Rêves arctiques
Artic Dreams, Imagination and Desire in a Northern Landscape, 1986
Barry Lopez
Gallmeister, 2014
National book Award en 1986
Traduction Dominique Letellier
Un Gallmeister comme je les aime, bien dodu, bien dense, avec plein de nature à l'intérieur. Dites, M'sieur Gallmeister, vous pourriez pas en fournir plus? Le noir (et je ne parle pas que du chocolat) c'est bien, l'éco terrorisme (Abbey for ever) c'est incontournable, Lonesome Dove et ses 1200 pages remplies de cow boys, c'est carrément trop court, mais... 450 pages sans un poil de fiction, destinées à "fournir au lecteur un (...) aperçu de la biologie, de l'écologie, de l'archéologie, de l'ethnographie et de l'histoire de l'Arctique", c'est le kif total!
Et je ne suis pas seule, maintenant je le sais. "Du haut d'une falaise, par un temps ensoleillé et venteux de la fin juin, il est facile de se laisser aller à des spéculations concernant l'obscur narval. (L'impression familière de dilatation, de profonde allégresse, que produisent ce genre de temps et l'occasion de voir des animaux, est résumée en un seul mot esquimau : quviannikumut, 'se sentir profondément heureux'.)
Une petite carte de la répartition des populations. En plus cela donne une bonne idée des coins où l'auteur va nous entraîner à sa suite. Couvrez-vous, c'est parti!
En plus des rencontres avec les habitants et la connaissance de leur milieu naturel, des chapitres sont consacrés au boeuf musqué (qui supporte tranquillement le vent, la neige, par - 40 degrés), au narval (des animaux fabuleusement adaptés à ces régions là) et bien sûr, l'ours!
Cet animal est incroyable! (note : calme toi, pas trop de points d'exclamation). On a essayé de le photographier sur la banquise à l'infrarouge, mais la bête était trop bien isolée pour apparaître. Les seules traces visibles étaient les empreintes restant chaudes quelques minutes après son passage . Les ours polaires se débarrassent du trop-plein de chaleur de leur corps par les paumes de leurs pattes (oui! En plus il trouve le moyen d'avoir trop chaud!)(oui, je sais, pour les points d'exclamation)
Excellent chasseur, même s'il rate quand même quelques proies (heureusement pour les phoques). Les âmes sensibles ne regarderont pas la fin de la vidéo. Bien observer au début, l'ours se roule dans la neige, "excellent absorbeur d'humidité."
https://www.youtube.com/watch?v=0mgnf6t9VEc
"Les ours polaires sont conçus durant les trois semaines d’œstrus de la femelle, entre avril et mai, mais les ovules fécondés ne s'implantent dans la cavité utérine que beaucoup plus tard"
Maintenant, les mauvaises nouvelles : le plus grand danger qui le menace, écrivait Lopez en 1986, "n'est plus la chasse, mais le développement industriel et ce qu'il amène avec lui." (...) Empoisonnement de l'environnement. Femelles dérangées par le développement de corridors de transport et expérimentations sismiques destinées à découvrir les gisements de minerais et de pétrole. Et puis les influences sur populations de phoques.
Trente ans plus tard, je crois qu'il faut ajouter le réchauffement climatique.
Naturellement Barry Lopez sait aussi partager son admiration et son respect pour les populations rencontrées, leur culture, leur art et l'utilisation extraordinairement adaptée du produit de leur chasse (en dehors de la nourriture) pour par exemple les habitations, les traîneaux, les vêtements.
"Les Esquimaux saisissent très vite l'essence de n'importe quel problème mécanique et y apportent une solution.""Comme quelqu'un le fit remarquer un jour, ils sont très malins, ces hommes souriants qui ne connaissent ni les poches, ni les chapeaux, ni la roue."
"Sur l'île Saint-Laurent, un chasseur yup'ik m'a dit un jour que ce que les Esquimaux traditionnels redoutent le plus chez nous, c'est l'ampleur et la profondeur des modifications que nous sommes en mesure d'imposer à ce pays, et le fait que nous pouvons facilement procéder à certains de ces changements par le truchement de l'électronique, depuis une ville lointaine. Les Esquimaux, qui considèrent parfois qu'ils ne sont pas entièrement détachés du monde animal, voient en nous des êtres dont la séparation d'avec ce monde pourrait bien être trop complète. Ils nous appellent, avec un mélange d’incrédulité et d'appréhension, les 'gens qui changent la nature'."
Pour ne pas allonger, je passe le chapitre sur la glace, tellement variable et multiforme, donnant une faible idée des conditions de déplacement dans la région, et des dangers, et ajoute que, de façon logique, Barry Lopez raconte longuement l'aventure de la découverte de l'Arctique par les Européens, celle du pôle et du passage par le nord. Une grande épopée souvent mue par l'intérêt ou la recherche de la gloire, mais ponctuée de son lot de tragédies.
Présentation de l'auteur par Gallmeister
Barry Lopez est né en 1945 et a grandi dans le Sud de la Californie et à New York. Il vit depuis 1968 au milieu des arbres dans l’Oregon, et voyage très souvent dans des lieux reculés de la planète, où il s’adonne aussi à la photographie. Dans ses ouvrages de non-fiction, il s’intéresse aux relations qu’entretiennent la culture des hommes et les traits des paysages. En fiction, il soulève des questions liées à l’intime, à l’éthique et à l’identité. En plus de quarante ans de carrière d’écrivain, il a reçu nombre de distinctions, dont celles de l’Académie américaine des arts et des lettres, de la fondation Guggenheim, de la National Science Foundation, et en 2004, il a été élu membre de l’Explorers Club.
Artic Dreams, Imagination and Desire in a Northern Landscape, 1986
Barry Lopez
Gallmeister, 2014
National book Award en 1986
Traduction Dominique Letellier
Un Gallmeister comme je les aime, bien dodu, bien dense, avec plein de nature à l'intérieur. Dites, M'sieur Gallmeister, vous pourriez pas en fournir plus? Le noir (et je ne parle pas que du chocolat) c'est bien, l'éco terrorisme (Abbey for ever) c'est incontournable, Lonesome Dove et ses 1200 pages remplies de cow boys, c'est carrément trop court, mais... 450 pages sans un poil de fiction, destinées à "fournir au lecteur un (...) aperçu de la biologie, de l'écologie, de l'archéologie, de l'ethnographie et de l'histoire de l'Arctique", c'est le kif total!
Et je ne suis pas seule, maintenant je le sais. "Du haut d'une falaise, par un temps ensoleillé et venteux de la fin juin, il est facile de se laisser aller à des spéculations concernant l'obscur narval. (L'impression familière de dilatation, de profonde allégresse, que produisent ce genre de temps et l'occasion de voir des animaux, est résumée en un seul mot esquimau : quviannikumut, 'se sentir profondément heureux'.)
Une petite carte de la répartition des populations. En plus cela donne une bonne idée des coins où l'auteur va nous entraîner à sa suite. Couvrez-vous, c'est parti!
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Membres de l'Inuit Circumpolar Conférence Par Kmusser — self-made using Digital Chart of the World data., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2724026 |
Cet animal est incroyable! (note : calme toi, pas trop de points d'exclamation). On a essayé de le photographier sur la banquise à l'infrarouge, mais la bête était trop bien isolée pour apparaître. Les seules traces visibles étaient les empreintes restant chaudes quelques minutes après son passage . Les ours polaires se débarrassent du trop-plein de chaleur de leur corps par les paumes de leurs pattes (oui! En plus il trouve le moyen d'avoir trop chaud!)(oui, je sais, pour les points d'exclamation)
Excellent chasseur, même s'il rate quand même quelques proies (heureusement pour les phoques). Les âmes sensibles ne regarderont pas la fin de la vidéo. Bien observer au début, l'ours se roule dans la neige, "excellent absorbeur d'humidité."
"Les ours polaires sont conçus durant les trois semaines d’œstrus de la femelle, entre avril et mai, mais les ovules fécondés ne s'implantent dans la cavité utérine que beaucoup plus tard"
Maintenant, les mauvaises nouvelles : le plus grand danger qui le menace, écrivait Lopez en 1986, "n'est plus la chasse, mais le développement industriel et ce qu'il amène avec lui." (...) Empoisonnement de l'environnement. Femelles dérangées par le développement de corridors de transport et expérimentations sismiques destinées à découvrir les gisements de minerais et de pétrole. Et puis les influences sur populations de phoques.
Trente ans plus tard, je crois qu'il faut ajouter le réchauffement climatique.
Naturellement Barry Lopez sait aussi partager son admiration et son respect pour les populations rencontrées, leur culture, leur art et l'utilisation extraordinairement adaptée du produit de leur chasse (en dehors de la nourriture) pour par exemple les habitations, les traîneaux, les vêtements.
"Les Esquimaux saisissent très vite l'essence de n'importe quel problème mécanique et y apportent une solution.""Comme quelqu'un le fit remarquer un jour, ils sont très malins, ces hommes souriants qui ne connaissent ni les poches, ni les chapeaux, ni la roue."
"Sur l'île Saint-Laurent, un chasseur yup'ik m'a dit un jour que ce que les Esquimaux traditionnels redoutent le plus chez nous, c'est l'ampleur et la profondeur des modifications que nous sommes en mesure d'imposer à ce pays, et le fait que nous pouvons facilement procéder à certains de ces changements par le truchement de l'électronique, depuis une ville lointaine. Les Esquimaux, qui considèrent parfois qu'ils ne sont pas entièrement détachés du monde animal, voient en nous des êtres dont la séparation d'avec ce monde pourrait bien être trop complète. Ils nous appellent, avec un mélange d’incrédulité et d'appréhension, les 'gens qui changent la nature'."
Pour ne pas allonger, je passe le chapitre sur la glace, tellement variable et multiforme, donnant une faible idée des conditions de déplacement dans la région, et des dangers, et ajoute que, de façon logique, Barry Lopez raconte longuement l'aventure de la découverte de l'Arctique par les Européens, celle du pôle et du passage par le nord. Une grande épopée souvent mue par l'intérêt ou la recherche de la gloire, mais ponctuée de son lot de tragédies.
Présentation de l'auteur par Gallmeister
Barry Lopez est né en 1945 et a grandi dans le Sud de la Californie et à New York. Il vit depuis 1968 au milieu des arbres dans l’Oregon, et voyage très souvent dans des lieux reculés de la planète, où il s’adonne aussi à la photographie. Dans ses ouvrages de non-fiction, il s’intéresse aux relations qu’entretiennent la culture des hommes et les traits des paysages. En fiction, il soulève des questions liées à l’intime, à l’éthique et à l’identité. En plus de quarante ans de carrière d’écrivain, il a reçu nombre de distinctions, dont celles de l’Académie américaine des arts et des lettres, de la fondation Guggenheim, de la National Science Foundation, et en 2004, il a été élu membre de l’Explorers Club.
Commentaires
Ennuyeux, non, si on aime ce type de lecture (^_^), on en apprend plein en des tas de domaines. L'auteur a aussi un bon contact avec la nature, il raconte un peu ses expériences dans le coin.
Et puis le mot quviannikumut c'est le mien maintenant! je l'ai encore ressenti hier, ce bonheur, en observant (à la jumelle) les grues cendrées profiter d'un beau soleil pour continuer leur migration...
Pour terminer, vois avec ta bibli...
j'avais fait un petit billet pour annoncer sa réédition car c'était vraiment une bonne nouvelle
J'ai retrouvé ton billet!
http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2014/07/08/bonne-nouvelle-5406713.html
Alors, tu le relis, ce livre? ^_^
Bref, Gallmeister. Ce livre -même sans histoire (quoique, la découverte de ces régions...)est habilement conçu, alternant les époques, les informations et les déplacements et réflexions de l'auteur.
Mon problème c'est que si j'adore ces trucs nature writing, j'aime aussi les mystères policiers pas trop gore...
Un Gallmeister dodu, mais qui mérite lecture.
En tout cas, super contente que ce soit un coup de coeur pour toi :-)
Une relecture, tiens, oui?
De mon côté, je note ce Gallmeister...
C'est bizarre j'ai un peu de mal à aller vers les livres de ce genre, je suis attiré par les films, plus "vivants".
Il suffirait de faire le pas, de plus celui-ci traite (très bien, si je vous l:is) d'un sujet qui m'importe.
Quand même, les ours polaires, c'est quelque chose...
traduite en finnois. Peut-être est-ce disponible en francais?
Nadine N.
Je suis d'accord, un film est plus visuel, forcément, et avec ces livres on doit d'avoir se représenter le paysage dans sa tête (au risque de tomber à côté) mais tant pis. Pour les films, il en existe de fort bien faits, et pas forcément avec des animaux exotiques (j'en ai vu sur la loutre, par exemple)
Ce matin petite gelée quand même!
Celui-ci me tente beaucoup.
Mais pour les documents nature, là je craque!
Un autre à côté duquel je ne peux pas passer...
Plus il fait froid mieux c'est! :D))
Heureusement que tu aimes le froid! ^_^ Perso ça me va aussi, le problème serait le manque de soleil l'hiver...