Soif de musique
Romel
Daphnis et Chloé, 2016
Ce roman inconnu d'un auteur inconnu s'est matérialisé dans ma boîte à lettres sans crier gare mais je lui ai fait subir le même sort qu'aux autres, à savoir lui donner sa chance. La narration est au présent, en phrases courtes et vives, mais après un (petit) moment d'adaptation j'étais cuite et j'ai dévoré ce roman avec un immense plaisir.
En concert j'essaie de me placer un peu à l'aile gauche de la salle, histoire de voir courir les mains du pianiste sur les touches (dernier coup de cœur, Gaspard Dehaene avec un Ravel habité), alors autant dire que ce roman m'était destiné!
J'ai donc suivi les premiers pas d'Hector, enfant virtuose ne vivant que pour le piano (et, hum, il est aussi doué en mathématiques), fils d'une pianiste assez vite dépassée par les dons de sa progéniture et souffrant de leur éloignement, et d'un chef d'orchestre attentif, de bon conseil et muni bien sûr d'un beau carnet d'adresses. Le talent d'Hector ne sera pas gâché, il aura les bons maîtres et les bons guides, entre autres un immense russe flamboyant turbinant à la vodka.
"Il fallait voir Claudio Arrau courir au piano, le prendre à bras le corps. Il fallait voir Wladimir Horowitz flatter son Steinway comme un pur-sang rétif qu'il allait maîtriser, mener pendant deux heures sur les obstacles les plus extrêmes."
J'ai adoré pénétrer dans l'intimité d'un instrumentiste, son travail acharné, ses recherches, ses doutes, son trac, ses fulgurances. La préparation au Concours International Tchaïkovski à Moscou, une partie passionnante du roman. Puis la carrière internationale. Et toujours le travail, éreintant, l'évolution, la quasi perfection, et puis?
"Comme un bœuf couché dans l'herbe de sa prairie, je rumine mon Beethoven. En musique comme en algèbre, les intuitions existent. De nouvelles émotions à faire surgir de Beethoven. Je les sens, je trouverai."
Romel parle merveilleusement bien de musique, et son roman a parfaitement résonné en moi. Durant ma lecture j'ai particulièrement pensé à Mior et Anne ...
"Des suites de calcul nous émeuvent par leur esthétique. On peut les expliquer, alors elles finissent par devenir banales. Mais pourquoi une suite de sons, une simple mélodie, nous émeut plusieurs siècles après leur composition?"
Romel
Daphnis et Chloé, 2016
Ce roman inconnu d'un auteur inconnu s'est matérialisé dans ma boîte à lettres sans crier gare mais je lui ai fait subir le même sort qu'aux autres, à savoir lui donner sa chance. La narration est au présent, en phrases courtes et vives, mais après un (petit) moment d'adaptation j'étais cuite et j'ai dévoré ce roman avec un immense plaisir.
En concert j'essaie de me placer un peu à l'aile gauche de la salle, histoire de voir courir les mains du pianiste sur les touches (dernier coup de cœur, Gaspard Dehaene avec un Ravel habité), alors autant dire que ce roman m'était destiné!
J'ai donc suivi les premiers pas d'Hector, enfant virtuose ne vivant que pour le piano (et, hum, il est aussi doué en mathématiques), fils d'une pianiste assez vite dépassée par les dons de sa progéniture et souffrant de leur éloignement, et d'un chef d'orchestre attentif, de bon conseil et muni bien sûr d'un beau carnet d'adresses. Le talent d'Hector ne sera pas gâché, il aura les bons maîtres et les bons guides, entre autres un immense russe flamboyant turbinant à la vodka.
"Il fallait voir Claudio Arrau courir au piano, le prendre à bras le corps. Il fallait voir Wladimir Horowitz flatter son Steinway comme un pur-sang rétif qu'il allait maîtriser, mener pendant deux heures sur les obstacles les plus extrêmes."
J'ai adoré pénétrer dans l'intimité d'un instrumentiste, son travail acharné, ses recherches, ses doutes, son trac, ses fulgurances. La préparation au Concours International Tchaïkovski à Moscou, une partie passionnante du roman. Puis la carrière internationale. Et toujours le travail, éreintant, l'évolution, la quasi perfection, et puis?
"Comme un bœuf couché dans l'herbe de sa prairie, je rumine mon Beethoven. En musique comme en algèbre, les intuitions existent. De nouvelles émotions à faire surgir de Beethoven. Je les sens, je trouverai."
Romel parle merveilleusement bien de musique, et son roman a parfaitement résonné en moi. Durant ma lecture j'ai particulièrement pensé à Mior et Anne ...
"Des suites de calcul nous émeuvent par leur esthétique. On peut les expliquer, alors elles finissent par devenir banales. Mais pourquoi une suite de sons, une simple mélodie, nous émeut plusieurs siècles après leur composition?"
Commentaires
Il y a pourtant des liens évidents entre musique et mathématiques.
Je suis aussi fan d'opéra, et de musique en général, le vrai concert, c'est incomparable!
J'attends tes biographies (Glenn Gould?)
Voyage? La bête dépasse les fameux 3 cm de La Poste, faut se renseigner. Mais c'est possible.
« On ne lâche pas ce livre, du début jusqu'à la fin. Sens du rythme, de l'intrigue, de la progression dramatique - voilà les qualités évidentes de ce roman.
Mieux : Romel réussit à rendre intelligible pour le profane la dramaturgie inhérente à la vie d'un génie de la musique, depuis les premières leçons jusqu'aux concours internationaux. Mettre des mots sur des émotions musicales, quoi de plus difficile ? Et pourtant le lecteur les ressent, comme s'il était un spectateur dans une salle de concert.
Enfin, dernier compliment, le choix du sujet : c'est original et très fort. Le parcours d'Hector qui, à 22 ans, choisit le silence m'a évidemment fait penser à la mythique figure de Rimbaud. Je n'avais jamais pensé que cette trajectoire courte et brillante et qui s’achève par une décision incompréhensible pouvait se retrouver dans d'autres disciplines artistiques. Grâce à Romel, je le sais. »
Pauline Dreyfus
Oui, Rimbaud, mais j'ai aussi eu en tête le parcours de Glenn Gould, qui abandonna sa carrière de concertiste fort tôt. Le roman de Romel permet aussi de comprendre comment on peut décider d'arrêter.