Rien
Emmanuel Venet
Verdier, 2013
Trop fort, Emmanuel Venet. Franchement, question titre peu attirant, on frôle le record du monde. Mais heureusement, après lecture de deux de ses (minces) opus, je savais que sous la couverture jaune de Verdier se cachait sûrement une pépite que je n'allais pas rater, non mais!
Un couple, Agnès et le narrateur, dont le mariage atteint 20 ans d'âge sans trop de brillance, ont loué une chambre au Negresco. Hélas celle où logea Jean-Germain Gaucher et Marthe Lambert n'existe plus. Jean-Germain Gaucher? Mais oui, ce compositeur fin 19ème début 20ème, dont les seules œuvres valables ne furent jamais données, et qui se fit connaître par des opérettes ou chansons données en cabaret parisien. Une vie ratée à tous points de vue, se terminant sous un demi-queue Pleyel en 1924 (oui, sous, et ça pèse lourd). Mais, avec Emmanuel Venet, une vie passionnante, écrite d'une écriture impeccable bourrée de second degré. Une vie en écho avec celle du narrateur, musicologue n'ayant produit que d'obscurs volumes sur ce musicien de troisième zone...
Était-il trop gentil pour réussir?
"Tous les génies se conduisent envers autrui comme des butors voire des délinquants, profitent et abusent de leurs proches en toute sérénité, se font entretenir sans contrepartie et finissent par mordre, un jour ou l'autre, la main qui les a nourris. Un véritable artiste ne s'inquiète nullement pour le bonheur de ses enfants: au mieux il les condamne aux travaux forcés comme Bach, dont les marmots engendrés par douzaines consacraient leurs vertes années à copier les parties séparées de ses cantates; au pire il ne les reconnaît pas lorsqu'il les croise dans la rue, comme Schumann dont l'unique obsession consistait à écrire des pièces en apparence faciles mais exigeant une extrême virtuosité, histoire d'obliger sa femme à des prouesses pianistiques que le public ne détecterait pas."
Hélas les jouissives pages 112 et 113 sont bien longues à recopier, où l'auteur se lâche férocement sur les touristes du bout du monde, les amateurs d'automobiles, les écrans divers...
Les avis de charybde 27,
Dernier petit livre (43 pages) à la médiathèque
Ferdière, psychiatre d'Antonin Artaud
Emmanuel Venet
Verdier, 2006
Si vous connaissez en gros l'histoire, c'est à lire car transfiguré par l'écriture d'Emmanuel Venet.
Si comme moi vous ne connaissez que le nom d'Artaud, vous apprendrez que Ferdière était son psychiatre dans les années 40, noté comme poète et médecin, beaucoup critiqué (à l'époque certaines méthodes étaient limite limite, mais il a essayé de nourrir ses patients, c'est à son crédit)
A lire évidemment.
En parlent : charybde 27,
Voilà, j'ai lu les quatre présents à la bibli, maintenant vous lisez Venet, je ne peux plus rien pour vous!
Emmanuel Venet
Verdier, 2013
Trop fort, Emmanuel Venet. Franchement, question titre peu attirant, on frôle le record du monde. Mais heureusement, après lecture de deux de ses (minces) opus, je savais que sous la couverture jaune de Verdier se cachait sûrement une pépite que je n'allais pas rater, non mais!
Un couple, Agnès et le narrateur, dont le mariage atteint 20 ans d'âge sans trop de brillance, ont loué une chambre au Negresco. Hélas celle où logea Jean-Germain Gaucher et Marthe Lambert n'existe plus. Jean-Germain Gaucher? Mais oui, ce compositeur fin 19ème début 20ème, dont les seules œuvres valables ne furent jamais données, et qui se fit connaître par des opérettes ou chansons données en cabaret parisien. Une vie ratée à tous points de vue, se terminant sous un demi-queue Pleyel en 1924 (oui, sous, et ça pèse lourd). Mais, avec Emmanuel Venet, une vie passionnante, écrite d'une écriture impeccable bourrée de second degré. Une vie en écho avec celle du narrateur, musicologue n'ayant produit que d'obscurs volumes sur ce musicien de troisième zone...
Était-il trop gentil pour réussir?
"Tous les génies se conduisent envers autrui comme des butors voire des délinquants, profitent et abusent de leurs proches en toute sérénité, se font entretenir sans contrepartie et finissent par mordre, un jour ou l'autre, la main qui les a nourris. Un véritable artiste ne s'inquiète nullement pour le bonheur de ses enfants: au mieux il les condamne aux travaux forcés comme Bach, dont les marmots engendrés par douzaines consacraient leurs vertes années à copier les parties séparées de ses cantates; au pire il ne les reconnaît pas lorsqu'il les croise dans la rue, comme Schumann dont l'unique obsession consistait à écrire des pièces en apparence faciles mais exigeant une extrême virtuosité, histoire d'obliger sa femme à des prouesses pianistiques que le public ne détecterait pas."
Hélas les jouissives pages 112 et 113 sont bien longues à recopier, où l'auteur se lâche férocement sur les touristes du bout du monde, les amateurs d'automobiles, les écrans divers...
Les avis de charybde 27,
Dernier petit livre (43 pages) à la médiathèque
Ferdière, psychiatre d'Antonin Artaud
Emmanuel Venet
Verdier, 2006
Si vous connaissez en gros l'histoire, c'est à lire car transfiguré par l'écriture d'Emmanuel Venet.
Si comme moi vous ne connaissez que le nom d'Artaud, vous apprendrez que Ferdière était son psychiatre dans les années 40, noté comme poète et médecin, beaucoup critiqué (à l'époque certaines méthodes étaient limite limite, mais il a essayé de nourrir ses patients, c'est à son crédit)
A lire évidemment.
En parlent : charybde 27,
Voilà, j'ai lu les quatre présents à la bibli, maintenant vous lisez Venet, je ne peux plus rien pour vous!
Commentaires
Le mur de Planck m'attire a priori, à cause de la physique, et si tu l'aimes autant que l'autre, je veux le lire!
Pour Venet, prends son dernier, j'ai commencé par là.
http://enlisantenvoyageant.blogspot.fr/2016/09/marcher-droit-tourner-en-rond.html
Mets le nez dans Marcher droit, tourner en rond, tu verras! Le pointu et stylé comme tu le dis, on oublie un peu (et on apprécie aussi).