Lettre de consolation à un ami écrivain
Jean-Michel Delacomptée
Robert laffont, 2016
Un écrivain dont les ventes demeurent confidentielles quoique honorables, en dépit de son talent, demeure ignoré du grand public. Il annonce sa décision de ne plus écrire.
Un de ses amis et admirateurs lui écrit une longue lettre (qui sera cette lettre de consolation), essayant de le faire changer d'avis, bien sûr. Pourquoi écrit-on, d'ailleurs? Par besoin? Pour se guérir, comme certains le croient?
Faut-il être lu ou bien lu?
"Que la quantité subventionne la qualité, l'argument plait aux éditeurs: il les exonère de la primauté accordée au rez-de-chaussée, quand ce n'est pas au sous-sol. Avant d'être éditeurs, ils sont commerçants, mais, bénéfice moral, être commerçants leur permet de publier de bons livres. Personnellement, cette espèce de troc, ou de compensation, ne me choque pas. Pour financer ce qui se vend peu, il faut produire ce qui se vend."
Rencontrant un groupe de lectrices (des enseignantes) l'auteur leur demande quels auteurs contemporains elles lisent. Beaucoup de noms encensés par les médias, ou récipiendaires de prix. Un certain filtrage semble exister en amont.
Mais Jean-Michel Delacomptée ne jette pas le bébé avec l'eau du bain, cite quelques auteurs contemporains intéressants, ne tombe pas trop dans le piège du 'c'était mieux avant', mais on sent son amour de la langue. Deux extraits, l'un de Duras, l'autre de Christine Angot, sont parfaitement parlants. Il a remarqué l'appauvrissement du niveau chez les politiques et les médias. Quant à la réécriture des livres pour enfants...
Citons une lettre de Flaubert à Maupassant
"Quand on écrit bien, on a contre soi deux ennemis: 1° le public, parce que le style le contraint à penser, l'oblige à un travail; et 2° le gouvernement, parce qu'il sent en nous une force, et que le pouvoir n'aime pas un autre pouvoir."
Je passe sur un extrait de De la démocratie en Amérique, sur le despotisme, et confesse que l'auteur m'a donné envie de lire Bossuet; ce type est dangereux!
Au final, un essai assez court que j'ai dévoré, alors qu'au départ ce n'était pas gagné. Pour réfléchir.
Histoire de continuer avec l'auteur et savourer sa prose, j'ai lu
Petit éloge des amoureux du silence
Jean-Michel Delacomptée
folio, 2011
Ne pas se fier à la couverture, l'auteur ne se contente pas de signaler les grossiers personnages abusant de leur téléphone en public. Il déplore la quasi disparition du silence dans notre société, évoque les situations insupportables vécues par de nombreux compatriotes (dont lui-même et son père mourant, une histoire qui l'a marqué), rappelle ce que dit la loi (précise, complète... et inappliquée).
Un avis plus détaillé chez Le bouquineur
Un double pour le challenge de Philippe
Jean-Michel Delacomptée
Robert laffont, 2016
Un écrivain dont les ventes demeurent confidentielles quoique honorables, en dépit de son talent, demeure ignoré du grand public. Il annonce sa décision de ne plus écrire.
Un de ses amis et admirateurs lui écrit une longue lettre (qui sera cette lettre de consolation), essayant de le faire changer d'avis, bien sûr. Pourquoi écrit-on, d'ailleurs? Par besoin? Pour se guérir, comme certains le croient?
Faut-il être lu ou bien lu?
"Que la quantité subventionne la qualité, l'argument plait aux éditeurs: il les exonère de la primauté accordée au rez-de-chaussée, quand ce n'est pas au sous-sol. Avant d'être éditeurs, ils sont commerçants, mais, bénéfice moral, être commerçants leur permet de publier de bons livres. Personnellement, cette espèce de troc, ou de compensation, ne me choque pas. Pour financer ce qui se vend peu, il faut produire ce qui se vend."
Rencontrant un groupe de lectrices (des enseignantes) l'auteur leur demande quels auteurs contemporains elles lisent. Beaucoup de noms encensés par les médias, ou récipiendaires de prix. Un certain filtrage semble exister en amont.
Mais Jean-Michel Delacomptée ne jette pas le bébé avec l'eau du bain, cite quelques auteurs contemporains intéressants, ne tombe pas trop dans le piège du 'c'était mieux avant', mais on sent son amour de la langue. Deux extraits, l'un de Duras, l'autre de Christine Angot, sont parfaitement parlants. Il a remarqué l'appauvrissement du niveau chez les politiques et les médias. Quant à la réécriture des livres pour enfants...
Citons une lettre de Flaubert à Maupassant
"Quand on écrit bien, on a contre soi deux ennemis: 1° le public, parce que le style le contraint à penser, l'oblige à un travail; et 2° le gouvernement, parce qu'il sent en nous une force, et que le pouvoir n'aime pas un autre pouvoir."
Je passe sur un extrait de De la démocratie en Amérique, sur le despotisme, et confesse que l'auteur m'a donné envie de lire Bossuet; ce type est dangereux!
Au final, un essai assez court que j'ai dévoré, alors qu'au départ ce n'était pas gagné. Pour réfléchir.
Histoire de continuer avec l'auteur et savourer sa prose, j'ai lu
Petit éloge des amoureux du silence
Jean-Michel Delacomptée
folio, 2011
Ne pas se fier à la couverture, l'auteur ne se contente pas de signaler les grossiers personnages abusant de leur téléphone en public. Il déplore la quasi disparition du silence dans notre société, évoque les situations insupportables vécues par de nombreux compatriotes (dont lui-même et son père mourant, une histoire qui l'a marqué), rappelle ce que dit la loi (précise, complète... et inappliquée).
Un avis plus détaillé chez Le bouquineur
Un double pour le challenge de Philippe
Commentaires
Et que dire du silence, même France musique me fatigue parfois tellement ça papote ou s'écoute parler...
A part ça je choisis ce que j'écoute à la radio, je zappe ou éteins. ^_^
Le problème c'est le bruit qui pourrait être évité.
Bref, finalement, ce bouquin me plairait peut-être tout de même, ne serait-ce que pour en prendre le contre-pied ?
http://lebouquineur.hautetfort.com/archive/2012/10/11/jm-delacomptee-petit-eloge-des-amoureux-du-silence.html
La première :"Ai-je raison d'écrire?"
Merci pour cette double participation à mon challenge et bonne fin de soirée.
Le silence devient une richesse.
Bref, intéresse toi à cet auteur!
Le deuxième est court et le sujet m'intéressait (aussi), il suffit de peu pour gâcher la vie, question bruit.
Flaubert, bien sûr.
L'appauvrissement du niveau des médias : il est rare que les sites d'actualité de grands journaux belges (Le Soir p ex) ne comportent ds fautes d'orthographe, dans les titres même.
Aux États-Unis, les articles de fond dans la presse ont fondu de 75% en dix ans.
Je vais me procurer cet essai qui risque, encore une fois, de me voir fulminer... Mais non, ce n'était pas mieux avant, c'était quand même autre chose.
Mieux avant? Différent? Heureusement on peut se réfugier dans les classiques, ce n'est pas un hasard s'ils le sont, ou tenter de dénicher les pépites contemporaines (il y en a)
Découvre l'auteur aussi, il le mérite.