Crossing to safety
(En lieu sûr)
Wallace Stegner
Modern Classics, 2013
Première parution 1987
Je sens que je vais perdre toute crédibilité en proposant (encooooore!) un coup de cœur d'un auteur chouchou, mais tant pis. De toute façon c'est le dernier, et comme En lieu sûr ne se trouve plus en librairie, j'ai dû m'y coller en VO. L'occasion extraordinaire de découvrir l'écriture de Stegner sans le filtre de la traduction. Des allitérations parfois impossibles à rendre, l'usage virtuose de la langue anglaise et de ses préfixes et suffixes, un vocabulaire d'une précision incroyable pour décrire la nature (normal si on connaît Stegner) mais aussi une femme en train de tricoter (j'ai été bluffée, on s'y croyait, quel sens de l'observation).
Dominique (une autre fan) explique dans son billet avoir su dès le début que c'était un bon roman, et ses raisons sont absolument validées. Les 320 pages se lisent avec grand bonheur, et une tendance à ralentir la lecture pour faire durer le plaisir.
Alors, de quoi ça parle? Ce n'est pas vraiment nécessaire de le savoir, mais puisque vous ne me faites pas confiance (sachez quand même que je l'ai acheté et lu sans vraiment connaître le contenu, moi, Stegner sur une couverture, ça me suffit), en voici une petite idée et n'allez pas râler après que j'en ai trop dit.
A la fin des années 30, dans une petite ville du Wisconsin, deux couples tombent en amitié, comme on dirait tombent en amour. Surtout de par la volonté de Charity, l'énergique épouse de Sid Lang. Ils viennent du nord est des Etats Unis, où la famille de Charity possède maison et terrain près d'un lac, Battell Pond, et ils sont plutôt aisés. L'autre couple, Larry et Sally Morgan, originaires eux de l'ouest du pays, n'ont plus de famille et vivent du salaire de professeur de Larry.
En dépit d'une certain déséquilibre de départ, leur amitié démarre très fort car les maris sont collègues et les épouses enceintes et devant accoucher à la même période...
Le roman débute en 1972, quand les Morgan reviennent à Battell Pond, et Larry le narrateur revient sur la passé. Procédé bien connu, mais parfaitement maîtrisé par Stegner, qui distille les informations en avançant et reculant dans le temps, des détails ne venant qu'après l'annonce d'un événement.
Des passages éblouissants, y compris dans le souvenir de Larry, cette randonnée dans les bois et le malaise entre Charity et Sid, cette Charity a toujours voulu tout contrôler, tout prévoir, et la lumineuse année en Italie. Stegner est un auteur sachant présenter ses personnages l'air de rien, faire sentir une ambiance, on pourrait juger (Charity est vraiment terrible!) mais toujours un détail apporte un autre éclairage.
Que dire de plus? Des passages aussi sur l'écriture (Larry écrit romans et articles, avec succès, Sid aimerait écrire plus de poésie, mais... oui, compris, Charity veille à sa carrière universitaire!) et son propre roman dans les mains du lecteur? Voir l'article de chronicart, faisant référence aux pages 230/231 et puis quand la fille des Lang suggère que Larry écrive sur ses parents, "How do you make a book that anyone will read out of lives as quiet as these? Where are the things that novelists seize upon and readers expect? Where is the high life, the conspicuous waste, the violence, the kinky sex, the death wish? Where are the suburban infedilities, the promiscuities, the convulsive divorces, the alcohol, the drugs, the lost week ends?Where are the hatred, the politicol ambirions, the lsut for power? Where are speed, noise, ugliness, everything that makes us who we are and makes us recognize ourselves in fiction?"
Et puis des passages, comme ça, au détour d'une phrase
"Dying's an important event. You can't rehearse for it." (Mourir est un événement important. Vous ne pouvez le répéter." (répéter au sens théâtre)
Le père de Larry qui disait à son fils
"Do what you like to do. It'll probably turn out to be what you do best." (Fais ce que tu aimes faire. Ce sera probablement ce que tu feras le mieux)(alors que le père de Sid ne voulait pas qu'il suive des études littéraires)
Un auteur à lire absolument!
(En lieu sûr)
Wallace Stegner
Modern Classics, 2013
Première parution 1987
Je sens que je vais perdre toute crédibilité en proposant (encooooore!) un coup de cœur d'un auteur chouchou, mais tant pis. De toute façon c'est le dernier, et comme En lieu sûr ne se trouve plus en librairie, j'ai dû m'y coller en VO. L'occasion extraordinaire de découvrir l'écriture de Stegner sans le filtre de la traduction. Des allitérations parfois impossibles à rendre, l'usage virtuose de la langue anglaise et de ses préfixes et suffixes, un vocabulaire d'une précision incroyable pour décrire la nature (normal si on connaît Stegner) mais aussi une femme en train de tricoter (j'ai été bluffée, on s'y croyait, quel sens de l'observation).
Dominique (une autre fan) explique dans son billet avoir su dès le début que c'était un bon roman, et ses raisons sont absolument validées. Les 320 pages se lisent avec grand bonheur, et une tendance à ralentir la lecture pour faire durer le plaisir.
Alors, de quoi ça parle? Ce n'est pas vraiment nécessaire de le savoir, mais puisque vous ne me faites pas confiance (sachez quand même que je l'ai acheté et lu sans vraiment connaître le contenu, moi, Stegner sur une couverture, ça me suffit), en voici une petite idée et n'allez pas râler après que j'en ai trop dit.
A la fin des années 30, dans une petite ville du Wisconsin, deux couples tombent en amitié, comme on dirait tombent en amour. Surtout de par la volonté de Charity, l'énergique épouse de Sid Lang. Ils viennent du nord est des Etats Unis, où la famille de Charity possède maison et terrain près d'un lac, Battell Pond, et ils sont plutôt aisés. L'autre couple, Larry et Sally Morgan, originaires eux de l'ouest du pays, n'ont plus de famille et vivent du salaire de professeur de Larry.
En dépit d'une certain déséquilibre de départ, leur amitié démarre très fort car les maris sont collègues et les épouses enceintes et devant accoucher à la même période...
Le roman débute en 1972, quand les Morgan reviennent à Battell Pond, et Larry le narrateur revient sur la passé. Procédé bien connu, mais parfaitement maîtrisé par Stegner, qui distille les informations en avançant et reculant dans le temps, des détails ne venant qu'après l'annonce d'un événement.
Des passages éblouissants, y compris dans le souvenir de Larry, cette randonnée dans les bois et le malaise entre Charity et Sid, cette Charity a toujours voulu tout contrôler, tout prévoir, et la lumineuse année en Italie. Stegner est un auteur sachant présenter ses personnages l'air de rien, faire sentir une ambiance, on pourrait juger (Charity est vraiment terrible!) mais toujours un détail apporte un autre éclairage.
Que dire de plus? Des passages aussi sur l'écriture (Larry écrit romans et articles, avec succès, Sid aimerait écrire plus de poésie, mais... oui, compris, Charity veille à sa carrière universitaire!) et son propre roman dans les mains du lecteur? Voir l'article de chronicart, faisant référence aux pages 230/231 et puis quand la fille des Lang suggère que Larry écrive sur ses parents, "How do you make a book that anyone will read out of lives as quiet as these? Where are the things that novelists seize upon and readers expect? Where is the high life, the conspicuous waste, the violence, the kinky sex, the death wish? Where are the suburban infedilities, the promiscuities, the convulsive divorces, the alcohol, the drugs, the lost week ends?Where are the hatred, the politicol ambirions, the lsut for power? Where are speed, noise, ugliness, everything that makes us who we are and makes us recognize ourselves in fiction?"
Et puis des passages, comme ça, au détour d'une phrase
"Dying's an important event. You can't rehearse for it." (Mourir est un événement important. Vous ne pouvez le répéter." (répéter au sens théâtre)
Le père de Larry qui disait à son fils
"Do what you like to do. It'll probably turn out to be what you do best." (Fais ce que tu aimes faire. Ce sera probablement ce que tu feras le mieux)(alors que le père de Sid ne voulait pas qu'il suive des études littéraires)
Un auteur à lire absolument!
Promis, j'arrête les coups de coeur... |
Tu donnes très envie !
RépondreSupprimerNe me dis pas que tu n'as jamais lu cet auteur? ^_^
SupprimerMa bibliothèque l'a. Avec trois autres romans. En français évidemment, mais on fait ce qu'on peut ..
RépondreSupprimerHeureuse es-tu! Il a fallu que je le commande spécialement pour pouvoir le lire ! Les autres titres se trouvent, j'en ai plein sur mes étagères...
SupprimerAi-je le choix? Non, je suis obligée de le lire maintenant... Je pense que la VO est une bonne idée!
RépondreSupprimerLes autres titres sont disponibles, mais plus celui ci, alors je me suis collée à la VO et finalement c'était jouable.
SupprimerJe n'ai jamais rien lu de cet auteur, j'imagine que ce n'est pas pour moi, mais je peux me tromper !
RépondreSupprimerC'est absolument pour toi. Tous les titres. ^_^
Supprimerje n'ai jamais lu ton auteur chouchou et ce titre est à biblio !
RépondreSupprimerQuelle chance! Fonce...
Supprimerrôooo comment résister ? Et moi qui avais jeté mon dévolu sur "la grosse montagne en sucre" que ressort Gallmeister en avril !
RépondreSupprimerOuiiiiiiii! La grosse montagne en sucre, plutôt autobiographique d'ailleurs. Et gros, le bouquin. Bravo Gallmeister!
SupprimerTentée , forcément ! ps: j'adore ton tampon "coup de cœur" ! :)
RépondreSupprimerAh quel auteur! Oui, j'aime beaucoup ce tampon, et comme je viens de vivre une période faste, j'en ai un peu abusé peut-être... Mais là, pour l'auteur et son oeuvre, ça se justifie!
Supprimerah tu sais ce que j'en pense, il serait temps que les éditions phébus réédite ce livre magnifique
RépondreSupprimerDeux commentaires me signalent sa présence dans une bibli, sinon, oui, il serait temps que Phébus (ou Gallmeister, tiens?) s'y mettent!
SupprimerImpossible de passer à côté ! quelle vendeuse, et les extraits sont sublimes (j'adore lire en vo certains auteurs car ça chante presque à nos oreilles ! )
RépondreSupprimerEt puis c'est presque 100% USA avec de gros morceaux de nature dedans...
SupprimerMerci pour ce billet tentateur... Il est plus que temps que je découvre Wallace Stegner et ce titre serait un bon début! Ne me reste plus qu'à le dénicher!
RépondreSupprimerOh tous ses romans sont bons! Tu les trouveras aisément, en bibli ou librairie (existent en poche)
SupprimerBel enthousiasme, mais j'ai lu dans les réponses aux com' qu'il y avait de gros morceaux de nature dedans, ahem.^^ Mais bon, ton coup de coeur auteur est tellement intense que ça en est tentant, j'y mettrai quand même le nez dedans un jour pour voir.
RépondreSupprimerOh c'est une erreur de ma part, il y a une sortie en bateau et une randonnée, mais rien de très méchant, tu survivras! Et puis aussi un séjour à Florence...
SupprimerVoyons, souviens toi de ce que je disais de Schoeman, j'avais raison, eh bien pour Stegner c'est pareil.
Inconnu au bataillon pour moi, cet écrivain, mais tu me donnes franchement envie d'en savoir plus !...
RépondreSupprimerAlors je fais bien d'en parler, car il est mort et ne peux se défendre! ^_^
SupprimerKeisha, ne me frappe pas, mais je ne connais pas cet auteur. Je vais me reprendre... Je l'ai retenu à la bibli..
RépondreSupprimerOui, oui, très bien!!! Je l'aime tellement!
SupprimerMais comment se fait-il que je n'aie pas encore lu tous tes auteurs chouchous ???
RépondreSupprimerA la bib de Blois il y a : "Vue cavalière", "Angle d'équilibre", "La vie obstinée", "Le goût sucré des pommes sauvages" et "Lettres pour le monde sauvage" : je choisis quoi en premier ?
Heu, alors? (bonne bibli, au fait). Sache que Lettres pour le monde sauvage est un recueil de (bons) textes, assez nature writing, et autobiographiques, alors il vaut mieux le lire après La bonne grosse montagne en sucre, roman pas mal autobiographique, mais si tu lis l'autre avant, tu auras trop de spoilers...
SupprimerEnsuite, Le goût sucré des pommes sauvages est un recueil de (bonnes) nouvelles, la dernière très longue d'ailleurs, une quasi novella.
Que reste-il? Angle d'équilibre. Ou La vie obstinée vraiment très bien, et on trouve le même couple (mais ça n'a pas d'importance) dans Vue cavalière, lu il y a très très longtemps, et que je devrais bien relire!
Pour conclure, je te dirais La vie obstinée?
Voilà qui est noté : merci !
SupprimerDe rien, alourdir les PAL de bons romans, c'est mon plaisir!
SupprimerPour cause d'overdose professionnelle, cela faisait au moins quatre jours que je n'étais pas venue bloguer en ces pages (un record !!!), résultat, deux titres en plus notés, "La deux chevaux verte" et celui-ci !!! Au du moins son auteur, tu recommanderai quel titre pour le découvrir (même si tu le dis, tous sont bien) ?
RépondreSupprimerBouarf! Je viens de répondre à Sandrine juste avant... Selon les disponibilités de ta bibli, en fait, mais j'ai prévenu pour les risques de spoilers...
SupprimerJe ne connais pas du tout mais ça à l'air génial ! Noté, merci !
RépondreSupprimerC'est un grand grand écrivain américain, mais parfaitement accessible! A découvrir!
SupprimerComment résister, je vais aller faire un petit tour en médiathèque.Je ne connaissais pas cet auteur, et moi qui croyais lire beaucoup! c'est comme ça, il faut vraiment rester modeste face à tous les bons livres qu'on a pas lus
RépondreSupprimerC'est comme pour Schoeman, on veut tout en lire, tellement c'est un écrivain qui parle à tous.
SupprimerLu en v.o., chapeau ! Je ne m'y risquerai pas, je me contente des bonnes traductions de l'éditeur. Il y a encore plein de Stegner que je n'ai pas lus, ah la la...
RépondreSupprimerEcoute, je voulais absolument le lire!!! Il faudrait qu'il soit réédité, et comme Gallmeister a l'air de s'y atteler, soyons optimistes!
SupprimerOui, cela donne très envie et tu n'en dis pas trop.
RépondreSupprimerJe l'ai lu avec bonheur, on n'a pas vraiment besoin de trop en savoir!
SupprimerJe ne connais pas l'auteur. Et je ne lis pas de livres en anglais. Il faudrait que je le découvre avec un autre titre alors...
RépondreSupprimerVoilà! Fouine à ta bibli (sinon, change de bibli, non mais) ^_^
SupprimerJe note l'auteur même si le résumé en lui-même n'est pas particulièrement attirant...
RépondreSupprimerJe n'ai absolument pas tout dit, un détail particulier, connu dès le début, a une grosse importance, mais non, je reste muette. Fais moi confiance... ^_^
SupprimerJe ne connais pas cet auteur mais ton enthousiasme donne très envie!
RépondreSupprimerUn de mes chouchous depuis très très longtemps!
SupprimerQue j'avais aimé La bonne grosse montagne en sucre! C'est vrai que c'est un écrivain qui a du style et de la personnalité et des choses à dire!Il faudrait que j'en lise d'autres de lui!
RépondreSupprimerOh oui, pense à lui, un (bon) roman de temps en temps...
Supprimerlire en VO... il faudrait que je tente, mais je crains que mon niveau ne soit pas suffisant! En tout cas tu es très tentante!
RépondreSupprimerLis le en français, il y a d'autres titres. Et pour la VO, démarre avec Agatha Christie, très abordable.
Supprimeron se plie à tous tes coups de coeur! Je note!
RépondreSupprimerMerci! Mais je vais me calmer, sinon ce n'est plus crédible. ^_^
SupprimerJ'ai lu un roman de lui! Depuis le temps que tu en parles, ça devait arriver. Et j'ai beaucoup aimé... je vais poster une chronique bientôt.
RépondreSupprimerChic, chic! Tout lecteur plaçant la barre assez haut, et recherchant aussi du plaisir de lecture, ne peut qu'aimer!
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