Du côté de chez Swann
Marcel Proust
Lu dans mon vieil exemplaire de la Pleiade
Pas question de tenter un billet exhaustif, original et intellectuel, sur ce roman. Pour cette relecture - puisqu'il s'agit de cela- je vais livrer mes impressions, essayer d'avoir un regard neuf et comparer mes souvenirs avec la réalité.
Dans mon dernier souvenir (2003) je croyais que la phrase inaugurale (Longtemps je me suis couché de bonne heure) amenait directement les souvenirs de Combray, où le jeune narrateur attend le baiser de sa mère. Il faut quelques pages, et je concède que certains lecteurs peuvent être désarçonnés et se demander où il veut en venir.
Ensuite, Combray, et tout de suite l'équipe est au complet, les parents, grands parents, tantes, Françoise, et le voisin Swann. Depuis 2003, le blog est arrivé et maintenant je réalise mieux comment Proust laisse affluer ses souvenirs en les mêlant. Nous sommes à Combray, mais Un amour de Swann est déjà en filigrane. "Comme je l'ai appris plus tard, une angoisse semblable fut le tourment de longues années de sa vie." Le giletier et sa fille apparaissent aussi au détour d'une phrase... Paris, Balbec, Doncières, même Venise...Tous ces petits détails font le sel de la relecture et permettent de saisir à quel point A la recherche du temps perdu est une somme construite avec précision.
Je retrouve des passages très vivants, drôles, et j'aime toujours cette grand mère "Je ne pourrais me décider à donner à cet enfant quelque chose de mal écrit."
Plongé dans sa lecture donc, pages 83 à 88, le narrateur n'entend plus sonner les heures:
"Quelque chose qui avait eu lieu n'avait pas eu lieu pour moi; l'intérêt de la lecture, magique comme un profond sommeil, avait donné le change à mes oreilles hallucinées et effacé la cloche d'or sur la surface azurée du silence. " (pfou, des passages magnifiques comme celui-là, il y en a plein)
Assez rapidement (page 44) arrivent "ces gâteaux courts et dodus appelés Petites madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques." Et c'est parti! Trois pages (!) pour qu'enfin "toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petit logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé."
Comme tout se mêle, l'on croise déjà le nom de Bergotte, et à Combray même, Vinteuil, la fille de Swann et Charlus, Legrandin... et même Bloch et son style si particulier
"Défie-toi de ta dilection assez basse pour le sieur de Musset. C'est un coco des plus malfaisants et une assez sinistre brute. Je dois confesser, d'ailleurs, que lui et même le nommé Racine, ont fait chacun dans leur vie un vers assez bien rythmé, et qui a pour lui, ce qui est selon moi le mérite suprême, de ne signifier absolument rien." (page 90) (vous n'auriez jamais imaginé Proust écrire comme ça, non?)
Proust est tellement fort qu'il est capable de donner deux versions un poil différentes du même passage, à savoir les clochers au retour de promenade (pages 180 182). Associé à son désir de devenir un écrivain (page 178)
Sans crier gare, arrive une partie conséquente, des années avant la naissance du narrateur, Un amour de Swann
Pour en savoir plus sur Faire catleya
ou sur Odette de Crécy, que Swann voit ainsi
J'ai donc réussi à résumer Un amour de Swann en deux photos (oui, j'exagère, il y aurait la sonate de Vinteuil, je suis jalouse de la façon dont en parle Proust, on y rencontre les Verdurin, les Cambremer, et la future duchesse de Guermantes et son esprit "vache"). Prière de ne pas se plaindre, vous auriez pu avoir un billet avec juste une photo de madeleine.
Dans la dernière partie, le jeune narrateur se lie d'amitié à Paris avec Gilberte Swann. De ma dernière lecture revenait la description de la femme de Swann en promenade (-Vous savez qui c'est? Mme Swann! Cela ne vous dit rien? Odette de Crécy? - Odette de Crécy? Mais je me disais aussi, ces yeux tristes... Mais savez-vous qu'elle ne doit plus être de la première jeunesse? Je me rappelle que j'ai couché avec elle le jour de la démission de Mac-Mahon."
Cette fois, surprise en découvrant les dernières pages du livre, le narrateur se place dans le présent, son présent, traversant le Bois de Boulogne en novembre et déplorant les changements, vestimentaires en particulier. Hélas hélas, tout a changé, il comprend "la contradiction que c'est de chercher dans la réalité les tableaux de la mémoire, auxquels manquerait toujours le charme qui leur vient de la mémoire même et de n'être pas perçus par les sens. La réalité que j'avais connue n'existait plus. Il suffisait que Mme Swann n'arrivât pas toute pareille au même moment, pour que l'Avenue fût autre. Les lieux que nous avons connus n'appartiennent pas qu'au monde le l'espace où nous les situons pour plus de facilité. Ils n'étaient qu'une mince tranche au milieu d'impressions contiguës qui formaient notre vie d'alors; le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant; et les maisons, les routes, les avenue sont fugitives, hélas! comme les années."
Fin! J'ai encore vérifié que toute lecture de Proust est nouvelle, d'autres passages m'ont frappée, et cette fois particulièrement, la construction du roman. A suivre... (ou pas). Actuellement je lis le Dictionnaire amoureux de Marcel Proust, pas question de sortir de la marmite.
Le somptueux billet d'Irène et la littérature (et moult illustrations)
Lecture commune, au départ, mais je pense rester seule sur ce coup, les autres en parleront en leur temps, le temps, mot proustien par excellence...
Marcel Proust
Lu dans mon vieil exemplaire de la Pleiade
Pas question de tenter un billet exhaustif, original et intellectuel, sur ce roman. Pour cette relecture - puisqu'il s'agit de cela- je vais livrer mes impressions, essayer d'avoir un regard neuf et comparer mes souvenirs avec la réalité.
Dans mon dernier souvenir (2003) je croyais que la phrase inaugurale (Longtemps je me suis couché de bonne heure) amenait directement les souvenirs de Combray, où le jeune narrateur attend le baiser de sa mère. Il faut quelques pages, et je concède que certains lecteurs peuvent être désarçonnés et se demander où il veut en venir.
Ensuite, Combray, et tout de suite l'équipe est au complet, les parents, grands parents, tantes, Françoise, et le voisin Swann. Depuis 2003, le blog est arrivé et maintenant je réalise mieux comment Proust laisse affluer ses souvenirs en les mêlant. Nous sommes à Combray, mais Un amour de Swann est déjà en filigrane. "Comme je l'ai appris plus tard, une angoisse semblable fut le tourment de longues années de sa vie." Le giletier et sa fille apparaissent aussi au détour d'une phrase... Paris, Balbec, Doncières, même Venise...Tous ces petits détails font le sel de la relecture et permettent de saisir à quel point A la recherche du temps perdu est une somme construite avec précision.
Je retrouve des passages très vivants, drôles, et j'aime toujours cette grand mère "Je ne pourrais me décider à donner à cet enfant quelque chose de mal écrit."
Plongé dans sa lecture donc, pages 83 à 88, le narrateur n'entend plus sonner les heures:
"Quelque chose qui avait eu lieu n'avait pas eu lieu pour moi; l'intérêt de la lecture, magique comme un profond sommeil, avait donné le change à mes oreilles hallucinées et effacé la cloche d'or sur la surface azurée du silence. " (pfou, des passages magnifiques comme celui-là, il y en a plein)
Assez rapidement (page 44) arrivent "ces gâteaux courts et dodus appelés Petites madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques." Et c'est parti! Trois pages (!) pour qu'enfin "toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petit logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé."
Comme tout se mêle, l'on croise déjà le nom de Bergotte, et à Combray même, Vinteuil, la fille de Swann et Charlus, Legrandin... et même Bloch et son style si particulier
"Défie-toi de ta dilection assez basse pour le sieur de Musset. C'est un coco des plus malfaisants et une assez sinistre brute. Je dois confesser, d'ailleurs, que lui et même le nommé Racine, ont fait chacun dans leur vie un vers assez bien rythmé, et qui a pour lui, ce qui est selon moi le mérite suprême, de ne signifier absolument rien." (page 90) (vous n'auriez jamais imaginé Proust écrire comme ça, non?)
Proust est tellement fort qu'il est capable de donner deux versions un poil différentes du même passage, à savoir les clochers au retour de promenade (pages 180 182). Associé à son désir de devenir un écrivain (page 178)
Sans crier gare, arrive une partie conséquente, des années avant la naissance du narrateur, Un amour de Swann
Pour en savoir plus sur Faire catleya
ou sur Odette de Crécy, que Swann voit ainsi
La jeunesse de Moïse (détail : Les filles de Jéthro) fresque de la chapelle Sixtine, réalisée par Sandro Boticelli (1481-82) |
Dans la dernière partie, le jeune narrateur se lie d'amitié à Paris avec Gilberte Swann. De ma dernière lecture revenait la description de la femme de Swann en promenade (-Vous savez qui c'est? Mme Swann! Cela ne vous dit rien? Odette de Crécy? - Odette de Crécy? Mais je me disais aussi, ces yeux tristes... Mais savez-vous qu'elle ne doit plus être de la première jeunesse? Je me rappelle que j'ai couché avec elle le jour de la démission de Mac-Mahon."
Cette fois, surprise en découvrant les dernières pages du livre, le narrateur se place dans le présent, son présent, traversant le Bois de Boulogne en novembre et déplorant les changements, vestimentaires en particulier. Hélas hélas, tout a changé, il comprend "la contradiction que c'est de chercher dans la réalité les tableaux de la mémoire, auxquels manquerait toujours le charme qui leur vient de la mémoire même et de n'être pas perçus par les sens. La réalité que j'avais connue n'existait plus. Il suffisait que Mme Swann n'arrivât pas toute pareille au même moment, pour que l'Avenue fût autre. Les lieux que nous avons connus n'appartiennent pas qu'au monde le l'espace où nous les situons pour plus de facilité. Ils n'étaient qu'une mince tranche au milieu d'impressions contiguës qui formaient notre vie d'alors; le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant; et les maisons, les routes, les avenue sont fugitives, hélas! comme les années."
Fin! J'ai encore vérifié que toute lecture de Proust est nouvelle, d'autres passages m'ont frappée, et cette fois particulièrement, la construction du roman. A suivre... (ou pas). Actuellement je lis le Dictionnaire amoureux de Marcel Proust, pas question de sortir de la marmite.
Le somptueux billet d'Irène et la littérature (et moult illustrations)
Lecture commune, au départ, mais je pense rester seule sur ce coup, les autres en parleront en leur temps, le temps, mot proustien par excellence...
Tiens un billet avec seulement la photo d'une madeleine, je retiens ça !!! Je m'en souviendrai ;-) Heureusement qu'il y a une brave pour sauver l'honneur aujourd'hui .. Plus de dix ans depuis ta dernière lecture, forcément ce n'est plus la même, c'est tout l'intérêt de reprendre ce genre de monument littéraire. Tu vas continuer ?
RépondreSupprimerEn lisant Dictionnaire amoureux de Proust, je suis tombée sur des résumés hilarants (mon billet sur ce Dictionnaire, en cours de lecture, risque d'être long) et voici aussi (http://semen.revues.org/7003)
Supprimer"On sait quel résumé drastique de la Recherche du Temps perdu propose Gérard Genette : Marcel devient écrivain — un résumé, il est vrai, qu'un peu plus tard il corrige et augmente par accentuation humoristique en : Marcel finit par devenir écrivain. Humour pour humour, je suis tenté de prendre le contre-pied de cette proposition, et sans altérer beaucoup le voeu de pauvreté de ce récit minimal, de lui substituer celui-ci : Marcel finit par renoncer à devenir écrivain."
Coïncidence, j'ai commencé aussi un bouquin de Genette...
Continuer... Aaaaah ça me démange bien...
Aaaaaah Marcel! C'est toujours meilleur la deuxième fois!
RépondreSupprimerHum, pour moi il s'agit de la quatrième, là, c'est du ressort de la médecine. ^_^
SupprimerBravo, sincèrement bravo ! Je crois que je serais incapable de rédiger, par humilité ou timidité, un billet sur « La Recherche » même prise partiellement. En tout cas il faut le dire et chaque bloggeur le fait avec ses mots, il faut lire Proust !! Il faut le descendre de son piédestal intimidant, le lire comme on ferait de n’importe quelle saga et le remettre, plus haut encore, mais avec cette fois une bonne raison, sur son piédestal.
RépondreSupprimerJe vous renvoie à ma réponse à Aifelle. Non, je n'en ai pas fini avec Marcel, le Dictionnaire, déjà, puis Un été avec Proust, récemment paru, puis Comment Proust peut changer votre vie, et Les plaisirs et les jours... Si de plus je poursuis ma relecture...
SupprimerBien sûr qu'il faut lire Proust, c'est bien plus amusant qu'on ne l'imagine. Mais aussi quelle finesse! Il faut aussi oser le critiquer. Le Dictionnaire m'apprend sur sa vie des détails assez ... particuliers!
J'avoue que j'avais préféré le deuxième "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" au premier, Je le relirai aussi en temps voulu ;)
RépondreSupprimerPuisque tu en es à la relecture, je n'ai pas à te convaincre! Ce deuxième, avec les passages sur Elstir, tiens oui, pourquoi pas? On verra ce qui me frappe cette fois.
SupprimerJe rejoins complètement le bouquineur, Proust n'est pas une madeleine inaccessible, et les passages que tu cites le montre bien, c'est une langue musicale qui décortique l'âme et ses mouvements ... Je me souviens avoir lu "La recherche" en apnée une première fois ( et comme une saga), puis de l'avoir aussitôt relue, de nouveau, en entier, en la savourant. Il n'y a que le dernier tome qui m'avait un peu ennuyée, peut-être parce qu'il est une synthèse de tout ce qui précède.Bravo pour ton billet en tout cas, il donne toute la saveur de ta relecture, une bonne madeleine !
RépondreSupprimerLa Recherche d'un coup d'un seul? Ouh là je n'ai jamais tenté ça! Je me souviens avoir laissé un volume en plan en plein milieu pendant plus de deux ans... Patient, le Narrateur.
SupprimerJ'ai relu Le temps retrouvé il y a peu, puisque mon blog en a trace, et c'est un excellent souvenir, comme quoi...
Magnifique ! Moi aussi je veux le relire et les autres aussi ! Merci pour le lien vers le site Irène. Bon, je ressors mon Proust, là tout de suite ! Ca ne m'étonne pas que ta première lecture diffère de celle-ci car il y a tant d'éléments dans ce roman qu'il est impossible de tout retenir ! Mais la chose que je préfère c'est vraiment la satire ! Il a un style inimitable pour caricaturer les personnages.
RépondreSupprimerOriane est une vraie chipie, quel talent! L'esprit Guermantes est terrible... Mais il y a tant et tant d'autres choses, ouh...
SupprimerC'est ma quatrième lecture, et à chaque fois, c'est différent. Un amour de Swann est passé beaucoup mieux que dans mon souvenir...
Pour un peu je le relirai alors que je suis encore dans Guermante, c'est terrible une fois que tu es tombée dans Proust, c'est waouhhh :-)
RépondreSupprimerM'en parle pas! ^_^
SupprimerLe genre de roman "île déserte", si tu vois ce que je veux dire...
Proust m'a toujours semblé insurmontable...Je pense me le garder pour mes vieux jours ;)
RépondreSupprimerTu n'es pas obligée de tout lire d'affilée, tu sais. Démarre tranquillement par Un amour de Swann, par exemple, 200 pages.
Supprimer200 pages, c'est effectivement jouable ;)
SupprimerJe t'avoue que je mets 10 ans à lire le tout, alors tu vois, ce n'est pas une course de vitesse...
SupprimerSe trouve en poche ou dans toutes les biblis.
Beau billet ! c'est toujours un plaisir de (re)lire Proust, mais aussi de lire sur lui ;-)
RépondreSupprimerHé oui, les deux sont un plaisir!
SupprimerEn voilà une oeuvre colossale !!! J'en garde un précieux souvenir mais il faudrait que j'y revienne un jour !
RépondreSupprimerCette année je plonge dans l'univers Balzacien, Proust suivra peut-être après ....
Je suis tombée dans la marmite Balzac assez jeune (14-15 ans) et lui suis restée fidèle, mais là ça fait un peu de temps que je ne l'ai pas lu... Là aussi tu as un monde à découvrir, et encore plus de pages... ^_^
SupprimerBravo de tenir vos engagements et d'avoir repris "La recherche". J'y reviens progressivement, tenté par des écrits de Antoine Compagnon, (celui de l'été avec Montaigne) et une émission qui me plaira, je le sens, sur Arte ce soir.
RépondreSupprimerEn fait c'était une lecture commune, mais je suis la seule combattante survivante, les autres ont lu mais n'ont pas fait de billet...
SupprimerUne blogueuse qui me veut du bien m'a offert "Un été avec Proust", je salive d'avance! Quant au Dictionnaire amoureux de Proust, des Enthoven, je viens juste de le terminer, mais je le conseillerais à ceux ayant déjà lu (un peu) Proust.
Arte? Oui, 23h50 . Ce pourra être en écoute différée, alors. ^_^
j'adore ton billet et tu sais quoi ...il me donne envie de m'y replonger, ma dernière lecture a été audio alors pourquoi pas un de ces jours rouvrir mon livre
RépondreSupprimerQuant au dico bien sûr je l'ai en magasin mais je suis un peu agacée par le côté un rien pédant du père et du fils, genre ..on ne peut que relire la recherche ! dommage car bien sûr le dico recèle de petits trésors
Je viens juste de terminer ce dictionnaire, que je pense plutôt destiné à des lecteurs de Proust, sinon on passerait un peu à côté. Certains passages, surtout philo, me sont passés au dessus de la tête, mais globalement j'ai aimé leur amour admiratif mais objectif de Proust, l'humour, si, cela se lit par petites bouchées, c'est plein d'informations parfois inattendues.
Supprimerje partage tout à fait avec toi le bon côté du dico, mais il m'a malgré tout mis un peu mal à l'aise par le côté un peu donneur de leçons proustiennes pour ceux qui n'ont jamais lu Proust ou n'ont jamais dépassé le tome 1
SupprimerJe pense ne pas trop le recommander aux non lecteurs : Proust n'est pas insurmontable, on peut s'y lancer tout seul. Ce dictionnaire permet de mieux l'apprécier ensuite, ou d'avoir d'autres façons de considérer certains aspects. Je n'ai pas suivi les auteurs sur tous les terrains, mais cela m'a fortement intéressée.
SupprimerIls aiment Proust, cela se sent, j'espère qu'ils ne vont pas en détourner les lecteurs par trop de complications? Tu les trouves donneurs de leçons?
Pour une fois, je ne te rejoins pas du tout ! Proust m'endort, comme Virginia Woolf. Une très belle plume, oui, mais trop d'action. J'ai lu celui-ci (pour la fac) et j'ai laché l'affaire !)
RépondreSupprimerTrop d'action? Tiens, tu savais qu'il existe un roman intitulé Marcel Proust, roi du kung fu? ^_^
SupprimerLes essais de Virginia Woolf passent très bien, tu sais.
Et les poèmes !! il faut aussi lire les poèmes !
RépondreSupprimerProust? Des poèmes? Mais oui, il en a écrit. mais comme sa prose est déjà souvent poétique...
SupprimerJamais lu Proust non plus... sauf le célèbre passage de trois pages de la madeleine. Tu me donnes envie ! Tu dis qu'on n'est pas obligé de commencer par le premier livre, on peut tenter "Un amour de Swann" ? (Explique un peu, s'il te plaît.)
RépondreSupprimerVoilà voilà. Du côté de chez Swann est le premier volume, qui comprend trois parties, et la deuxième partie (un grand retour dans le passé) s'intitule Un amour de Swann. Elle peut se lire indépendamment et est courte, c'est pourquoi je la conseille aux apeurés. On y trouve pas mal de passages célèbres et de personnages qui reviendront dans les autres volumes.
SupprimerBillet réussi. il faut que je m'y remettre, une seule lecture et à 15 ou 16 ans, cela ne compte même pas!
RépondreSupprimerRéussi surtout à noter mes impressions, parce que si quelqu'un ne connaît pas ce roman, je doute d'avoir beaucoup éclairci l'affaire.
SupprimerIl serait intéressant que tu relises maintenant, pour voir! ^_^
Faudra quand même que je mele fasse un jour celui-là... Mais à mon avis, pas avant 10 ans par là.^^
RépondreSupprimerJ'ai démarré quand j'étais plus jeune que toi, sur les conseils de mon plus jeune frère (en études de géologie, alors, tu vois). Un amour de Swann pourrait suffire pour démarrer.
SupprimerJ'avais adore et ton billet le rend si bien...
RépondreSupprimerOn a tellement écrit dessus, tellement disséqué, que donner mes impressions (et donner envie) me paraissait suffisant.
SupprimerPas assez d'action voulais-je dire : lapsus révélateur !
RépondreSupprimerJ'avais parfaitement compris, tu sais (ce cher Marcel pousse aux lapsus). C'est sûr que ce n'est pas trépidant!
SupprimerTu relis ce que je n'ai même pas lu en entier. Mes respects !
RépondreSupprimerMeuh non, quand on aime... C'est du beau texte, quand même.
SupprimerC'est un de mes objectifs : le lire un jour et ton billet m'y encourage fortement ...
RépondreSupprimerPersonne n'est obligé de tout lire d'un coup, chacun son rythme, on laisse, on reprend.
SupprimerAllez, grâce à toi je fais un tout petit billet sur Proust...;-) Ce sera ma modeste participation...
RépondreSupprimerJ'ai vu : merci d'apporter une pierre à l'édifice!
SupprimerJ'ai oublié de préciser que j'ai aussi le Dictionnaire amoureux mais contrairement à toi je ne le lis pas de A (Agonie) à Z (Zinedine... de Guermantes). Il est sur la table du salon et je pioche dedans au hasard régulièrement :-)
RépondreSupprimerJe l'ai lu par petits paquets, mais dans l'ordre.
SupprimerQuand je pense qu'il y a même une entrée Zinedine. ^_^
Piocher, c'est bien aussi, je pourrai m'y référer de toute façon, il est à la maison. Dédicacé par le plus jeune des auteurs.
Ce serait dommage d'abandonné. Mais je dis ça, je n'ai lu que Combray.....
RépondreSupprimerMais tu as déjà commencé! Tu peux tenter Un amour de Swann, avant de savoir si Proust est pour toi ou pas. On a le droit de ne pas accrocher.
SupprimerExcellent ton billet ! ma soeur qui a lu le cycle complet ne tarit pas d'éloges mais je repousse cette lecture depuis de nombreuses années. J'ai failli m'y mettre à deux reprises : un extrait lu par Guillaume Gallienne qui m'a fait rire, et les constantes références à Proust dans un de mes films préférés Little Miss Sunshine. Mais j'ai détesté les nombreuses adaptations tv ou ciné des romans (d'ailleurs, je n'ai jamais pu en regarder une jusqu'au bout). Bref, il faut donc que je fasse preuve de courage et que je m'y plonge enfin ;-))
RépondreSupprimerIl suffit de lire le tout par petits bouts, j'y mets dix ans en général... En effet il existe une version audio où Gallienne est excellent (dixit le Dictionnaire amoureux de Proust). Proust se glisse partout, y compris dans le livre que je lis actuellement, et, quoi, Little Miss Sunshine (excellent film, je l'ai vu)? ^_^
SupprimerJe n'ai jamais vu d'adaptation, je me demande comment c'est possible d'ailleurs d'adapter correctement ce roman. Visconti y songeait, mais ça ne s'est pas fait. Ah si tiens, j'ai lu une BD adaptant Les jeunes filles en fleurs...
Bref, donc, courage!
quel plaisir de lire et relire cet auteur , je t'offre un de mes passages préférés:
RépondreSupprimerJe m’aperçus peu à peu que la douceur, la componction, les vertus de Françoise cachaient des tragédies d’arrière cuisine, comme l’histoire découvre que le règne des Rois et des Reines qui sont représentée les mains jointes dans les vitraux des églises, furent marqués d’incidents sanglants. Je me rendis compte que, en dehors de ceux de sa parenté, les humains excitaient d’autant plus sa pitié par leurs malheurs, qu’ils vivaient plus éloignés d’elle. Les torrents de larmes qu’elle versait en lisant le journal sur les infortunes des inconnus se tarissaient vite si elle pouvait se présenter la personne qui en était l’objet d’une façon un peu précise. Une de ces nuits qui suivirent l’accouchement de la fille de cuisine, celle-ci fut prise d’atroces coliques: maman l’entendit se plaindre, se leva et réveilla Françoise qui, insensible, déclara que tous ces cris étaient une comédie, qu’elle voulait «faire sa maîtresse» . Le médecin, qui craignait ses crises, avait mis un signet, dans un livre de médecine que nous avions, à la page où elles sont décrites et où il nous avait dit de nous reporter pour trouver l’indication des premiers soins à donner. Ma mère envoya Françoise chercher le livre en lui recommandant de ne pas laisser tomber le signet. Au bout d’une heure Françoise n’était pas revenue; ma mère indignée crut qu’elle s’était recouchée et me dit d’aller voir moi-même à la bibliothèque. J’y trouvai Françoise qui, ayant voulu regarder ce que le signet marquait, lisait la description clinique de la crise et poussait des sanglots maintenant qu’il s’agissait d’une malade-type qu’elle ne connaissait pas. A chaque symptôme douloureux, elle s’écriait: «Hé là! Sainte Vierge, est –il possible que le bon Dieu veuille faire souffrir ainsi une pauvre malheureuse créature humaine? Hé! la pauvre!»
Mais dès que je l’eus appelée et qu’elle fut revenue près du lit de la Charité de Giotto, ses larmes cessèrent aussitôt de couler; elle ne put reconnaître ni cette agréable sensation de pitié et d’attendrissement qu’elle connaissait si bien et que la lecture des journaux lui avait souvent donnée, ni aucun plaisir de la même famille.
je trouve cela criant de vérité humaine.
Luocine
Je me souviens bien de ce passage, oh oui, Françoise et la Charité de Giotto. Franchement, ce passage et tant d'autres prouvent que Proust est vraiment un fin observateur et aussi amusant à lire (bon, il existe des passages moins drôles et paraissant longuets, mais tellement bien écrits)
SupprimerMerci pour cet extrait!
Je n'ai jamais rien lu de Proust. Je pense que cet auteur me fait un peu peur.
RépondreSupprimerJe te comprends parfaitement, vu de loin, il fait peur. Tu peux lire juste Un amour de Swann, 200 pages, c'est faisable, histoire de voir.
SupprimerOui, 200 pages, cela permet de se faire une idée. Merci du conseil !
SupprimerExiste en poche, d'ailleurs je crois qu'on l'étudie en classe?
SupprimerProust est en effet encore meilleur à la relecture. J'ai pris un immense plaisir l'été dernier en relisant "Du côté de chez Swann", et je (re)déguste très lentement les jeunes filles cette année. Je suis très curieuse de lire ton billet à venir sur le Dictionnaire amoureux !
RépondreSupprimerMeilleur à la relecture, oui, on peut se focaliser sur autre chose que l'histoire, et découvrir plein de détails passés inaperçus, ou, comme je viens de le faire, mieux voir l'architecture du roman.
SupprimerMais c'est que tu me donnes envie de replonger dans la lecture de ces jeunes filles! ^_^
Quant au Dictionnaire, bourré de marques pages, il m'attend pour le billet...
Ah, Proust sur un blog , ce n'est pas si souvent ! Ton commentaire est bien fichu , bravo car c'est intimidant... Je n'ai pas fini la Reherche, commencée à 18/20ans, je la déguste de plus en plus lentement...
RépondreSupprimerC'est ce qu'il faut faire, tranquillement... Ensuite, on relit. ^_^
SupprimerMon billet est surtout une piqûre de rappel à l'égard des hésitants, car ils passent à côté de bien des bonheurs...
Oui, je relis et je continue ! Ainsi c'est sans fin...
RépondreSupprimerFabuleux en effet le billet d'Irene ! Mais où est elle passée cette fille là ?
:(
A chaque fois une nouvelle découverte, c'est la marque des romans exceptionnels.
SupprimerFigure toi que je ne connais pas Irène, je suis tombée sur son billet parce que Dominique en a extrait une photo (http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2014/07/03/la-bibliotheque-des-genies-5403941.html)
et le billet m'a paru très très bien, je voulais le garder facile à retrouver aussi.
A fouiller un peu son blog (abandonné?) il semble que ce soit une roumaine qui réside en France. Au début ses billets en roumain, ensuite en français, et ses découvertes du pays et de la littérature sont magnifiques.
Quel dommage si elle a arrêté !...
SupprimerDommage, oui. Est-elle rentrée en Roumanie? Il existe des mystères sur les blogs qui s'arrêtent sans crier gare.
SupprimerMais je viens juste d'y aller, plusieurs dont toi ont commenté son billet, et elle a répondu!
J'ai déjà essayé Proust et toujours abandonné, mais pas par ennui, plus par temps et par envie d'autres romans qui traînaient à côté. Du coup je ne renonce pas, à la retraite peut-être ? ;-)
RépondreSupprimerD'autres romans trainent toujours à côté, c'est sûr qu'il faut se motiver (et après, ça va). Même là, pour lire la suite, est-ce bien raisonnable, il va falloir que je garde l'idée en tête. Mais pas maintenant, je ne veux pas presser l'affaire (sache que l'une de mes reprises de lecture de Proust s'est faite après une lecture d'un Harlequin, j'avais soif de belle littérature ^_^)
SupprimerA la suite de ta remarque sur les films, je t'encourage vivement à regarder le Raoul Ruiz qui est celui qui évoque le mieux l'ambiance proustienne (tu devrais trouver le DVD dans ta médiathèque...)
RépondreSupprimerSur Le temps retrouvé? Hélas, rien vu... Je vais voir ce que je peux faire.^_^
SupprimerAh bah voilà, tu es démasquée : "Chercher Proust", c'est toi :p
RépondreSupprimerNon sérieusement, c'est chouette de voir quelqu'un révérer autant Marcel. Et tu as tout à fait raison : on ne le lit peut-être pas tant pour l'histoire qu'il raconte (somme toute banale) mais pour les petits détails de style ou de réminiscence (qu'on vit tous chaque jour) qui parsèment son oeuvre.
Marcel, c'est le boss !
Nan, nan, moi je n'ai pas de poster Marcel Proust dans ma chambre... J'ai d'autres auteurs aimés, aussi.
SupprimerComme je lis beaucoup, je peux me permettre de glisser un Marcel Proust (ou autour de) de temps en temps.
Pas lu mais les classiques ne m'attirent pas.
RépondreSupprimerBon dimanche.
En lire un de temps en temps est plaisant, mais c'est sûr qu'il paraît de bons livres actuellement aussi.
SupprimerJ'aime ton bilet... on ressent ton amour pour le roman! Ca donne envie de poursuivre ma découverte.
RépondreSupprimerJ'essaie de décomplexer les peureux et de présenter la "bête". Bon, OK, cela ne se lit pas d'un seul neurone, mais ça vaut le coup.
SupprimerJe ne suis pas sûre d'avoir le temps de relire plusieurs fois Proust mais je suis sûre en effet que j'y redécouvrirai des beautés. Là, je suis dans Sodome et Gomorrhe et j'ai l'impression que je je suis dans le creux de la vague (c'est la deuxième moitié qui me pose problème), je vais peut-être faire une pause après ce tome.
RépondreSupprimerJe sais que tu as commencé il y a peu, tu files, dis donc! N'hésite pas à poser le roman un peu de temps, reprends-le tranquillement... Après ce tome, c'est avec Albertine, oui, sans doute faire une petite pause! Ce qui reste peut être lu d'affilée si on veut.
SupprimerAlors là, je dis : CHAPEAU ! Et je te le tire bien bas !
RépondreSupprimerMais non! Tu sais, je souffre beaucoup avec des romans moins bien écrits et sans intérêt... Alors là, au moins, c'est du bon.
SupprimerJ'aime Proust, je l'ai lu (pas en entier) il y a longtemps. Tu donnes envie de le redécouvrir avec ce beau billet.
RépondreSupprimerC'était bien un peu mon objectif... ^_^
SupprimerTu disais sur le blog de Mark et Marcel ne pas savoir écrire sur ton amour de Proust (c'était en 2011) mais je trouve que tu t'en sors très bien ! Je tente moi aussi une relecture de Proust (mais je n'en avais lu qu'un tome et demi, donc c'est une "demi-relecture") et viens juste d'achever du côté de chez Swann. Cela m'amuse de trouver les détails et citations dont tu parles, encore tous frais dans ma mémoire. Moi aussi j'ai été subjuguée par le passage sur ses lectures dans le jardin de Combray avec le clocher qui sonne les heures. Et je te rejoins sur la grand-mère ;)
RépondreSupprimerOh je ne me souviens pas de toutes le bêtises que je peux laisser par ci par là. De fait j'y vais franco et espère proposer toute la Recherche sur mon blog, il reste Du côté de Guermantes et Sodome et Gomorrhe. Mais cela ne terminerait pas la relecture. Dur!
SupprimerAh Proust offre bien des joies renouvelées, à chacun de trouver son rythme, quelques semaines, quelques mois ou quelques années (ça c'est mon cas)
Il va bien sûr falloir en parler sur ton blog, l'occasion de tenter les gens est à saisir.