Hadassa
Myriam Beaudoin
Bibliothèque québécoise, 2013
Franchement, j'ignorais l'existence d'une communauté hassidique à Québec (http://outremonthassid.com/), alors j'ai saisi l'occasion d'en connaître plus grâce à ce roman ayant déjà charmé quelques blogueuses.
Engagée comme professeur de français (et plus, en fait) dans un établissement pour élèves juives orthodoxes, Alice découvre de l'intérieur tout un monde avec ses règles bien établies. Parviendra-elle à établir le contact?
"Depuis la maternelle, mes élèves apprenaient que les professeures de français n'étaient pas juives, qu'elles vivaient autrement et qu'il était strictement interdit de s'intéresser à leur vie, pas de questions, pas de curiosités. De la même façon elles devaient rester discrètes, ne pas dévoiler les cérémonies de la synagogue, ne pas traduire les versets des livres sacrés, et surtout, surtout, ne jamais discuter de Dieu devant des non-juifs."
D'emblée elle décèle une différence entre les 'douze ans', déjà bat mitzwa, prêtes à se consacrer à devenir une femme hassidique parfaite, et les 'onze ans', possédant toute le spontanéité et la curiosité de l'enfance, qui lui révèlent tout de même certaines coutumes (avec autorisation d'autres adultes!). Ces jeunes s'expriment dans un français pas toujours correct mais savoureux, mêlé d'anglais et de yiddish.
L'année scolaire se déroule tranquillement, ponctuée par les multiples fêtes juives. Alice s'attache de plus en plus à Hadassa, l'une des plus jeunes, même si elle sait qu'à la fin de l'année celle-ci comme les autres rejoindra le territoire zéro goy du troisième étage de l'école. En attendant, elle s'attache à leur faire découvrir le monde des livres...
Parmi les amis d'Alice figure Jan, récemment arrivé de Pologne, et travaillant dans une épicerie, où il remarque Deborah, une de ces femmes hassidiques. Son patron Charles le met vite clairement au courant : "Ces femmes-là ne s'intéressent pas à nous, pas plus à toi, c'est un univers fermé, tu ne pourras jamais avoir de contact avec elle. Ces juifs-là restent entre eux, ils se marient entre eux, ils veulent garder les traditions, ils gardent leur nom, leur argent, les femmes restent à la maison et élèvent une dizaine d'enfants, les hommes étudient et travaillent. Avant vingt ans, les filles sont mariées, avec des juifs, et puis c'est tout, il n'y a pas d'exception, il n'y a pas de mélange.
Pourtant le courant passe entre la belle Deborah récemment mariée à David, et dont l'annonce du premier bébé se fait attendre...
"Ils sont face à face, séparés par un comptoir de bois, une balance et une caisse remplie d'argent. La jeune femme lève le bras pour poser les pommes, et c'est là qu’elle voit l'épicier, qui la regarde. Un homme blond avec des lèvres pleines. Mince, grand de taille, son regard à lui posé sur son visage à elle. Elle est dévisagée. Sur le mur de pierre derrière la caisse, la trotteuse de l'horloge s'arrête une petite seconde, et dans cet intervalle, elle, la femme, découvre, explore ce que c'est d'être dévisagée par un homme. Il n'y a pas de doute, la cliente ne baisse pas les yeux comme elle devrait, comme elle l'a toujours fait. C'est incroyable, pour elle, de regarder un homme comme lui, elle le fait quand même, ça dure, c'est inexplicable, la première fois que ça lui arrive, on ne sait pas encore ce qu'elle pense, elle aussi l'ignore, elle se laisse dévisager. Puis la trotteuse reprend, mais rien ne change, tout persiste dans l'instant des yeux qui se contemplent. Il fait humide, le mouvement va s'achever, un millième de seconde, et puis avant de baisser la tête sur les pommes, elle emporte le blond dans sa tête comme une voleuse, c'est instinctif, inconcevable, pire que tout. Tout de suite après viennent la fièvre, l'étourdissement et le regret.C'est fini, elle s'ordonne de ne plus y penser, elle n'y pensera plus."
Le lecteur va en savoir plus sur la vie de Deborah et à travers elle celle des femmes hassidiques, la future vie des fillettes de l'école, bien vraisemblablement. Une vie bien réglée, calme, en communauté.
Comme les autres (voir liens plus bas) j'ai aimé ce roman, qui a l'art de présenter délicatement et respectueusement un monde différent. Pour l'histoire d'amour, ce n'était pas gagné pour moi, mais tant de fraîcheur et de romantisme a emporté mon adhésion. Les petites élèves si vivantes forment un autre pan du tableau, et je vous encourage à lire ce roman.
Les avis d'Aifelle (merci), de miriam, Karine:), yueyin, le papou,
Myriam Beaudoin
Bibliothèque québécoise, 2013
Franchement, j'ignorais l'existence d'une communauté hassidique à Québec (http://outremonthassid.com/), alors j'ai saisi l'occasion d'en connaître plus grâce à ce roman ayant déjà charmé quelques blogueuses.
Engagée comme professeur de français (et plus, en fait) dans un établissement pour élèves juives orthodoxes, Alice découvre de l'intérieur tout un monde avec ses règles bien établies. Parviendra-elle à établir le contact?
"Depuis la maternelle, mes élèves apprenaient que les professeures de français n'étaient pas juives, qu'elles vivaient autrement et qu'il était strictement interdit de s'intéresser à leur vie, pas de questions, pas de curiosités. De la même façon elles devaient rester discrètes, ne pas dévoiler les cérémonies de la synagogue, ne pas traduire les versets des livres sacrés, et surtout, surtout, ne jamais discuter de Dieu devant des non-juifs."
D'emblée elle décèle une différence entre les 'douze ans', déjà bat mitzwa, prêtes à se consacrer à devenir une femme hassidique parfaite, et les 'onze ans', possédant toute le spontanéité et la curiosité de l'enfance, qui lui révèlent tout de même certaines coutumes (avec autorisation d'autres adultes!). Ces jeunes s'expriment dans un français pas toujours correct mais savoureux, mêlé d'anglais et de yiddish.
L'année scolaire se déroule tranquillement, ponctuée par les multiples fêtes juives. Alice s'attache de plus en plus à Hadassa, l'une des plus jeunes, même si elle sait qu'à la fin de l'année celle-ci comme les autres rejoindra le territoire zéro goy du troisième étage de l'école. En attendant, elle s'attache à leur faire découvrir le monde des livres...
Parmi les amis d'Alice figure Jan, récemment arrivé de Pologne, et travaillant dans une épicerie, où il remarque Deborah, une de ces femmes hassidiques. Son patron Charles le met vite clairement au courant : "Ces femmes-là ne s'intéressent pas à nous, pas plus à toi, c'est un univers fermé, tu ne pourras jamais avoir de contact avec elle. Ces juifs-là restent entre eux, ils se marient entre eux, ils veulent garder les traditions, ils gardent leur nom, leur argent, les femmes restent à la maison et élèvent une dizaine d'enfants, les hommes étudient et travaillent. Avant vingt ans, les filles sont mariées, avec des juifs, et puis c'est tout, il n'y a pas d'exception, il n'y a pas de mélange.
Pourtant le courant passe entre la belle Deborah récemment mariée à David, et dont l'annonce du premier bébé se fait attendre...
"Ils sont face à face, séparés par un comptoir de bois, une balance et une caisse remplie d'argent. La jeune femme lève le bras pour poser les pommes, et c'est là qu’elle voit l'épicier, qui la regarde. Un homme blond avec des lèvres pleines. Mince, grand de taille, son regard à lui posé sur son visage à elle. Elle est dévisagée. Sur le mur de pierre derrière la caisse, la trotteuse de l'horloge s'arrête une petite seconde, et dans cet intervalle, elle, la femme, découvre, explore ce que c'est d'être dévisagée par un homme. Il n'y a pas de doute, la cliente ne baisse pas les yeux comme elle devrait, comme elle l'a toujours fait. C'est incroyable, pour elle, de regarder un homme comme lui, elle le fait quand même, ça dure, c'est inexplicable, la première fois que ça lui arrive, on ne sait pas encore ce qu'elle pense, elle aussi l'ignore, elle se laisse dévisager. Puis la trotteuse reprend, mais rien ne change, tout persiste dans l'instant des yeux qui se contemplent. Il fait humide, le mouvement va s'achever, un millième de seconde, et puis avant de baisser la tête sur les pommes, elle emporte le blond dans sa tête comme une voleuse, c'est instinctif, inconcevable, pire que tout. Tout de suite après viennent la fièvre, l'étourdissement et le regret.C'est fini, elle s'ordonne de ne plus y penser, elle n'y pensera plus."
Le lecteur va en savoir plus sur la vie de Deborah et à travers elle celle des femmes hassidiques, la future vie des fillettes de l'école, bien vraisemblablement. Une vie bien réglée, calme, en communauté.
Comme les autres (voir liens plus bas) j'ai aimé ce roman, qui a l'art de présenter délicatement et respectueusement un monde différent. Pour l'histoire d'amour, ce n'était pas gagné pour moi, mais tant de fraîcheur et de romantisme a emporté mon adhésion. Les petites élèves si vivantes forment un autre pan du tableau, et je vous encourage à lire ce roman.
Les avis d'Aifelle (merci), de miriam, Karine:), yueyin, le papou,
Un chouette roman, découvert grâce à Karine. C'est une communauté à laquelle on s'attache rapidement grâce aux petites filles, alors que normalement tout me révulse dans leur mode de vie.
RépondreSupprimerOui, j'ai découvert les billets québécois après avoir écrit le mien. Tous positifs.
SupprimerDans le livre, à un moment Alice est tellement fascinée qu'elle passerait presque -en imagination- de l'autre côté (ce qui de toute façon n'est pas possible). Et j'ai bien remarqué que dans cette communauté, les hommes travaillent.
Je note ce roman, je pense qu'il pourrait me charmer aussi.
RépondreSupprimerJ'en suis plutôt certaine!
SupprimerTu es convaincante !
RépondreSupprimerBen tiens. ^_^
Supprimerje me réjouis de pouvoir le lire prochainement
RépondreSupprimerMaintenant c'est à La Poste d'être au top! Ces livres québécois sont parfois difficiles à trouver, c'est sûr.
SupprimerJ'avais déjà noté ce roman , mais c'est bon de voir que les avis convergent , il sera donc au programme de 2016 , mon vœu pour 2016, avoir une deuxième vie pour lire tout ce qui me fait envie, à cause ou grâce à vos les coquines blogueuses.
RépondreSupprimerLes avis convergent totalement, pour une fois je n'ai pas joué les vilains petits canards dissonants.
SupprimerJe doute que deux vies suffiraient, donc ne regrette rien, c'est comme ça; mieux vaut bien choisir, finalement.
un roman qui fait du bien, non?
RépondreSupprimerJe ne dirais pas ça, en tout cas dans le sens feelgood. C'est plus sérieux, plus sombre par dessous quand on y réfléchit. Une très belle histoire en tout cas, et j'ai aimé l'écriture, en plus.
Supprimerce livre me fait penser à ma semaine en Israël et le film dont j'ai parlé sur la communauté Hassidique et au film (qui commence à dater...) tourné dans cette même communauté à NY racontant l'histoire d'amour entre une policière infiltrée et un membre de la communauté..
RépondreSupprimerBref, je m'égare mais je note ce livre ..
Je change de sujet, je viens de lire ton programme de lecture 2016 (effectivement c'est du lourd, Proust, Ulysse) mais moi je suis intéressée par deux LC :
André Brink en février
Faulkner (avril ?) dont j'ai le livre dans ma PàL...
dis-moi si c'est confirmé !!!
Il existe pas mal de films se déroulant chez les hassidiques d'Israel, mais le Canada, là, c'est original pour le coup! Un roman que je te recommande bien évidemment. ^_^
SupprimerAh les lectures communes! Ma souvent complice Fanja est bien sûr à l'origine du Brink et du Faulkner (parfois zarline aussi), ce qui permet d'attaquer du lourd en se serrant les coudes. Tu es bienvenue, naturellement. Le Brink et le Faulkner sont à ma bibli (je pense que personne ne les enlèvera...), mais pour l'instant j'ai Babbitt en ligne de mire (et Ulysse). Les dates précises s'affineront, ne t'inquiète pas.
Oui, je te conseille le film qui se passe dans la communauté New-Yorkaise car c'est assez fascinant le décalage entre les communautés ;-)
SupprimerPour les LC, merci ! Oui du lourd pour 2016 .. moi je vais reprendre un programme de lecture car depuis que j'ai arrêté, je papillonne et c'est pas sérieux tout ça !
J'ai le Faulkner à la maison mais le Brink n'est pas à la bibli (ils en ont une dizaine sauf celui-là, allez comprendre..) donc je vais aller l'acheter (d'occasion je pense)).
J'attends les dates et bonnes fêtes !
Pour les LC le Brink serait fin février, il faut que je le fasse sortir du magasin de la médiathèque (j'évite d'acheter les bouquins pour les LC, en général il s'agit de bouquins que je possède déjà, et dont la lecture traîne depuis trop longtemps). ne te ruine pas! Un autre Brink peut faire l'affaire pour une LC, tu sais, justement cela peut donner d'autres idées lecture... ^_^
SupprimerQuestion programme de lecture, je n'en ai guère, sauf actuellement lire ce que je viens d'acheter (une grosse pile) et les SP demandés ou pas, d'ailleurs. Il reste de la place encore pour ce que je ramène de la bibli, mais actuellement je suis moins gourmande.
A plus!
Voilà qui me tente. Un cadre et un univers intéressants.
RépondreSupprimer100 % dépaysant, c'est sûr!
SupprimerSi c'est un roman québécois, je ne devrais pas avoir trop de mal à le trouver (je vis à Montréal). Je le note, il a l'air intéressant.
RépondreSupprimerLes trois derniers avis sont moins récents (mais enthousiastes)et émanent de Québécois!
SupprimerOui, parfois on a du mal à les trouver, ces romans, à l'est de l'Atlantique...
Conseillé par la Librairie du Québec à Paris, je vais le lire... bientôt ! ;-)
RépondreSupprimerChic, chic! J'espère que tu aimeras autant que nous!
SupprimerJe l'avais repéré depuis un moment dans les lectures québecoises. Je pense que je vais finir par céder à la tentation.;-)
RépondreSupprimerCède, cède... Il n'est pas très long en plus... ^_^
SupprimerTu es enthousiaste mais le thème ne m'attire pas une seconde.
RépondreSupprimerJe reconnais que s'intéresser au thème, ça aide!
SupprimerJe note ! A cause du sujet, l'histoire de cette communauté religieuse a quelque chose de fascinant et glaçant, je trouve. Je me souviens moi aussi d'un film israélien, superbe, où un père laissait disparaître son fils au bénéfice de sa prière. Impossible de me souvenir du titre, par contre ...
RépondreSupprimerJe crains juste un peu l'histoire d'amour, mais, bon, comme tu conseilles !
Il existe quelques films israéliens autour de cette communauté (qui a l'air de les fasciner là-bas aussi). L'histoire d'amour passe très bien, pourtant je suis la première à ricaner quand c'est mal raconté...
SupprimerLe sujet peut être intéressant et enrichissant. je note !
RépondreSupprimerTiens toi aussi tu relookes ton blog en cat ! De mon côté depuis peu, je suis copine avec une autiste asperger, qui actuellement s'éclate à refaire tout le CSS de mon blog pour que j'ai un blog sur mesure ! C'est elle aussi qui m'a fait ma nouvelle bannière !
Pour le relooking, facile chez blogspot... J'en abuse un peu d'ailleurs.
SupprimerOh ta nouvelle bannière, féline comme il se doit. Faudrait que je bidouille aussi, mes p'tis trésors sont photogéniques...
ça m'a l'air tout à fait dépaysant et intéressant, je note sur mon petit carnet :0) Je te fais un petit coucou rapide parce que mon ordi fait encore des siennes (et inutile de dire que mon fils veut bien prêter le sien mais faut pas abuser non plus au niveau du temps ;0) Bisous et bon week end
RépondreSupprimerHeureusement que tu as un ordinateur 'de secours'!
SupprimerN'hésite pas à lire ce roman, bien sûr.
Bon week end à toi aussi.
Comme je le disais chez Aifelle, j'avais lu "je suis interdite" dans la même veine, et c'était assez effrayant et d'une grande froideur. Je note celui-là, la partie "relations humaines" me paraît plus travaillé et plus émouvant.
RépondreSupprimerVous êtes convaincantes les filles.
Oui, dans ce roman on est bien dans l'ambiance et en empathie avec les personnages.
Supprimer'Je suis interdite' : ah non, là je ne connais pas ce livre!
C'est une communauté fascinante. J'ai en tête un film, dont je ne me rappelle plus le titre, sur ce sujet, autour de la vie d'une femme mariée, n'arrivant pas à enfanter, et qui se retrouvait au ban de son propre couple.
RépondreSupprimerje note le livre, si je le trouve en médiathèque.
Un peu comme Deborah du roman, ne pas être rapidement enceinte (et un enfant tous les ans ou presque),ça fait désordre. Je ne vois pas, pour le film, il semble en exister un certain nombre parlant de cette communauté.
SupprimerTrès beau billet d'un roman dont je garde un très beau souvenir de lecture.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que ce roman a eu un beau succès à sa sortie au Québec!Il le mérite.
SupprimerJe suis ravie, ravie que tu aies aimé. Ce roman, il m'a marquée. Vraiment.
RépondreSupprimerPour une fois je suis aussi enthousiaste que les autres! ^_^
SupprimerOn m'a énormément parlé de ce livre, toujours avec de bons commentaires, je ne dois pas passer à côté...
RépondreSupprimerSuper critique Keisha!
Je pense qu'il sera facile à trouver de ton côté de l'Atlantique! Ici, ce fut un livre voyageur.
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