Ouvrez l'oeil!
Julian Barnes
Mercure de France, 2017
Traduit par Jean-Pierre Aoustin et Jean Pavans
Grâce à cette lecture, où je me suis délectée de l'écriture si élégante de l'auteur (je suppose que c'est aussi très bien traduit), j'ai découvert que Barnes a aussi écrit des chroniques consacrées à des peintres, et voilà réunies celles couvrant les décennies 1990 à 2010.
"Géricault: de la catastrophe à l'oeuvre d'art" plonge d'abord le lecteur dans cette catastrophe (le naufrage de La Méduse) dont je connaissais si peu, puis vient le tour de Delacroix, Courbet, Manet, Fantin-Latour, Cézanne, Degas, Redon, Bonnard, Vuillard, Vallotton, Braque, Magritte, Oldenbourg (pas un peintre), Freud et Hodgkin, par d'ailleurs un ami de Barnes. Surtout des français, et 19ème- 20ème siècle, qui ces dernières années ont sûrement eu droit à des expositions parisiennes.
Je n'ai donc pu m'empêcher de penser aux blogueuses bravant les aléas des transports en commun (j'ai des noms!) pour admirer diverses œuvres : ce livre est pour elles!
Mais gare, Barnes pointe le problème de ces expositions 'à ne pas rater'
"Combien de temps restons-nous devant une belle peinture? Dix secondes, trente? Deux minutes entières? Et puis combien de temps devant chaque bon tableau des séries de 300 numéros qui sont devenues la norme pour chaque exposition d'un peintre majeur? Deux minutes devant chacun feraient dix heures en tout (sans compter le déjeuner, le thé et les pauses aux toilettes). levez la main, ceux qui ont consacré dix heures de suite à Matisse, Magritte ou Degas!Je sais que je ne l'ai jamais fait. Bien sûr, nous faisons notre marché, l'oeil présélectionne ce qui l'attire aussitôt (ou ce qu'il connaît déjà); même un spectateur avec de super talents d'habitué des expositions, qui sait exactement quelle est la corrélation entre le taux de sucre sanguin et le plaisir artistique, qui peut affronter les espaces vides et n'a pas peur, si nécessaire, de remonter à l'envers la chronologie des tableaux, qui refuse d'user son regard à parcourir les catalogues et de tendre le cou vers les titres, qui est d'assez haute taille pour voir par-dessus les têtes et assez robuste pour repousser les coups d'épaule des fanatiques enturbannés par leurs écouteurs- même un tel spectateur arrive au boit d'une grand exposition avec un regret furieux de ce qui aurait pu être."
Pour Barnes, l'une des meilleures expositions qu'il ait vues est celle occupant six salles, "consacrée à un seul tableau, ou, plutôt à un seul sujet: L'exécution de Maximilien, de Manet." Il en existe trois versions, dont va parler Barnes bien sûr. Voir l'article complet sur wikipedia, avec les versions et des parties des tableaux, ainsi que des explications.
Une question est sur les lèvres : et les reproductions des œuvres, dans ce livre ? (319 pages, 24 euros). Elles sont nombreuses, en couleurs, dans le texte, mais hélas ne figurent pas toutes celles auxquelles Bernes se réfère, ce qui est frustrant, mais peut se régler en allant regarder sur internet, après tout.
Pour terminer, disons que ce livre est parfaitement lisible avec bonheur, donne une grosse envie de filer en musée ou en expo; l'on apprend à regarder certaines œuvres, à réfléchir aux rapports entre notre avis sur une oeuvre, et ce que l'on sait -ou pas -par ailleurs de la vie de l'artiste. L'on sent parfois un petit peu vers qui penche l'auteur, mais il égratigne surtout des artistes du 20ème siècle (et pas tous!)
Julian Barnes
Mercure de France, 2017
Traduit par Jean-Pierre Aoustin et Jean Pavans
Grâce à cette lecture, où je me suis délectée de l'écriture si élégante de l'auteur (je suppose que c'est aussi très bien traduit), j'ai découvert que Barnes a aussi écrit des chroniques consacrées à des peintres, et voilà réunies celles couvrant les décennies 1990 à 2010.
"Géricault: de la catastrophe à l'oeuvre d'art" plonge d'abord le lecteur dans cette catastrophe (le naufrage de La Méduse) dont je connaissais si peu, puis vient le tour de Delacroix, Courbet, Manet, Fantin-Latour, Cézanne, Degas, Redon, Bonnard, Vuillard, Vallotton, Braque, Magritte, Oldenbourg (pas un peintre), Freud et Hodgkin, par d'ailleurs un ami de Barnes. Surtout des français, et 19ème- 20ème siècle, qui ces dernières années ont sûrement eu droit à des expositions parisiennes.
Je n'ai donc pu m'empêcher de penser aux blogueuses bravant les aléas des transports en commun (j'ai des noms!) pour admirer diverses œuvres : ce livre est pour elles!
Mais gare, Barnes pointe le problème de ces expositions 'à ne pas rater'
"Combien de temps restons-nous devant une belle peinture? Dix secondes, trente? Deux minutes entières? Et puis combien de temps devant chaque bon tableau des séries de 300 numéros qui sont devenues la norme pour chaque exposition d'un peintre majeur? Deux minutes devant chacun feraient dix heures en tout (sans compter le déjeuner, le thé et les pauses aux toilettes). levez la main, ceux qui ont consacré dix heures de suite à Matisse, Magritte ou Degas!Je sais que je ne l'ai jamais fait. Bien sûr, nous faisons notre marché, l'oeil présélectionne ce qui l'attire aussitôt (ou ce qu'il connaît déjà); même un spectateur avec de super talents d'habitué des expositions, qui sait exactement quelle est la corrélation entre le taux de sucre sanguin et le plaisir artistique, qui peut affronter les espaces vides et n'a pas peur, si nécessaire, de remonter à l'envers la chronologie des tableaux, qui refuse d'user son regard à parcourir les catalogues et de tendre le cou vers les titres, qui est d'assez haute taille pour voir par-dessus les têtes et assez robuste pour repousser les coups d'épaule des fanatiques enturbannés par leurs écouteurs- même un tel spectateur arrive au boit d'une grand exposition avec un regret furieux de ce qui aurait pu être."
Pour Barnes, l'une des meilleures expositions qu'il ait vues est celle occupant six salles, "consacrée à un seul tableau, ou, plutôt à un seul sujet: L'exécution de Maximilien, de Manet." Il en existe trois versions, dont va parler Barnes bien sûr. Voir l'article complet sur wikipedia, avec les versions et des parties des tableaux, ainsi que des explications.
Une question est sur les lèvres : et les reproductions des œuvres, dans ce livre ? (319 pages, 24 euros). Elles sont nombreuses, en couleurs, dans le texte, mais hélas ne figurent pas toutes celles auxquelles Bernes se réfère, ce qui est frustrant, mais peut se régler en allant regarder sur internet, après tout.
Pour terminer, disons que ce livre est parfaitement lisible avec bonheur, donne une grosse envie de filer en musée ou en expo; l'on apprend à regarder certaines œuvres, à réfléchir aux rapports entre notre avis sur une oeuvre, et ce que l'on sait -ou pas -par ailleurs de la vie de l'artiste. L'on sent parfois un petit peu vers qui penche l'auteur, mais il égratigne surtout des artistes du 20ème siècle (et pas tous!)
Commentaires
sinon, ce livre est parfait pour les amoureux des œuvres d'art comme toi. Je suis retournée trois fois dans le même musée tellement j'ai eu besoin de m'imprégner des œuvres, ça compte docteur ?
Je le note !
Quand j'ai visité la fondation LV (Paris) ma visite a été gâchée par les conditions de visite...
Que faire? Se contenter des coins moins fréquentés?
Bref, ce livre devrait te plaire, tu penses bien. L'occasion de voir autrement certains peintres.
Je me souviens de la fondation LV, la foule,etc., mais heureusement le cadre, l'architecture, et la vue ont sauvé la visite! ^_^
Je me souviens de Hokusaï en moins d'une heure, je n'en pouvais plus... On en est réduit à choisir le moins couru (et pas forcément moins intéressant)
Je modère les commentaires, à mon grand regret, car ils sont cachés tant que je n'arrive pas, et en plus j'ai des spams. Mais le confort de mes visiteurs est le plus important. Aifelle (canalblog) m'a confirmé qu'il n'y a pas de problèmes pour poster ici, ouf.
Au fait, le musée de Nantes, un jour je le visiterai, c'est de celui-ci que tu parles?
Il m'est arrivé de voir deux fois la même expo! Donc rien de grave chez toi.
Tente en bibli, tu ne risques rien!
Bon weekend.
Tiens, quand j'y pense, Zao Wou-ki, on aurait pu y rester des heures !!:-)
La visite qui m'a laissé un mauvais souvenir, c'était un jeudi pourtant, hors vacances scolaires, mais...
Sinon, oui, il y a la province, parfois on se retrouve seul ou presque, c'est fantastique! (et avec de belles expos)(ZWK dans ces conditions là, c'est le rêve!)
Je me souviens d'une expo au musée d'Orsay sur un seul tableau : Le déjeuner sur l'herbe de Manet, c'était effectivement passionnant et moins soulant que trois cent tableaux d'un même artiste.
Sinon, il faut aller voir les expos en province, il y en a de très bien aussi, ou les expos de photos, moins courues ! (v. mon billet du jour !) :)
Et puis il y a pour les privilégiés le bonheur de pouvoir retourner régulièrement dans un musée. J'adore aller dans la galerie des impressionnistes à Orsay revoir les tableaux... 30 secondes + 30 secondes + 30 secondes, au bout d'un moment, on atteint les 2 minutes j'imagine.
La quantité (même si de qualité) demande du temps, qu'on n'a pas,lors d'une unique visite, donc mieux vaut moins d'oeuvres...
Le déjeuner sur l'herbe devait de toute façon mériter du temps!
En province, oui, tu n'as pas à me convaincre (je suis allée deux fois au nouveau centre contemporain à Tours, les expos changent, et je me régale régulièrement au Château de Tours, avec plein d'expos photo entre autres. (Vivian Meier, Ronis, Capa, etc.)
Dernièrement je suis tombée amoureuse des tableaux de Zao Wou Ki...
Retourner à Orsay, tranquillement, sans expo particulière, est dans mes projets...
Ah l'envie de retourner voir une expo me démange...
10 ans d'histoire de l'art? Ouh là ça doit aider quand même pour bien apprécier ce qu'on voit, avoir des outils, quoi.