bien contactées sur Facebook, on a un peu déliré aussi, ça aide.
SupprimerJe crois qu'on peut sans problème parler de Chef d'oeuvre à propos de Don Quichotte. Quel texte, quel humour, quel modernité, j'adore !
RépondreSupprimerJérôme, dans mes bras pour un grand hug! Tu ensoleilles ma journée...
SupprimerPour ma part, j'ai adoré le premier tome, mais j'en ai eu marre au second que j'ai trouvé très long et moins intéressant... Mais l'ensemble est une merveille à découvrir, je suis d'accord !
RépondreSupprimerHeureusement qu'A Girl a décidé de laisser un peu de temps entre les deux parties. C'était juste le bon rythme.
SupprimerJ'avais tenté de le lire, je m'étais vite arrêté. Mais je ne désespère pas de le reprendre un jour.
RépondreSupprimerIl serait dommage de ne pas lire le deuxième tome, en fait; Quitte à lire en diagonale les parties redondantes de batailles du premier tome...
SupprimerC'est vrai que ton enthousiasme donne envie, j'avais caresser le projet de le lire quand une nouvelle traduction était sortie mais impossible de me rapeller si j'avais commencé et abandonné ou pas commencé du tout!! :p
RépondreSupprimerLa traduction de Viardot, pas récente, est fluide et parfaite!!! L'idéal serait l'espagnol, mais là, pas question, j'ai fait allemand seconde langue. ^_^
SupprimerUn "classique" drôlement moderne.
Bonjour Keisha, voici un grand classique que je crains d'aborder sans raison particulière. Ton billet donne envie. Bonne après-midi et bon réveillon de Noël.
RépondreSupprimerA Girl et moi sommes d'un enthousiasme total, notre seule divergence est sur le tome que l'on préfère. Un détail, quoi.
SupprimerBon Noël à toi aussi!
Hors Sujet ( encore que...) : Joyeux Noël Keisha!!!!!!
RépondreSupprimerNoël, c'est demain, donc aussi le billet fait pour.
SupprimerMais je suis contente de ton passage (en coup de vent, ha ha, blague idiote, ma pauvre) et te souhaite une super soirée et bonnes fêtes!
avec un peu d'avance aussi,je te souhaite de très belles fêtes, ainsi qu'à ceux qui te sont chers!
RépondreSupprimerMerci! A toi aussi belles fêtes, et plein de sorties à venir encore!
SupprimerJ'espère que 2014 sera l'année Don quichotte pour moi ! Je voudrai tant le terminer ses aventures " farfelues "!!!!
RépondreSupprimerSi tu veux du soutien moral, on est là! Superbe lecture, incontournable, bien plus marrante qu'on ne croit.
SupprimerAvec A Girl vous aurait au moins réussi a intéresser de potentiels lecteur de Don Quichotte. Dommage que l'aventure s'arrête là.
RépondreSupprimerD'ailleurs Cervantes avait prévu le coup dans la deuxième partie : il n'y aura pas de troisième partie (tu te rends compte, ce type génial a tout prévu! ^_^)
SupprimerJe passe par hasard ici (lien de Mon biblioblog), apparemment vous ne connaissez pas la nouvelle traduction (d'il y a une bonne quinzaine d'années au moins..) qui aurait complètement renouvelé ce livre ; c'est celle que j'ai lue, mais que je n'ai pas sous la main.
RépondreSupprimerComme je l'indique en haut de billet, la traduction de Viardot date de 1836 et mon exemplaire de 1961, avec des notes complétant parfois la traduction, là où Viardot n'a pas collé au texte. Mais comme je suis tributaire d'une traduction, je ne peux juger. Celle de Viardot est classique et agréable à lire. Sûrement qu’elle pourrait être dépoussiérée (mais j'adore l'imparfait du subjonctif).
SupprimerJe ne connais donc pas de nouvelle traduction, il faudrait voir. Merci!