Joie, excitation, quand je découvre dans la liste -papier- des récentes acquisitions de la médiathèque les quatre volumes de La patrouille du temps. J'avoue avoir un faible pour ce thème du voyage dans le temps et les charmants paradoxes y afférant. Et si vos parents ne se rencontrent pas? Et si vous alliez débarrasser le monde de certains criminels? Hélas non, les auteurs demeurent raisonnables, et précisent que le temps ne se bricole pas avant, il existe des forces contraires, etc., bref en général on retombe sur ses pattes.
Poul Anderson ne s'embête pas à tout expliquer, que ce soit à l'égard des paradoxes, et des technologies permettant ces voyages : ils existent voilà tout. Sous la direction d'êtres non humains, nos lointains lointains descendants, les patrouilleurs du temps sont censés veiller au grain, empêcher les petits malins de profiter de ces voyages pour voler des objets précieux, prendre le pouvoir ou même bricoler le temps. En cas de coups durs ils viennent à la rescousse des collègues, mais leur travail est en majorité dédié à des tâches ordinaires, paperasserie, courrier, etc. Certains voyagent juste pour étudier l'histoire, l'archéologie, les animaux...
La patrouille du temps
Poul Anderson
Livre de poche, 2015
Nouvelle traductions par C. Arcilla-Bonaz, M. Deutsch, R. Durand et B. Martin
Traduction révisée par P.P. Durastanti
Le premier volume voit le recrutement de Manse Everard, né en 1924 dans le Kansas. Cela se passe dans les années 50 (la nouvelle date de 1955) et l'on sent quand même l'ombre du McCarthysme dans l'ambiance de l'époque. C'est d'ailleurs intéressant de constater que les histoires sont écrites sur plusieurs décennies, l'on rencontre un soldat russe en Afghanistan en 1987, mais jamais le présent décrit ne dépassera 1990, date des dernières histoires du tome 4; Poul Anderson ne s'amuse pas à inventer notre avenir.
En revanche, le lecteur a de quoi voyager dans le passé à la suite de Manse et ses collègues, en Angleterre ou Italie médiévales, du temps de Cyrus, plus de 10 siècles en arrière, en Asie, Europe ou Amérique, il y a du choix. Agréable façon de s'instruire. Pour le lecteur, parce que les héros sont souvent face à des situations périlleuses, dont ils sortent parfois de justesse, ou en bricolant un peu. Bricolage interdit a priori (on ne ramène pas quelqu'un, on n'empêche pas la mort d'un proche) mais ces voyageurs ne sont pas que des machines, justement.
Les histoires ont des densités différentes, l'on peut préférer celle où l'héroïne s'attache plus que de raison au bien être d'une tribu de chasseurs cueilleurs, se demander si finalement laisser les Mongols et les Chinois coloniser l'Amérique ne serait pas mieux que ... ce qui s'est réellement passé?
J'ai noté avec un sourire que Manse Everard est un homme de goût, qui aime écoute La passion selon saint Marc, d'un certain Bach, dont la partition a dû être reconstruite de nos jours, mais quand on voyage dans le temps, pourquoi ne pas se rendre à Leipzig au 18ème siècle et enregistrer l'oeuvre en direct?
Comme les tomes 2 et 3 étaient empruntés, j'ai lu les 1 et 4, sans gêne, acceptant de connaître certaines péripéties relatées dans le tome 3, et finalement, j'ai trouvé qu'autant le 1 propose des nouvelles assez indépendantes, le 4 forme vraiment un tout, et dans la bonne suite des autres.
Je me suis amusée à retrouver la Bactriane (ou Oxiane) parcourue par Robert Byron deux millénaires plus tard!
Fort heureusement les volumes 2 et 3 sont vite rentrés au bercail.
Le tome 2 comprend deux courts romans de 170 pages chacune, et une nouvelle. De quoi se plonger dans l'atmosphère de Tyr à l'époque du roi Hiram (ami de Salomon), et l'est de l'Europe, avec les Goths (et la menace des Huns), au IVème siècle. Pour ce que j'en sais, les détails sont crédibles et raviront les amateurs de romans historiques. Dans les deux romans, le patrouilleur du temps s'investira beaucoup et humainement dans sa mission, ce qui donne du corps à l'ensemble. Pour ceux qui ne connaissent pas la série, chaque fois Anderson en rappelle brièvement les principes.
La lecture de la postface du 4 m'avait révélé (en gros) le contenu de L'année de la rançon, la seconde nouvelle du tome 4, mais cela n'a eu aucune importance. Cette fois l'on se retrouve au Pérou, avec les Conquistadors.
La première longue nouvelle (à près de 250 pages on peut parler de roman!) emmène son lecteur au premier siècle. Même si je me suis perdue dans les détails un peu longuets des guerres entre romains et populations du nord, je me suis intéressée à l'histoire, bien ficelée, et à l'empathie ressentie par une voyageuse du temps à l'égard d'un des personnages.
Finalement, si l'on ne s'attend pas à de la 'haute littérature' (même si Anderson décrit joliment les lieux , soigne son écriture, et n'hésite pas à citer des auteurs classiques), cette lecture est plaisante de bout en bout et idéale par temps pourri ou grand voyage en train.
Poul Anderson ne s'embête pas à tout expliquer, que ce soit à l'égard des paradoxes, et des technologies permettant ces voyages : ils existent voilà tout. Sous la direction d'êtres non humains, nos lointains lointains descendants, les patrouilleurs du temps sont censés veiller au grain, empêcher les petits malins de profiter de ces voyages pour voler des objets précieux, prendre le pouvoir ou même bricoler le temps. En cas de coups durs ils viennent à la rescousse des collègues, mais leur travail est en majorité dédié à des tâches ordinaires, paperasserie, courrier, etc. Certains voyagent juste pour étudier l'histoire, l'archéologie, les animaux...
La patrouille du temps
Poul Anderson
Livre de poche, 2015
Nouvelle traductions par C. Arcilla-Bonaz, M. Deutsch, R. Durand et B. Martin
Traduction révisée par P.P. Durastanti
Le premier volume voit le recrutement de Manse Everard, né en 1924 dans le Kansas. Cela se passe dans les années 50 (la nouvelle date de 1955) et l'on sent quand même l'ombre du McCarthysme dans l'ambiance de l'époque. C'est d'ailleurs intéressant de constater que les histoires sont écrites sur plusieurs décennies, l'on rencontre un soldat russe en Afghanistan en 1987, mais jamais le présent décrit ne dépassera 1990, date des dernières histoires du tome 4; Poul Anderson ne s'amuse pas à inventer notre avenir.
En revanche, le lecteur a de quoi voyager dans le passé à la suite de Manse et ses collègues, en Angleterre ou Italie médiévales, du temps de Cyrus, plus de 10 siècles en arrière, en Asie, Europe ou Amérique, il y a du choix. Agréable façon de s'instruire. Pour le lecteur, parce que les héros sont souvent face à des situations périlleuses, dont ils sortent parfois de justesse, ou en bricolant un peu. Bricolage interdit a priori (on ne ramène pas quelqu'un, on n'empêche pas la mort d'un proche) mais ces voyageurs ne sont pas que des machines, justement.
Les histoires ont des densités différentes, l'on peut préférer celle où l'héroïne s'attache plus que de raison au bien être d'une tribu de chasseurs cueilleurs, se demander si finalement laisser les Mongols et les Chinois coloniser l'Amérique ne serait pas mieux que ... ce qui s'est réellement passé?
J'ai noté avec un sourire que Manse Everard est un homme de goût, qui aime écoute La passion selon saint Marc, d'un certain Bach, dont la partition a dû être reconstruite de nos jours, mais quand on voyage dans le temps, pourquoi ne pas se rendre à Leipzig au 18ème siècle et enregistrer l'oeuvre en direct?
Comme les tomes 2 et 3 étaient empruntés, j'ai lu les 1 et 4, sans gêne, acceptant de connaître certaines péripéties relatées dans le tome 3, et finalement, j'ai trouvé qu'autant le 1 propose des nouvelles assez indépendantes, le 4 forme vraiment un tout, et dans la bonne suite des autres.
Je me suis amusée à retrouver la Bactriane (ou Oxiane) parcourue par Robert Byron deux millénaires plus tard!
Fort heureusement les volumes 2 et 3 sont vite rentrés au bercail.
Le tome 2 comprend deux courts romans de 170 pages chacune, et une nouvelle. De quoi se plonger dans l'atmosphère de Tyr à l'époque du roi Hiram (ami de Salomon), et l'est de l'Europe, avec les Goths (et la menace des Huns), au IVème siècle. Pour ce que j'en sais, les détails sont crédibles et raviront les amateurs de romans historiques. Dans les deux romans, le patrouilleur du temps s'investira beaucoup et humainement dans sa mission, ce qui donne du corps à l'ensemble. Pour ceux qui ne connaissent pas la série, chaque fois Anderson en rappelle brièvement les principes.
La lecture de la postface du 4 m'avait révélé (en gros) le contenu de L'année de la rançon, la seconde nouvelle du tome 4, mais cela n'a eu aucune importance. Cette fois l'on se retrouve au Pérou, avec les Conquistadors.
La première longue nouvelle (à près de 250 pages on peut parler de roman!) emmène son lecteur au premier siècle. Même si je me suis perdue dans les détails un peu longuets des guerres entre romains et populations du nord, je me suis intéressée à l'histoire, bien ficelée, et à l'empathie ressentie par une voyageuse du temps à l'égard d'un des personnages.
Finalement, si l'on ne s'attend pas à de la 'haute littérature' (même si Anderson décrit joliment les lieux , soigne son écriture, et n'hésite pas à citer des auteurs classiques), cette lecture est plaisante de bout en bout et idéale par temps pourri ou grand voyage en train.
Commentaires
Bon lecteur, d'accord, intéressé par certaines périodes historiques, mais qui aime les aventures bien racontées, avec des héros plutôt sympathiques. On va dire à partir de 12 ou 14 ans, je pense que c'est possible.
Bonne fin de semaine.