Dora
L'année suivante à Bobigny
Minaverry
l'agrume, 2013
L'Algérie vient de devenir indépendante, en banlieue parisienne les terrains vagues ont laissé place aux barres d'immeubles, les Citroën modèles début années 60 sillonnent les routes. Après sa collecte de documents sur les nazis (en Allemagne) et ses recherches non abouties en Argentine (premier volume, peut se lire à part, finalement), Dora revient en France. Elle retrouve Odile, amoureuse de son copain d'enfance Didouche, qui ne pense qu'à Djamila. Une idylle se noue entre Dora et Geneviève, seule rescapée de sa famille tzigane après la guerre. Dora continue à œuvrer pour la collecte de témoignages sur les nazis (et sur les exactions policières en France en 1961), en collaboration avec Béatrice (avocate).
Dora, Odile et Geneviève racontent à tour de rôle leur histoire, de façon très intimiste. Mises à part quelques pages très colorées, aux moments très forts (première fois entre Dora et Geneviève, et lors d'un avortement), Minaverry utilise le noir et blanc avec la même splendeur que dans le premier volume. Maîtrisant parfaitement l'art de l'ellipse, il préfère souvent le dessin aux dialogues, quitte à représenter ce qui est dans la tête d'un personnage.Ce qui demande un peu d'attention au départ, mais en vaut la peine.
Rien n'est indiqué, mais tout laisse à penser qu'il y aura une suite. Par exemple pour la quête des ex-nazis.
Comme dit Béatrice
"Tu vois, Dora, il y a deux façons de chasser les nazis: l'amusante et la fastidieuse. L'amusante, c'est de les séquestrer avec un commandant du Mossad... La fastidieuse, c'est de chercher des témoins de leurs crimes pour qu'ils comparaissent devant la justice en Allemagne fédérale. Ma méthode, c'est la fastidieuse."
A découvrir.
Mauvais genre
Chloé Cruchaudet
Delcourt/Mirages, 2013
Sauf si vous revenez directement du Turkménistan (et encore...) vous connaissez l'histoire de Louise et Paul, tout jeune couple vite séparé par la mobilisation de Paul en 1914. Paul craque, il se mutile, déserte, et pour sortir de sa chambre où il se sent prisonnier, prend l'extérieur d'une femme.
L'extérieur, mais pas que. Il y prend plaisir, devient couturière, s'éclate au Bois de Boulogne. Alcool, folie, violence, souvenirs des tranchées... Il craque. Jusqu'au drame final.
Tout a été dit ou presque sur cette excellente BD, l'ambiguïté latente, la condition féminine (les conseils de la mère de Louise et de ses amies pour le bal, très éclairants), l'évolution de Paul (comme il se sent libre, habillé en femme!Comme il aime séduire!), le regard de la population sur les déserteurs (amnistiés dix ans après la fin de la guerre...) ; graphiquement, les gris, beiges, noirs, avec des taches de couleur rouge.
Je ne parlerai que de la page 3, qui m'a frappée en feuilletant à nouveau l'album: le président du tribunal quitte veste, chapeau masculins, pour enfiler sa robe de magistrat... Ironie de la situation. Finalement, cette BD mérite plusieurs lectures.
L'année suivante à Bobigny
Minaverry
l'agrume, 2013
L'Algérie vient de devenir indépendante, en banlieue parisienne les terrains vagues ont laissé place aux barres d'immeubles, les Citroën modèles début années 60 sillonnent les routes. Après sa collecte de documents sur les nazis (en Allemagne) et ses recherches non abouties en Argentine (premier volume, peut se lire à part, finalement), Dora revient en France. Elle retrouve Odile, amoureuse de son copain d'enfance Didouche, qui ne pense qu'à Djamila. Une idylle se noue entre Dora et Geneviève, seule rescapée de sa famille tzigane après la guerre. Dora continue à œuvrer pour la collecte de témoignages sur les nazis (et sur les exactions policières en France en 1961), en collaboration avec Béatrice (avocate).
Dora, Odile et Geneviève racontent à tour de rôle leur histoire, de façon très intimiste. Mises à part quelques pages très colorées, aux moments très forts (première fois entre Dora et Geneviève, et lors d'un avortement), Minaverry utilise le noir et blanc avec la même splendeur que dans le premier volume. Maîtrisant parfaitement l'art de l'ellipse, il préfère souvent le dessin aux dialogues, quitte à représenter ce qui est dans la tête d'un personnage.Ce qui demande un peu d'attention au départ, mais en vaut la peine.
Rien n'est indiqué, mais tout laisse à penser qu'il y aura une suite. Par exemple pour la quête des ex-nazis.
Comme dit Béatrice
"Tu vois, Dora, il y a deux façons de chasser les nazis: l'amusante et la fastidieuse. L'amusante, c'est de les séquestrer avec un commandant du Mossad... La fastidieuse, c'est de chercher des témoins de leurs crimes pour qu'ils comparaissent devant la justice en Allemagne fédérale. Ma méthode, c'est la fastidieuse."
A découvrir.
Mauvais genre
Chloé Cruchaudet
Delcourt/Mirages, 2013
Sauf si vous revenez directement du Turkménistan (et encore...) vous connaissez l'histoire de Louise et Paul, tout jeune couple vite séparé par la mobilisation de Paul en 1914. Paul craque, il se mutile, déserte, et pour sortir de sa chambre où il se sent prisonnier, prend l'extérieur d'une femme.
L'extérieur, mais pas que. Il y prend plaisir, devient couturière, s'éclate au Bois de Boulogne. Alcool, folie, violence, souvenirs des tranchées... Il craque. Jusqu'au drame final.
Tout a été dit ou presque sur cette excellente BD, l'ambiguïté latente, la condition féminine (les conseils de la mère de Louise et de ses amies pour le bal, très éclairants), l'évolution de Paul (comme il se sent libre, habillé en femme!Comme il aime séduire!), le regard de la population sur les déserteurs (amnistiés dix ans après la fin de la guerre...) ; graphiquement, les gris, beiges, noirs, avec des taches de couleur rouge.
Je ne parlerai que de la page 3, qui m'a frappée en feuilletant à nouveau l'album: le président du tribunal quitte veste, chapeau masculins, pour enfiler sa robe de magistrat... Ironie de la situation. Finalement, cette BD mérite plusieurs lectures.
Commentaires
L'histoire de Dora et Geneviève dans les années 60 est assez étonnante aussi...
Mâle occidental contemporain? Quézaco?
Essaie de voir en bibli, et lis d'affilée, ce sera peut être différent.
Pour Dora, fais comme moi, tente les biblis!
Ma bibli numéro 1 , je l'ai demandé, alors que dans la 2, c'est arrivé tout seul...
J'avais déjà noté Dora, aussi.
Ma curiosité m'a fait retourner à la page 3 de "Mauvais genre" que j'ai, moi aussi, adoré. Je n'avais pas porté attention à cette première page. Je crois que je vais encore avoir beaucoup à découvrir à la relecture de cette BD. Pas déçue de l'avoir acheté !
Si tu possèdes Mauvais genre, bonne idée, je pense que cette BD a encore à révéler en deuxième lecture!