Avant d'en dire trop (et de voir partir à toutes jambes les lecteurs) je précise que ce livre est formidable, qu'il se lit sans peine (ce n'est pas du Danièle Steel non plus), bref l'auteur n'a pas jugé utile de sortir la grosse artillerie du 'voyez comme je suis intello', qu'il est bien composé et mené, qu'il contient quelques bagarres et procès (feutrés tout de même) et aussi un meurtre non élucidé!
La fabrique du livre
L'édition littéraire au XXe siècle
Olivier Bessard-Banquy
Presses Universitaires de Bordeaux & Du Lérot, éditeur, 2016
(ce Lérot fait ma joie, il ne m'en faut pas beaucoup, je sais)
L'auteur: un CV long comme un lundi, mais attirant comme un vendredi, à savoir professeur des universités, en charge des enseignements d'édition et d'histoire de l'imprimé au sein du pôle des métiers du livre de l'université de Bordeaux Montaigne, après dix ans dans l'édition parisienne.
Parfait donc pour nous entraîner dans 500 pages (non massicotées au départ ^_^) narrant l'histoire de l'édition française de la fin du 19ème siècle aux années 1980. (Et la suite alors? Elle existe et vous pensez bien que je vais me jeter dessus)
Il y a un bon siècle déjà se posaient les mêmes problèmes, trop d'éditeurs, trop de livres, certains sans valeur, qui se tuent les uns les autres. Faut-il privilégier la qualité, ou proposer surtout des lectures détente?
En 1938 déjà André Dinar se plaignait que radio et cinéma prennent trop de temps sur la lecture...
Ce remarquable travail est très bien documenté, archives, etc. et courriers conservés par les maisons d'édition. Je me suis amusée à découvrir sous le nom de la plupart d'icelles (Yv, oui) des messieurs (c'est très masculin ce monde) tels Gaston Gallimard, Albin Michel, Fasquelle, Flammarion, Denoël, etc.
Découvrir les tribulations de la maison Ollendorf avec les héritiers de Maupassant, d'Albin Michel avec l'indélicat Willy, ou la famille de Pierre Louys, le tout assaisonné de courriers bien écrits mais sans équivoque, est un vrai bonheur (et ça se lit comme un roman)
Et le lancement du diable au corps de Radiguet, avec entre autres "un petit clip publicitaire qui passe au cinéma avant la projection du film"?
Sans parler des prix littéraires, avec les bricolages déjà, du flair plus ou moins bon des éditeurs (le plus célèbre étant Gallimard 'ratant' Proust.
Arrive l'année 1940, et l'occupant qui met son nez dans les catalogues et les parutions, demandant la mise au pilon de certains livres, surveillant les nouveautés (allant jusqu'à chipoter pour une publication des Mémoires d'outre-tombe en pléiade). La plupart des éditeurs essaient de s'en sortir, peu en feront 'trop', mais à la fin de la guerre se tiendront des procès, où ils devront montrer leur bonne foi. Pas toujours facile.
Moins de papier, moins de parutions, moins de divertissements, les gens se jettent sur les livres, atteignant parfois de jolis prix au marché noir!
Le 13 juillet 1945, Denoël se présente devant la justice. Classement de la procédure. Mais il est abattu froidement le 2 décembre 1945, crime jamais élucidé...
Après guerre, voilà l'arrivée du poche (avec des pour et des contre), des clubs du livre (pareil, pour ou contre), les démêlés de Jean-Edern Hallier avec ses éditeurs (excédés), l'arrivée de 'petits éditeurs', Apostrophes...
J'ai découvert l'existence de l'éditeur Robert Morel, très 'années 68', absolument pas commercial, rêvé sur la collection Libertés chez JJ Pauvert...
Sans que ce monde ait été jusque là celui des bisounours, dans les années 70 j'ai eu l'impression que cela devrait plus féroce, recherche de rentabilité (sinon on coule, il faut le comprendre!), rachat de maisons en difficulté, regroupements. Et toujours les questionnements sur les lecteurs, et que leur proposer?
Pour terminer, je m'aperçois que j'ai hélas déjà laissé filer une partie de la richesse de ce livre, où chacun trouvera à se nourrir, et j'insiste sur le sérieux de l'auteur, doté d’une ironie discrète et de bon aloi, d'une plume élégante, d'un enthousiasme sobre, et dont j'ai aimé l'art des sous titres (Fisher contre Fischer, Moi Jérôme L., vingt-deux ans, typographe, Au nom du fisc, Bienvenus au club, Maison leader dans son domaine cherche à se débarrasser d'un partenaire encombrant, Trois hommes dans un bureau, Tristes classiques, etc.)
Un avis complet sur babelio
Ma participation au challenge Lire sous la contrainte avec un contrainte plutôt facile, ce qui explique que je n'y fais figurer que les 'nouvelles 'lectures.
A attaquer au coupe papier... |
L'édition littéraire au XXe siècle
Olivier Bessard-Banquy
Presses Universitaires de Bordeaux & Du Lérot, éditeur, 2016
(ce Lérot fait ma joie, il ne m'en faut pas beaucoup, je sais)
L'auteur: un CV long comme un lundi, mais attirant comme un vendredi, à savoir professeur des universités, en charge des enseignements d'édition et d'histoire de l'imprimé au sein du pôle des métiers du livre de l'université de Bordeaux Montaigne, après dix ans dans l'édition parisienne.
Parfait donc pour nous entraîner dans 500 pages (non massicotées au départ ^_^) narrant l'histoire de l'édition française de la fin du 19ème siècle aux années 1980. (Et la suite alors? Elle existe et vous pensez bien que je vais me jeter dessus)
Il y a un bon siècle déjà se posaient les mêmes problèmes, trop d'éditeurs, trop de livres, certains sans valeur, qui se tuent les uns les autres. Faut-il privilégier la qualité, ou proposer surtout des lectures détente?
En 1938 déjà André Dinar se plaignait que radio et cinéma prennent trop de temps sur la lecture...
Ce remarquable travail est très bien documenté, archives, etc. et courriers conservés par les maisons d'édition. Je me suis amusée à découvrir sous le nom de la plupart d'icelles (Yv, oui) des messieurs (c'est très masculin ce monde) tels Gaston Gallimard, Albin Michel, Fasquelle, Flammarion, Denoël, etc.
Découvrir les tribulations de la maison Ollendorf avec les héritiers de Maupassant, d'Albin Michel avec l'indélicat Willy, ou la famille de Pierre Louys, le tout assaisonné de courriers bien écrits mais sans équivoque, est un vrai bonheur (et ça se lit comme un roman)
Et le lancement du diable au corps de Radiguet, avec entre autres "un petit clip publicitaire qui passe au cinéma avant la projection du film"?
Sans parler des prix littéraires, avec les bricolages déjà, du flair plus ou moins bon des éditeurs (le plus célèbre étant Gallimard 'ratant' Proust.
Arrive l'année 1940, et l'occupant qui met son nez dans les catalogues et les parutions, demandant la mise au pilon de certains livres, surveillant les nouveautés (allant jusqu'à chipoter pour une publication des Mémoires d'outre-tombe en pléiade). La plupart des éditeurs essaient de s'en sortir, peu en feront 'trop', mais à la fin de la guerre se tiendront des procès, où ils devront montrer leur bonne foi. Pas toujours facile.
Moins de papier, moins de parutions, moins de divertissements, les gens se jettent sur les livres, atteignant parfois de jolis prix au marché noir!
Le 13 juillet 1945, Denoël se présente devant la justice. Classement de la procédure. Mais il est abattu froidement le 2 décembre 1945, crime jamais élucidé...
Après guerre, voilà l'arrivée du poche (avec des pour et des contre), des clubs du livre (pareil, pour ou contre), les démêlés de Jean-Edern Hallier avec ses éditeurs (excédés), l'arrivée de 'petits éditeurs', Apostrophes...
J'ai découvert l'existence de l'éditeur Robert Morel, très 'années 68', absolument pas commercial, rêvé sur la collection Libertés chez JJ Pauvert...
Sans que ce monde ait été jusque là celui des bisounours, dans les années 70 j'ai eu l'impression que cela devrait plus féroce, recherche de rentabilité (sinon on coule, il faut le comprendre!), rachat de maisons en difficulté, regroupements. Et toujours les questionnements sur les lecteurs, et que leur proposer?
Pour terminer, je m'aperçois que j'ai hélas déjà laissé filer une partie de la richesse de ce livre, où chacun trouvera à se nourrir, et j'insiste sur le sérieux de l'auteur, doté d’une ironie discrète et de bon aloi, d'une plume élégante, d'un enthousiasme sobre, et dont j'ai aimé l'art des sous titres (Fisher contre Fischer, Moi Jérôme L., vingt-deux ans, typographe, Au nom du fisc, Bienvenus au club, Maison leader dans son domaine cherche à se débarrasser d'un partenaire encombrant, Trois hommes dans un bureau, Tristes classiques, etc.)
Un avis complet sur babelio
Ma participation au challenge Lire sous la contrainte avec un contrainte plutôt facile, ce qui explique que je n'y fais figurer que les 'nouvelles 'lectures.
En effet, en effet, elle a l'air de se mériter cette lecture. Il faudrait que je m'achète un coupe-papiers digne de ce nom. Mais qu'il semble passionnant ce livre.
RépondreSupprimerMa bibli avait fait le boulot... ^_^
SupprimerPassionnant, et finalement je l'ai sans doute lu trop vite.
Ça semble en effet tout à fait passionnant. J'ai quelques pavés de ce genre dans ma bibliothèque ("La guerre des écrivains" par exemple, une brique passionnante) dans lesquels je grappille de temps en temps...
RépondreSupprimerJe commence à plonger dans la catégorie 070 à la bibli! Et emprunté un truc jubilatoire paru chez La fosse aux ours, avec auteurs éditeurs journalistes. Et aussi L'édition littéraire aujourd'hui. Quand j'ai un thème en tête... ^_^
Supprimer(pas de La guerre des écrivains à la bibli)
Oh mais moi c'est le genre de choses qui me passionnent ! Je note !
RépondreSupprimerMon billet ne donne qu'une idée assez pâle du contenu, j'insiste juste pour signaler son immense intérêt, et son accessibilité à tout amoureux des livres!
SupprimerJ'avais d'autres livres à lire, mais là je l'ai englouti.
J'avais pensé l'acheter un jour ce livre et tu confirmes… (Goran http://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimer29 euros, mais franchement, c'est du très bon! A voir avec sa bibli, après tout ça mérite de paraître dans leur fonds.
SupprimerToujours à fond ! ma PAL te dit non ! na ...
RépondreSupprimerLà je manque d'arguments... ^_^
SupprimerJe regarderai à la bibliothèque, ça me semble des plus intéressant, au moins à grappiller !
RépondreSupprimerVoilà, la bibli, avec les cotes 070... Tu pourrais y trouver des pépites lisibles.
SupprimerAh, c'est le directeur de mémoire de mon fils à la fac de Bordeaux et il l'adore !!!! En plus il est sympathique et à l'écoute de ses étudiants !
RépondreSupprimerSuper! En tout cas tu as vu ce que je dis de son écriture et de sa présentation : parfaitement accessible, tout en restant de bon niveau et intéressant (des universitaires comme cela, on en redemande).
SupprimerAu coupe-papier ? De quoi vraiment prendre le temps et apprécier la lecture.
RépondreSupprimerJe ne sais pas qui, à la bibli, s'est chargé du p'tit boulot... ^_^
SupprimerOh la belle bête !!!
RépondreSupprimerAu départ ça fait peur, mais ensuite on s'aperçoit que la bête est gentille et pleine de qualités.
SupprimerVoilà qui est très très tentant !
RépondreSupprimerExactement.
SupprimerMa bibliothèque n'a pas (pourquoi ça ne m'étonne pas ?).Il sortira peut-être en poche un jour ?
RépondreSupprimerHeu là, je ne sais pas. On ne sait jamais, après tout ^_^.
SupprimerTu peux déposer une demande à ta bibli?
Ma médiathèque n'est pas mieux que celle d'Aifelle... Mais ce livre a tout pour me plaire !
RépondreSupprimerA demander, on ne sait jamais (c'est une bibli, quand même! ^_^)
SupprimerOh c'est tellement intéressant ! C'est étrange de se rendre compte que les problématiques d'aujourd'hui sont les mêmes qu'autrefois. Pour ma part, la qualité est la plus importante !
RépondreSupprimerOui, cela m'a amusée aussi, sauf que j'ai l'impression que maintenant la recherche de qualité et de durée n'est pas ce qui importe le plus (mais certains résistent, heureusement!)
SupprimerBon là je note direct, tu penses bien. C'est tellement passionnant le monde du livre ! J'étais prête à fuir pourtant. Ton entrée en matière me laissait entendre que tu allais essayer de me vendre du nature writing ou un truc du genre, haha ! J'adore ta bio de l'auteur ! "Long comme un lundi..." :-)
RépondreSupprimerHélas pour toi je prévois ce genre de choses, peut-être même de la poésie -oui, je me porte bien- mais pour cette fois je sais que c'est complètement ce que tu dois lire. Et là je pense que pas grand monde dans tes biblis va foncer dessus! (quoique dans la mienne, il est déjà réservé, à peine revenu)
Supprimerje le lirai c'est certain mais pas aujourd'hui étant plongée dans deux pavés (et quand je dis pavés je suis gentille) je sais que ma bibli l'achètera donc j'ai le temps
RépondreSupprimerTu as une bonne bibliothèque!!!
Supprimerj'adore tes réponses à tes commentaires ! on te sens si convaincue mais voilà, on a toutes et tous pas mal livres (conseillés parfois par toi) alors tu imagines un pavé de plus !
RépondreSupprimerPfff à 500 pages ce n'est pas un pavé. Puis on peut lire un peu de temps en temps.Mais je conçois que le temps manque...^_^
Supprimermais si je vais le lire Promis .....
RépondreSupprimerJ'adore ce retour^_^; oui, surtout que c'est sûr, tu vas aimer.
SupprimerTout à fait inconnu pour moi !
RépondreSupprimerMerci pour cette nouvelle participation à mon challenge.
C'est récemment que je connais, aussi!
SupprimerÇa a l'air hyper intéressant. Je ne m'y serais sûrement pas arrêtée sans ton avis, ayant peur du côté trop intello. En plus j'imagine qu'il peut se lire de façon décousue, un chapitre par ci par là ? Si c'est le cas, nul doute que je me pencherai dessus !
RépondreSupprimerJ'ai un peu chargé la mule dans la décontraction, histoire de donner envie de lire ce livre, je l'avoue. Si l'auteur s'était révélé abscons, j'aurais vite dit au revoir!
SupprimerBien sûr qu'on peut lire un chapitre, puis s'arrêter un peu, etc.
Bonjour Keisha, même si je ne le lirais pas forcément. Je suis très décidément très "roman", tu donnes très envie. A te lire que le monde du livre est sans pitié mais il faut ce qu'il faut. Je le trouverai peut-être en bibliothèque encore qu'il aura fallu qu'il soit massicoté. J'ai connu cela avec certains livres dans ma jeunesse. J'aimais découper l'ouvrage avec un coupe-papier. Merci et bon dimanche.
RépondreSupprimerA une époque on trouvait encore du non massicoté à la F***... Maintenant, oui, on devrait le voir en bibli!
SupprimerBon dimanche!
"long comme un lundi, mais attirant comme un vendredi", ça j'aime beaucoup :-).N'ayant rien contre les pavés érudits mais lisibles, surtout non massicotés ( qu'ai je fais de mon coupe papier ?)je le note.
RépondreSupprimerJe te garantis l'érudit très lisible (sinon j'aurais fui!). Pour le coupe papier, c'est la bibli qui doit s'en être chargé...
SupprimerA voior à la médiathèque, quand j'aurai fini La Masse Critique (en temps limité) et tut ce qe j'ai emprunté!
RépondreSupprimerC'est nettement un livre à avoir en fond de bibliothèque, pour un prix somme toute raisonnable vu la qualité (rayon 070)
SupprimerNon, je ne fuis pas en courant, au contraire, très tentée !
RépondreSupprimerC'est sûr que c'est passionnant d'en savoir plus sur ce qui s'est passé (et continue à se passer)...
SupprimerVoilà un sujet très intéressant, pour prendre un peu de recul par rapport au "marché du livre" d'aujourd'hui.
RépondreSupprimerTrès intéressant de voir l'évolution dans ce domaine, même si certains questionnements demeurent là.
SupprimerComme beaucoup d'autres, je trouve ça très tentant :)
RépondreSupprimerHé oui (je l'ai fait exprès)
SupprimerJe m'en porterai volontiers acquéreur, quitte à rogner des pages...
RépondreSupprimerCela est très franco-français (voire parisien) même si Denoël est d'origine belge (et il y a un autre venant du Danemark)
SupprimerHautement recommandable pour les amateurs de livres, forcément!
Si je tombe dessus à la bibli, je le prends, ça doit être passionnant de découvrir ce panorama du monde de l'édition !
RépondreSupprimerTellement bien que ce livre est déjà emprunté par l'ex responsable de la bibli, et qu'actuellement je suis dans 'L'édition littéraire aujourd'hui', plus actuel, et ce sont des interviews. Mais absolument très bien, forcément.
SupprimerJe le note aussi c'est le genre de livre qui pourrait m'interesser .
RépondreSupprimerSe trouve (j'espère) au rayon 070 de toute bonne bibli!
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