Description d'un paysage
Miniatures suisses
Hermann Hesse
Traduction de Michèle Hulin et de Jean Malaparte
José Corti, 1994
Alors là, dans le genre titre pas du tout attractif, j'ai rarement fait mieux! Mais peu importe, ce qui compte c'est le contenu. Une cinquantaine de textes d'une page à une vingtaine, écrits entre 1905 et 1960 par Hermann Hesse (1877-1962), allemand puis suisse, prix Nobel 1946. A cette lecture on imagine très bien Hesse parcourir ces villages, d'abord lors de randonnées énergiques, redescendant les pentes en luge (j'aurais aimé voir ça!), faisant une petite sieste ou nageant dans les rivières, assistant à des concours agricoles (avec yodlers), seul ou avec sa femme ou des amis. Montant pour la première fois en avion (1913!). Un coucou, avec juste lui et le pilote, et il avait oublié ses gants. Puis ensuite le temps passant, sa santé déclinant, lors de petites promenades tranquilles, muni de son matériel d'aquarelliste.
Parfois il égratigne les citadins, les nouveaux riches, les profiteurs de la guerre (de 1914-1918). Il déplore les changements survenus dans les belles vallées qu'il connaît depuis des années. Arrive une soirée pleine de charme dans le Tessin (1921) avec trois couples de danseurs. Des souvenirs lointains remontent. Lors d'une sieste il entend des jeunes écoliers réciter près de lui un de ses poèmes datant de cinquante ans. Une autre fois n'ayant rien à lire il relit une de ses œuvres, Le loup des steppes, dont il avait oublié certains détails...
Et de beaux passages...
"Devant nous se dressa, brillant avec force dans ses somptueuses couleurs, un arc-en-ciel complet. Il avait les pieds posés de part et d'autre de la route dans les graviers et dans l'herbe rare dont il semblait tirer la fraîcheur de son vert-clair. Il s'ouvrait devant nous comme une porte solennelle, augmentant de moment en moment sa luminosité et l'éclat de ses teintes. L'ami Hans qui était assis derrière moi me posa la main sur l'épaule et me dit:'Regarde, cela doit être pour nous un signe de paix.' C'était la conclusion conciliatrice de nos considérations précédentes sur les deux guerres.
Nous ne parvenions pas, cependant, à franchir ce portail aux couleurs éblouissantes, car l'arc, visible des deux côtés de la vallée jusqu'au sol, planait devant nous, proche à le toucher, mais aussi taquin que majestueux : juste à portée et insaisissable. Il nous accompagna ainsi jusqu'au bout de la longue route du col. Hans m'effleura encore le bras et comme je me retournais vers lui en souriant, il dit :' Elle plane devant nous, la paix, elle nous prodigue ses sourires, elle nous console, mais nous ne l'atteignons jamais, nous ne l'atteindrons jamais'."
Vous l'aurez compris, c'est un plaisir de cheminer tranquillement avec Hermann Hesse dans ces montagnes et vallées aimées, et surtout de découvrir l'homme Hesse au cours de ces décennies. Il demeure pudique bien sûr mais je garantis qu'il est de bonne compagnie.
Dans le nouveau challenge de Philippe
Miniatures suisses
Hermann Hesse
Traduction de Michèle Hulin et de Jean Malaparte
José Corti, 1994
Alors là, dans le genre titre pas du tout attractif, j'ai rarement fait mieux! Mais peu importe, ce qui compte c'est le contenu. Une cinquantaine de textes d'une page à une vingtaine, écrits entre 1905 et 1960 par Hermann Hesse (1877-1962), allemand puis suisse, prix Nobel 1946. A cette lecture on imagine très bien Hesse parcourir ces villages, d'abord lors de randonnées énergiques, redescendant les pentes en luge (j'aurais aimé voir ça!), faisant une petite sieste ou nageant dans les rivières, assistant à des concours agricoles (avec yodlers), seul ou avec sa femme ou des amis. Montant pour la première fois en avion (1913!). Un coucou, avec juste lui et le pilote, et il avait oublié ses gants. Puis ensuite le temps passant, sa santé déclinant, lors de petites promenades tranquilles, muni de son matériel d'aquarelliste.
Parfois il égratigne les citadins, les nouveaux riches, les profiteurs de la guerre (de 1914-1918). Il déplore les changements survenus dans les belles vallées qu'il connaît depuis des années. Arrive une soirée pleine de charme dans le Tessin (1921) avec trois couples de danseurs. Des souvenirs lointains remontent. Lors d'une sieste il entend des jeunes écoliers réciter près de lui un de ses poèmes datant de cinquante ans. Une autre fois n'ayant rien à lire il relit une de ses œuvres, Le loup des steppes, dont il avait oublié certains détails...
Et de beaux passages...
"Devant nous se dressa, brillant avec force dans ses somptueuses couleurs, un arc-en-ciel complet. Il avait les pieds posés de part et d'autre de la route dans les graviers et dans l'herbe rare dont il semblait tirer la fraîcheur de son vert-clair. Il s'ouvrait devant nous comme une porte solennelle, augmentant de moment en moment sa luminosité et l'éclat de ses teintes. L'ami Hans qui était assis derrière moi me posa la main sur l'épaule et me dit:'Regarde, cela doit être pour nous un signe de paix.' C'était la conclusion conciliatrice de nos considérations précédentes sur les deux guerres.
Nous ne parvenions pas, cependant, à franchir ce portail aux couleurs éblouissantes, car l'arc, visible des deux côtés de la vallée jusqu'au sol, planait devant nous, proche à le toucher, mais aussi taquin que majestueux : juste à portée et insaisissable. Il nous accompagna ainsi jusqu'au bout de la longue route du col. Hans m'effleura encore le bras et comme je me retournais vers lui en souriant, il dit :' Elle plane devant nous, la paix, elle nous prodigue ses sourires, elle nous console, mais nous ne l'atteignons jamais, nous ne l'atteindrons jamais'."
Vous l'aurez compris, c'est un plaisir de cheminer tranquillement avec Hermann Hesse dans ces montagnes et vallées aimées, et surtout de découvrir l'homme Hesse au cours de ces décennies. Il demeure pudique bien sûr mais je garantis qu'il est de bonne compagnie.
Dans le nouveau challenge de Philippe
Ah oui c'est sûr, c'est un auteur très fréquentable que j'ai beaucoup lu dans ma jeunesse, mais pas celui-ci; et c'est rassurant de savoir que même les auteurs oublient ce qu'ils ont écrit !
RépondreSupprimerDans ma jeunesse, je pense avoir lu au moins un roman, mais là je penche plus vers ses textes de réflexions et souvenirs.
SupprimerJe n'ai pas lu cet ouvrage mais c'est un écrivain que j'ai beaucoup lu jadis et que j'adore...
RépondreSupprimerOn a encore quelques découvertes à faire, avec lui.
Supprimerun livre que j'aime particulièrement et qui bien sûr est dans ma bibliothèque
RépondreSupprimerDepuis j'ai acheté un poche, de textes du même genre, j'espère!
SupprimerL'ambiance qui semble sourdre de ces pages me fait énormément penser à celle des photos d'August Sander... En même temps, ça me donnerait l'occasion de découvrir Hesse que je n'ai jamais lu (comme nombre de "classiques", en fait).
RépondreSupprimerJe ne connais pas August Sander, mais c'est la même époque et germanique aussi, on dirait.
SupprimerHesse est à (re)découvrir.
J'en ai lu quelques uns aussi dans ma jeunesse, mais pas celui-ci, qui a tout pour m'intéresser.
RépondreSupprimerEn fait j'aimerais découvrir ses textes (note : sur 7 livres empruntés à la bibli, je n'ai qu'un roman... c'est symptomatique de mon évolution de lectrice)
Supprimerj'ai lu aussi, Hesse, dans ma jeunesse mais pas celui-ci qui me semble parfait pour aujourd'hui (J'ai quitté ma jeunesse il y a ...longtemps!)car j'adore marcher et rêver.
RépondreSupprimerUne lecture et une écriture de la maturité? ^_^
SupprimerJe n'ai jamais été déçue avec Hesse (même si c'est parfois fastidieux). Là, ça donne sacrément envie de voyager avec lui. Par contre, je suis d'accord : paye le titre qui ne donne pas envie...
RépondreSupprimerOh je l'ai choisi pour l'auteur, pas le titre! ^_^
SupprimerIl réclame un peu de persévérance, mais ça vaut le coup.
Voilà qui pourrait bien me plaire...
RépondreSupprimerOn est loin des paillettes, et ça change.
SupprimerPour moi qui adore les voyages (tout comme toi), ce ne doit pas être mal !
RépondreSupprimerTu as un "è" dans "description". Je note donc ton lien.
Bonne fin de semaine.
Retrouve l'auteur, quel que soit le titre, en fait.
Supprimer(un billet écrit il y a un peu de temps, donc je ne savais pas pour le nouveau challenge, et j'ajoute!)
oh oui quel titre affreux! Je ne le connaissais pas, pourtant, jadis, il y a fort fort longtemps je dévorais les romans de Hesse!
RépondreSupprimerDisons qu'il faut faire confiance à l'auteur! Il s'agit de textes rassemblés, c'est tout.
SupprimerTiens, j'ai l'impression que je dis "déscription" moi (oui, je rebondis sur le commentaire de Philippe^^).
RépondreSupprimerBon, effectivement, un titre qui ne m'aurait absolument pas attiré, haha ! Sans compter que je n'ai pas eu une expérience très convaincante avec cet auteur (mais j'étais peut-être trop jeune). Bon, j'attends tes propositions suivantes.:-)
Ecoute, avec ce challenge et le précédent, je m'interroge sur ma façon de prononcer... ^_^
SupprimerDe Hesse, je viens d'acheter L'art de l'oisiveté, ah voilà un titre!
Une thématique qui plaît beaucoup à pas mal d'auteurs. Il me semble qu'il y a quelques autres livres sur le sujet.^^
SupprimerAu fait, j'avais oublié de rajouter hier que ta nouvelle bannière était très chouette !
N'est-ce pas? (et les lecteurs aussi ^_^)
SupprimerOui, j'ai enlevé les éléphants et opté pour du plus brillant, mais tout aussi éloigné du quotidien (et me suis aperçue après de la présence de deux têtes de femmes dans un miroir derrière; j'aime bien cette photo)
Très beau texte en effet !
RépondreSupprimerA lire sans se presser, guidé par Hesse.
SupprimerJe n'ai jamais rien lu de Hesse qui ne me plaise, celui-ci a l'air de la même veine.
RépondreSupprimerEvidemment il faut se laisser aller, et savourer!
SupprimerOh alors ça, moi qui viens de déménager en Suisse... Et j'ai eu ma période Hesse quand j'avais 20 ans, je ferais bien d'y revenir ! Je note aussitôt !
RépondreSupprimerOui, en général on découvre ses romans quand on est 'plus jeune'. Mais je préfère passer à ses textes de réflexions et descriptions.
SupprimerTu devrais le trouver aisément, de ton côté! ^_^
(Et ça me fait penser aux titres de Proust : "Noms de pays : le pays" c'est pas très attractif non plus !)
RépondreSupprimerHé bien je raffole des passages de Proust sur l'étymologie des noms (toponymie?)
SupprimerJ'en avais déjà entendu parler et je l'avais noté. Vous me le rappelez. Merci beaucoup.
RépondreSupprimerAlors bonne lecture, pour un jour ou l'autre!
SupprimerUn auteur que je n'ai pas lu encore mais que je lirai forcément !
RépondreSupprimerJamais lu un roman? Ses essais sont très bien, je les découvre.
Supprimerje ne connais pas celui-ci donc je note.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé "Siddharta" qui m'a donné envie de lire toute son œuvre et je viens de m'offrir "Damian"
J'ai lu des romans il y a très très longtemps, mais maintenant ces textes m'attirent plus. De toute façon ça vaut le coup de ne pas l'oublier.
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