La condition pavillonnaire
Sophie Divry
Notabilia Noir sur blanc, 2014
"Car ce serait à l'avenir toujours la même chose, toujours ces matinées et ces repas, toujours en famille, ce souci constant des autres...Tu étais donc condamnée à cela, toi, à tout jamais leur mère. Alors tu compris que les profondes plaques où s'appuyait ton existence, celles qui s'étaient mises en mouvement après tes dix-sept ans, s'étaient arrêtées à une certaine place pour te laisser ici, dans cette maison d'Empan-sur- Nive, avec un mari et deux enfants; et qu'il serait à l'avenir beaucoup plus difficile de bouleverser cet ordre."
Elle est très forte, Sophie Divry, à se lancer dans l'histoire d'une vie où il ne se passe rien de plus que dans la plupart des vies (et tant mieux, d'ailleurs). Enfance tranquille, études réussies, quelques aspirations, mariage, enfants, petits enfants, des rêveries quand même, la vieillesse, et puis.
"Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement". Flaubert. En exergue de la deuxième partie. Un adultère secoue un peu le ronron de sa vie. Triste et drôle à la fois.
"Tu ne vivras jamais rien d'extraordinaire, jamais tu ne gagneras au loto ou ne seras victime d'une prise d'otages qui t'aurait fait accéder à la célébrité."
Mais j'ai dévoré ce roman, fascinée par le déroulé pas forcément chronologique (selon mes calculs, il dépasse aussi 2017), la multitude de détails bien vus, amusée quand il s'agit de décrire une automobile ou un centre commercial pour quelqu'un qui ne connaîtrait pas, les bruits du lave-linge en marche (si!). Le passage du temps visible dans l'aménagement de cette mini banlieue d'une petite ville.
Un roman qui peut vous rendre tristounet, moqueur, empathique, mais à découvrir, sûrement (pas en période de déprime existentielle non plus).
L'héroïne se sent une âme poétique, à un moment:
"Dans ton anthologie Gallimard, tu voyais les grands écrivains parvenir à cette harmonie mystérieuse, leurs phrases se dirigeant à pas tranquilles vers leur fin, provoquant une émotion sûre, sans que rien de laborieux n'apparaisse. Tandis que toi, tes poèmes boitaient, ils étaient heurtés, sans facilité. Evidemment, dans les temps, tous ces bonhommes maudits, c'est l'absinthe qui les guidait, non les heures de repas à préparer."
Les avis de blablablamia, clara, kathel, le merydien,
Lu dans le cadre de Un mois un éditeur chez Tête de lecture.
Sophie Divry
Notabilia Noir sur blanc, 2014
"Car ce serait à l'avenir toujours la même chose, toujours ces matinées et ces repas, toujours en famille, ce souci constant des autres...Tu étais donc condamnée à cela, toi, à tout jamais leur mère. Alors tu compris que les profondes plaques où s'appuyait ton existence, celles qui s'étaient mises en mouvement après tes dix-sept ans, s'étaient arrêtées à une certaine place pour te laisser ici, dans cette maison d'Empan-sur- Nive, avec un mari et deux enfants; et qu'il serait à l'avenir beaucoup plus difficile de bouleverser cet ordre."
Elle est très forte, Sophie Divry, à se lancer dans l'histoire d'une vie où il ne se passe rien de plus que dans la plupart des vies (et tant mieux, d'ailleurs). Enfance tranquille, études réussies, quelques aspirations, mariage, enfants, petits enfants, des rêveries quand même, la vieillesse, et puis.
"Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement". Flaubert. En exergue de la deuxième partie. Un adultère secoue un peu le ronron de sa vie. Triste et drôle à la fois.
"Tu ne vivras jamais rien d'extraordinaire, jamais tu ne gagneras au loto ou ne seras victime d'une prise d'otages qui t'aurait fait accéder à la célébrité."
Mais j'ai dévoré ce roman, fascinée par le déroulé pas forcément chronologique (selon mes calculs, il dépasse aussi 2017), la multitude de détails bien vus, amusée quand il s'agit de décrire une automobile ou un centre commercial pour quelqu'un qui ne connaîtrait pas, les bruits du lave-linge en marche (si!). Le passage du temps visible dans l'aménagement de cette mini banlieue d'une petite ville.
Un roman qui peut vous rendre tristounet, moqueur, empathique, mais à découvrir, sûrement (pas en période de déprime existentielle non plus).
L'héroïne se sent une âme poétique, à un moment:
"Dans ton anthologie Gallimard, tu voyais les grands écrivains parvenir à cette harmonie mystérieuse, leurs phrases se dirigeant à pas tranquilles vers leur fin, provoquant une émotion sûre, sans que rien de laborieux n'apparaisse. Tandis que toi, tes poèmes boitaient, ils étaient heurtés, sans facilité. Evidemment, dans les temps, tous ces bonhommes maudits, c'est l'absinthe qui les guidait, non les heures de repas à préparer."
Les avis de blablablamia, clara, kathel, le merydien,
Lu dans le cadre de Un mois un éditeur chez Tête de lecture.
Commentaires
J'ai bien l'intention de continuer avec l'auteur, je ne la voyais pas du tout ainsi.
Quand le diable sortit de la salle de bain", je retrouverai donc l'auteur avec plaisir si ce roman arrive un jour entre mes mains.
Ce serait bien d'avoir un avis masculin sur cette condition pavillonnaire, tiens.
https://bibliophare.wordpress.com/2014/09/26/la-condition-pavillonnaire-sophie-divry/
Bon, faut vraiment que je me remotive pour ecrire quelques chroniques....
Merci pour ton avis!
(ouhla faut que je sois au lit dans 10 mn sinon ça va être dur demain)
Je n'ai lu aucun de ses romans, pas attirée a priori, mais là c'était pour la cause de l'éditeur du mois, et je suis ravie!
Oui, il faut le bon moment.
Bon 1er mai !
Bon, cela dit je n'avais pas trouvé le suivant très réussi non plus (même s'il était assez drôle).
Son essai m'attire beaucoup, maintenant.