Ascension
Vincent Delecroix
Gallimard, 2017
Comme ce roman est extrêmement rare sur les blogs semble-t-il, j'ai une petite idée de qui en a parlé sur facebook et m'a donné envie, mais ma mémoire est-elle sûre? Bref, j'ai embarqué dans une navette spatiale de la NASA, pour une mission pas comme les autres, puisque "C'est la dernière". Expression peut-être malheureuse, souligne l'un des passagers, Chaïm Rosenzweig, écrivain de seconde zone auteur entre autres de La chaussure sur le toit, sous le pseudonyme goy de Vincent Delecroix, et narrateur de cette histoire légèrement foutraque tout de même.
Les futurs passagers de la navette, sous la houlette du commandant Harold Pointdexter, s’exprimant parfois en langage hollywoodien "Houston on a un problème", et il aura hélas l'occasion de sortir cette réplique, ressemblent à ceux d'une histoire drôle : Chaïm, donc, juif, écrivain, travaillant dans un pressing parisien, Beth, américaine dont on ne saura pas grand chose, Antonio, mexicain, Sergueï, russe amateur d'icônes. Mais tous, sauf Chaïm, blindés de diplômes d'astrophysique.
(J'ajouterais bien pour Fanja que parfois une hyène hilare se mêle à la lecture.)
Chaïm, on se demande pourquoi il est là, et ses compagnons aussi. Compagnons parfois bien givrés, et là il dépare un peu moins. Son idée était de "partir", en quoi il est le digne descendant de Meir Heschel ben Josef, ancêtre ayant vécu du 17ème au 20ème siècle (oui, oui), dont il conte longuement l'histoire chaque fois qu'il peut profiter de la faiblesse de ses compagnons.
La navette part rejoindre la station spatiale, et là, découverte d'un passager clandestin.
Plus de 600 pages, très denses dans la première moitié, aérées ensuite grâce aux dialogues. Des passages époustouflants, qui ne font pas forcément avancer l'intrigue (vous êtes prévenus), par exemple les vêtements dans le pressing, la description de ce Paris aux alentours désertiques et à l'immense file d'attente près du pressing, et bien sûr l'histoire de l'aïeul. Beaucoup de références philosophico-religieuses, et l'on termine plutôt sonné, et, pour ma part, pas déprimée mais presque, en lisant ce portrait de notre monde, sans guère d'espoir, où même le personnage inattendu a baissé les bras. On connaîtra le sort de Meir, on réalisera que le commandant Pointdexter n'est pas qu'un militaire, et ça flanque encore plus le moral dans les chaussettes. Sergueï est fan de Dostoeïvsky, ce qui n'arrange rien, on va dire.
Heureusement l'auteur durant la plus grande partie du récit s'amuse, quitte à nous suggérer de sauter des passages et se rendre à telle page (ce que je n'ai pas fait). Quelques mises en abyme, de l'autodérision, ça me va.
Comme je sens que j'ai plombé l'atmosphère dans l'avant dernier paragraphe (alors que j'ai pas mal rigolé pendant 90% de ma lecture), voici quelques passages :
"Il s'est éjecté.
MOI : Dans l'espace?
ANTONIO : Evidemment, dans l'espace. Où veux-tu qu'il s'éjecte, depuis une station spatiale?"
"C'est un peu pour ça qu'on a monté la mission: pour ne pas laisser la Station spatiale complètement vide pendant trop longtemps.
MOI: Pourquoi, vous craignez les cambriolages?"
Les avis de Valérie,
Vincent Delecroix
Gallimard, 2017
Comme ce roman est extrêmement rare sur les blogs semble-t-il, j'ai une petite idée de qui en a parlé sur facebook et m'a donné envie, mais ma mémoire est-elle sûre? Bref, j'ai embarqué dans une navette spatiale de la NASA, pour une mission pas comme les autres, puisque "C'est la dernière". Expression peut-être malheureuse, souligne l'un des passagers, Chaïm Rosenzweig, écrivain de seconde zone auteur entre autres de La chaussure sur le toit, sous le pseudonyme goy de Vincent Delecroix, et narrateur de cette histoire légèrement foutraque tout de même.
Les futurs passagers de la navette, sous la houlette du commandant Harold Pointdexter, s’exprimant parfois en langage hollywoodien "Houston on a un problème", et il aura hélas l'occasion de sortir cette réplique, ressemblent à ceux d'une histoire drôle : Chaïm, donc, juif, écrivain, travaillant dans un pressing parisien, Beth, américaine dont on ne saura pas grand chose, Antonio, mexicain, Sergueï, russe amateur d'icônes. Mais tous, sauf Chaïm, blindés de diplômes d'astrophysique.
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Andrei Roublev : l'Ascension du christ |
Chaïm, on se demande pourquoi il est là, et ses compagnons aussi. Compagnons parfois bien givrés, et là il dépare un peu moins. Son idée était de "partir", en quoi il est le digne descendant de Meir Heschel ben Josef, ancêtre ayant vécu du 17ème au 20ème siècle (oui, oui), dont il conte longuement l'histoire chaque fois qu'il peut profiter de la faiblesse de ses compagnons.
La navette part rejoindre la station spatiale, et là, découverte d'un passager clandestin.
Plus de 600 pages, très denses dans la première moitié, aérées ensuite grâce aux dialogues. Des passages époustouflants, qui ne font pas forcément avancer l'intrigue (vous êtes prévenus), par exemple les vêtements dans le pressing, la description de ce Paris aux alentours désertiques et à l'immense file d'attente près du pressing, et bien sûr l'histoire de l'aïeul. Beaucoup de références philosophico-religieuses, et l'on termine plutôt sonné, et, pour ma part, pas déprimée mais presque, en lisant ce portrait de notre monde, sans guère d'espoir, où même le personnage inattendu a baissé les bras. On connaîtra le sort de Meir, on réalisera que le commandant Pointdexter n'est pas qu'un militaire, et ça flanque encore plus le moral dans les chaussettes. Sergueï est fan de Dostoeïvsky, ce qui n'arrange rien, on va dire.
Heureusement l'auteur durant la plus grande partie du récit s'amuse, quitte à nous suggérer de sauter des passages et se rendre à telle page (ce que je n'ai pas fait). Quelques mises en abyme, de l'autodérision, ça me va.
Comme je sens que j'ai plombé l'atmosphère dans l'avant dernier paragraphe (alors que j'ai pas mal rigolé pendant 90% de ma lecture), voici quelques passages :
"Il s'est éjecté.
MOI : Dans l'espace?
ANTONIO : Evidemment, dans l'espace. Où veux-tu qu'il s'éjecte, depuis une station spatiale?"
"C'est un peu pour ça qu'on a monté la mission: pour ne pas laisser la Station spatiale complètement vide pendant trop longtemps.
MOI: Pourquoi, vous craignez les cambriolages?"
Les avis de Valérie,
Commentaires
Bon, l'humour de tes citations fait rire, c'est sûr, mais c'est bien long tout de même !
Bonne soirée.
Un bon gros truc SF? Ha ha! Je suis actuellement sur un baleinier, et dans un pavé aussi.
De plus, il suffit que l'on parle peu du livre, ça me donne envie. ^_^ Au moins je ne me laisse pas trop influencer?
Un roman intéressant, en tout cas. Et un poil de philo, oui.