Oui mon commandant
Amadou Hampâté Bâ
Actes sud, 1994
A la fin de Amkoullel, l'enfant peul, l'on quittait Amadou Hampâté Bâ, âgé de 22 ans et affecté en Haute-Volta (Burkina-Faso) avec le titre d’'écrivain temporaire essentiellement précaire et révocable'. Autant dire le bas de l'échelle parmi les fonctionnaires de l'administration coloniale.
Ce deuxième volume s'étend sur une dizaine d'années, au cours desquelles l'auteur occupera différents postes dans la sous-région, et sera donc un témoin incomparable du fonctionnement de l'administration et des rapports parfois tendus avec les autorités traditionnelles. Anecdotes amusantes ou plus tragiques, et surtout portraits de commandants de cercle ou gouverneurs, certains justes et honnêtes, d'autres plus difficiles à côtoyer. La population n'hésitait pas à les affubler souvent de surnoms savoureux.
L'auteur demeure assez réservé sur sa vie personnelle, suivant en cela les habitudes peuls. Il va se marier avec une cousine (mariage arrangé et plutôt heureux) et prendra une seconde épouse à l'insu de son plein gré (si!). Rien que ces deux mariages en disent beaucoup sur lui et les traditions. Obéissance aux parents, respect à la fois des traditions et des anciens, voilà qui contribue à entériner des décisions non prises par lui au départ.
Auparavant il emmagasinait dans sa mémoire les contes et traditions entendues dans son enfance, mais à partir du voyage vers son premier poste il commence à noter par écrit, rencontrant, interrogeant, ne ratant aucune occasion, et acceptant l'aide de ses amis éloignés géographiquement.
Un rare portrait de lui au départ, alors qu'un griot veut chanter ses louanges (l'auteur explique bien aussi ce qu'est un griot)
"C'est une 'oreille rouge', un Peul, un homme ni blanc ni noir."
"Il est jeune. Il vient seulement d'être nommé, mais sa mère semble aisée; elle a dû lui donner une bonne provision d'argent. Il aime écouter les épopées. Il sait lire le Coran et n'est pas licencieux. Il n'est pas distant, mais c'est un Peul..."
Ses différentes fonctions lui permettent d'observer mais aussi parfois d'aplanit des difficultés et d'éviter que des situations ne s'enveniment.
La fin du livre est presque consacrée à l'enseignement de son maître Tierno Bokar, "enseignements d'amour et de tolérance".
Après un rapide parcours historique, il peut donner son avis sur la colonisation (et post colonisation). Il reconnait l'intérêt du français comme "langue de communication universelle", mais n'oublions pas que les Africains connaissent en général plusieurs langues autres que le français ou l'anglais, leur permettant de communiquer, et
"Les règles qui président aux échanges internationaux restent les mêmes dans les grandes lignes : acheter le moins cher possible les matières premières, et revendre le plus cher possible les produits manufacturés."
J'ai adoré aussi retrouver des expressions encore utilisées de nos jours, comme 'Comment va ton étranger' ou 'demander la route'.
Je participe encore au challenge Lire sous la contrainte
et Lire le monde
Amadou Hampâté Bâ
Actes sud, 1994
A la fin de Amkoullel, l'enfant peul, l'on quittait Amadou Hampâté Bâ, âgé de 22 ans et affecté en Haute-Volta (Burkina-Faso) avec le titre d’'écrivain temporaire essentiellement précaire et révocable'. Autant dire le bas de l'échelle parmi les fonctionnaires de l'administration coloniale.
Ce deuxième volume s'étend sur une dizaine d'années, au cours desquelles l'auteur occupera différents postes dans la sous-région, et sera donc un témoin incomparable du fonctionnement de l'administration et des rapports parfois tendus avec les autorités traditionnelles. Anecdotes amusantes ou plus tragiques, et surtout portraits de commandants de cercle ou gouverneurs, certains justes et honnêtes, d'autres plus difficiles à côtoyer. La population n'hésitait pas à les affubler souvent de surnoms savoureux.
L'auteur demeure assez réservé sur sa vie personnelle, suivant en cela les habitudes peuls. Il va se marier avec une cousine (mariage arrangé et plutôt heureux) et prendra une seconde épouse à l'insu de son plein gré (si!). Rien que ces deux mariages en disent beaucoup sur lui et les traditions. Obéissance aux parents, respect à la fois des traditions et des anciens, voilà qui contribue à entériner des décisions non prises par lui au départ.
Auparavant il emmagasinait dans sa mémoire les contes et traditions entendues dans son enfance, mais à partir du voyage vers son premier poste il commence à noter par écrit, rencontrant, interrogeant, ne ratant aucune occasion, et acceptant l'aide de ses amis éloignés géographiquement.
Un rare portrait de lui au départ, alors qu'un griot veut chanter ses louanges (l'auteur explique bien aussi ce qu'est un griot)
"C'est une 'oreille rouge', un Peul, un homme ni blanc ni noir."
"Il est jeune. Il vient seulement d'être nommé, mais sa mère semble aisée; elle a dû lui donner une bonne provision d'argent. Il aime écouter les épopées. Il sait lire le Coran et n'est pas licencieux. Il n'est pas distant, mais c'est un Peul..."
Ses différentes fonctions lui permettent d'observer mais aussi parfois d'aplanit des difficultés et d'éviter que des situations ne s'enveniment.
La fin du livre est presque consacrée à l'enseignement de son maître Tierno Bokar, "enseignements d'amour et de tolérance".
Après un rapide parcours historique, il peut donner son avis sur la colonisation (et post colonisation). Il reconnait l'intérêt du français comme "langue de communication universelle", mais n'oublions pas que les Africains connaissent en général plusieurs langues autres que le français ou l'anglais, leur permettant de communiquer, et
"Les règles qui président aux échanges internationaux restent les mêmes dans les grandes lignes : acheter le moins cher possible les matières premières, et revendre le plus cher possible les produits manufacturés."
J'ai adoré aussi retrouver des expressions encore utilisées de nos jours, comme 'Comment va ton étranger' ou 'demander la route'.
Je participe encore au challenge Lire sous la contrainte
et Lire le monde
Celui là je ne l'ai pas lu et j'avoue que je n'ai pas très envie de m'y remettre.
RépondreSupprimerIl est pourtant excessivement intéressant!
SupprimerPourquoi pas, tu en dis tellement de bien.
RépondreSupprimerIntéressant et bien observé.
Supprimerje me suis dit : elle radote ? mais non c'est le deuxième volume - j'ignore comment tu fais pour avaler tant de mots !
RépondreSupprimerOui, le second volume (un troisième était peut-être prévu, mais l'auteur est décédé)(dommage)
SupprimerJe lis très vite, c'est ça!
Pionnier de la littérature africaine , un grand homme . ces ouvrages sont parmi les meilleurs que j'ai pu lire .
RépondreSupprimerTout à fait d'accord.
SupprimerLe 2e volume compte une voyelle également comme initiale. Super !
RépondreSupprimerMerci pour cette énième participation. Je ne compte plus ! Encore une alors?
Moi, je vais arriver trop court, je crois !
Il y a longtemps que je ne compte plus... ^_^
SupprimerMais le prochain sera peut-être moins facile, alors j'en profite!
Vais-je aller rouvrir ce deuxieme opus ? Je viens de relire en biais le premier( la faute à qui alors que j'ai plein de livres qui m'attendent) et la magie opère toujours.Non je ne toucherais pas à Wangrin ( aaargh, qu'il est dur de resister à l'appel de l'Afrique)
RépondreSupprimerM'en parle pas, je viens de découvrir que Wangrin est à la bibli (OK, en magasin, et bien sûr je l'ai déjà lu - en 2003)
SupprimerT'inquiète, c'est en projet (depuis plusieurs années maintenant mais bon).:-)
RépondreSupprimerTu devrais te régaler, j'en suis sûre. Faut-il que je mette en place une alerte pour toi? ^_^
SupprimerOn en redemande je me suis regalee
RépondreSupprimerMerci, merci, je me sentais un petit peu seule!!! ^_^
SupprimerEn relisant un petit livre 10 ans de lectures années 90 j'ai noté l'auteur. Il est au programme l'an prochain j'ai envie de consacrer plus de temps aux classiques et livres parus depuis longtemps.Proust en Janvier surement ..
RépondreSupprimerBonne fêtes de fin d'année
Bonnes fêtes à toi.
SupprimerProust en janvier, bonne nouvelle, j'attends ton avis. Hampaté Ba sera parfait pour alterner, d'ailleurs.