Martin Mongin
Tusitala, 2019
Ce (premier) roman fut repéré sur le blog de Nicole puis celui de Papillon, et cela suffisait à me tenter. Surtout qu’elles n'en disaient pas trop, se contentant de tenter avec des histoires de neurones grésillant de plaisir ou pétillant (et je confirme que les miens furent aussi à la fête), et de donner comme références Antoine Bello ou le Binet de La septième fonction du langage. Me voici encore bien d'accord, si l'on considère l'originalité de la forme, le côté jubilatoire, l'écriture fluide, l'imagination sans faille, le sujet sans autofiction aucune (ouf!), l'ambiance 'tu tourneras les pages'. J'ajouterai juste que ça m'a aussi fait penser, dans le genre bluffant, à Roman fleuve d'Antoine Piazza.
Mais qui est donc ce Francis Rissin, dont le nom apparaît subitement sur des affiches collées nuitamment dans les moindres villages français? Un candidat à quelque chose? Un homme providentiel? Onze chapitres vont en dévoiler un peu, sans trop de chronologie, laissant parler différentes voix pas forcément en accord, pour un tout vertigineux. Rien que le premier texte, une conférence de séminaire dont l'auteur narre sa recherche frustrée d'un livre n'existant probablement pas, est déjà un grand moment de lecture! Ensuite, hé bien, le lecteur est bien baladé, de textes fascinants en textes quasi hallucinés. Une fête au centre Pompidou, une prison de haute sécurité et sa guillotine, voilà des moments inoubliables. Mais faut-il prendre pour argent comptant les récits autour de Francis Rissin? L'on peut y détecter une quasi hagiographie, voire des tournures des Évangiles ou de l'Ecclésiaste... L'on flirte parfois avec l'imaginaire.
Le tout -le début du moins- se déroule dans une monde qui ressemble fortement au notre, avec ses imperfections, ses privilégiés, ses attentes frustrées. Faut-il un homme fort à la Napoléon ou De Gaulle? Voire un dictateur?
Bref, jetez-vous sur ce roman ! Je ne dirais pas Votez Francis Rissin, parce que, comme vous le découvrirez au cours de la lecture, (mais chut).
(je continue à lever le pied côté blog, mais quand on a des chouettes lectures, difficile de laisser passer)
Commentaires
"pas mal d'ingrédients qui me font de l'œil, c'est noté! "
(Personnellement, j'ai eu envie d'arrêter – le blog pas les livres – à à la fin de cet été, mais voilà, toujours là, il me manquerait quelque chose, dirais-je. L'habitude est une seconde nature).
Le "chut" de la fin me torture. On n'a pas idée de piquer la curiosité des gens ainsi !
Contente de voir que ça va mieux :-)
Bah, mieux je ne sais pas, disons que les problèmes demeurent, c'est juste mon attitude face à eux qui doit changer. ^_^
Cela fait deux ou trois fois que j'entends parler de ce roman ces derniers jours. J'ai un peu peur qu'il soit trop barré pour moi. A voir...
alors que je fait aussi dans le coup de mou prolongé, voilà que tu utilise le mot magique: Piazza. Donc me voici condamné à acheter ce livre et à le lire.Allez, je retourne ecouter Zebda afin d'etre motivé.