Je ne mets pas toutes les couvertures, c'est chez Minuit. Là, on fait dans le sobre, Monsieur.
Courir
Jean Echenoz
Minuit, 2008
D'Echenoz je n'ai lu que Envoyée spéciale et La vie de Gerard Fulmard, que je qualifierais de 'barré', catégorie qui a mon approbation totale. Mais avec des sujets plus non fictionnels, qu'allait bien en faire l'auteur? Avec Courir, voilà un début de réponse. Un Echenoz différent mais toujours talentueux.
Courir, c'est ce qu'au début n'aimait pas Emile, et puis de fil en aiguille, en dépit d'un style peu orthodoxe, il gagne, il gagne, il bat les records. A Londres, 1948, puis Helsinki, 1952, il rafle des médailles d'or. En Tchécoslovaquie, durant la guerre froide, les athlètes ne se déplacent pas à l'étranger comme ils le désirent, et en 1968, Emile voit sa vie changer.
Avec Echenoz j'ai pu dévorer le parcours d'Emile Zatopek, conté avec une ironie tragique sous-jacente, pour finir embarquée dans une grande émotion. Très bon livre.
"Je courrai dans un style parfait quand on jugera de la beauté d'une course sur un barème, comme en patinage artistique. Mais moi, pour le moment, il faut juste que j'aille le plus vite possible."
On trouve des vidéos sur internet, exact, drôle de style, mais efficace!
Ravel
Jean Echenoz
Minuit, 2006
Poursuivons donc la découverte des écrits de Jean Echenoz, dans sa veine moins barrée (voire pas du tout) mais plus biographique. Après Emile Z, voici Ravel.
"Ce roman retrace les dix dernières années de la vie du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937)."
Près de la moitié de ce court récit concerne un voyage de Ravel aux Etats-Unis, pour une tournée (épuisante) en dépit du luxe (paquebot, trains, hôtels) avec lesquels ils s'effectuent. Dans sa vie de l'époque, partout des personnes aux petits soins, s'occupant de tous les détails. Une grande attention portée par Ravel à son habillement (ces années-là, dans certains milieux, c'était la grande classe!).
Quelques références à sa vie privée, à sa vie tout court (guerre de 14-18, il a insisté pour y participer, et comme compositeur -à l'époque considérée, il est célèbre et adulé).
A la fin, il meurt, bien sûr, et j'ignorais dans quelles conditions.
"Il s'attarde un moment au piano, joue et rejoue d'un doigt une phrase sur le clavier. Vous ne trouvez pas que le thème a quelque chose d'insistant? demande-t-il à S. Et puis il va se baigner. Sorti de l'eau, assis sur le sable sous le soleil de juillet, il reparle de cette phrase de tout à l'heure. Ce serait bien d'en faire quelque chose. Il pourrait par exemple essayer de la répéter plusieurs fois mais sans la développer, juste ne faisant monter l'orchestre et le graduer au mieux tant qu'il pourrait. Non? Enfin bon, dit-il en se levant avant de retourner nager, des fois que ça marcherait comme La Madelon. Mais ça marchera beaucoup mieux, Maurice, ça va marcher cent mille fois mieux que La Madelon."
Petit souci avec Wittgenstein, pour qui il a écrit un concerto pour la main gauche, et que ce pianiste a joué en y ajoutant des fioritures. "Il lui adresse un mot bref dans lequel il fait valoir que son interprétation relève de la contrefaçon, et le somme avec fermeté de s'engager à jouer désormais son oeuvre rigoureusement telle qu’elle est écrite. Quand Wittgenstein, vexé, lui écrit en retour que les interprètes ne doivent pas être des esclaves, Ravel lui répond en cinq mots. Les interprètes sont des esclaves."
Caprice de la reine
Jean Echenoz
Minuit, 2014
Des récits, annonce la couverture, sur divers sujets, Nelson, qui a souffert toute sa vie du mal de mer (pas de chance, vraiment), Babylone à l'époque de sa gloire, les ponts (ce type rendrait passionnant le Bottin, même remarque pour ses incursions au Bourget.)
"un amoncellement d'arbres presque exagérément français dans l'exhaustivité de de leur représentation, chênes, frênes, hêtres et autres essences démunies d'accent circonflexe telles qu'ormes, tilleuls, peupliers."
Des textes qui pourraient convenir aux auditrices de Luocine!!!
Je m'en vais
Jean Echenoz
Minuit, 1999
Prix Goncourt
Voyons donc ce que donnait à l'époque Echenoz en pure fiction, avec Goncourt à la clé, quand même. Pas barré comme dans Envoyée spéciale ou Gérard Fulmard, mais l'écriture assez factuelle, à l'ironie sous-jacente, est bien là.
Je vais divulgâcher. Cela commence par "Je m'en vais, dit Ferrer, je te quitte." et se termine par "je prends juste un verre et je m'en vais." Entre les deux, Ferrer, propriétaire d'une galerie d'art parisienne, aura vécu bien des aventures rocambolesques, dont il serait dommage de dire trop. Juste que c'est bien fichu, inattendu, en fait le lecteur est bien baladé, dans tous les sens du terme.
Un roman qui tient la route, des années après.
des avis chez babelio, lecture écriture,
Et pour finir (!) texte hybride entre roman et document.
14
Jean Echenoz
Minuit, 2012
Cinq appelés en 14, parmi bien d'autres, dont deux amoureux de la même femme, Blanche. Leurs destins sont représentatifs de ceux de millions d'autres.
Un livre court (ce qui explique que j'aligne les Echenoz comme des perles!) et que je recommanderais pour bien comprendre l'horreur de la guerre de 14 dans tous ses détails.
Challenge de Phildes
Courir
Jean Echenoz
Minuit, 2008
D'Echenoz je n'ai lu que Envoyée spéciale et La vie de Gerard Fulmard, que je qualifierais de 'barré', catégorie qui a mon approbation totale. Mais avec des sujets plus non fictionnels, qu'allait bien en faire l'auteur? Avec Courir, voilà un début de réponse. Un Echenoz différent mais toujours talentueux.
Courir, c'est ce qu'au début n'aimait pas Emile, et puis de fil en aiguille, en dépit d'un style peu orthodoxe, il gagne, il gagne, il bat les records. A Londres, 1948, puis Helsinki, 1952, il rafle des médailles d'or. En Tchécoslovaquie, durant la guerre froide, les athlètes ne se déplacent pas à l'étranger comme ils le désirent, et en 1968, Emile voit sa vie changer.
Avec Echenoz j'ai pu dévorer le parcours d'Emile Zatopek, conté avec une ironie tragique sous-jacente, pour finir embarquée dans une grande émotion. Très bon livre.
"Je courrai dans un style parfait quand on jugera de la beauté d'une course sur un barème, comme en patinage artistique. Mais moi, pour le moment, il faut juste que j'aille le plus vite possible."
On trouve des vidéos sur internet, exact, drôle de style, mais efficace!
Ravel
Jean Echenoz
Minuit, 2006
Poursuivons donc la découverte des écrits de Jean Echenoz, dans sa veine moins barrée (voire pas du tout) mais plus biographique. Après Emile Z, voici Ravel.
"Ce roman retrace les dix dernières années de la vie du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937)."
Près de la moitié de ce court récit concerne un voyage de Ravel aux Etats-Unis, pour une tournée (épuisante) en dépit du luxe (paquebot, trains, hôtels) avec lesquels ils s'effectuent. Dans sa vie de l'époque, partout des personnes aux petits soins, s'occupant de tous les détails. Une grande attention portée par Ravel à son habillement (ces années-là, dans certains milieux, c'était la grande classe!).
Quelques références à sa vie privée, à sa vie tout court (guerre de 14-18, il a insisté pour y participer, et comme compositeur -à l'époque considérée, il est célèbre et adulé).
A la fin, il meurt, bien sûr, et j'ignorais dans quelles conditions.
"Il s'attarde un moment au piano, joue et rejoue d'un doigt une phrase sur le clavier. Vous ne trouvez pas que le thème a quelque chose d'insistant? demande-t-il à S. Et puis il va se baigner. Sorti de l'eau, assis sur le sable sous le soleil de juillet, il reparle de cette phrase de tout à l'heure. Ce serait bien d'en faire quelque chose. Il pourrait par exemple essayer de la répéter plusieurs fois mais sans la développer, juste ne faisant monter l'orchestre et le graduer au mieux tant qu'il pourrait. Non? Enfin bon, dit-il en se levant avant de retourner nager, des fois que ça marcherait comme La Madelon. Mais ça marchera beaucoup mieux, Maurice, ça va marcher cent mille fois mieux que La Madelon."
Petit souci avec Wittgenstein, pour qui il a écrit un concerto pour la main gauche, et que ce pianiste a joué en y ajoutant des fioritures. "Il lui adresse un mot bref dans lequel il fait valoir que son interprétation relève de la contrefaçon, et le somme avec fermeté de s'engager à jouer désormais son oeuvre rigoureusement telle qu’elle est écrite. Quand Wittgenstein, vexé, lui écrit en retour que les interprètes ne doivent pas être des esclaves, Ravel lui répond en cinq mots. Les interprètes sont des esclaves."
Caprice de la reine
Jean Echenoz
Minuit, 2014
Des récits, annonce la couverture, sur divers sujets, Nelson, qui a souffert toute sa vie du mal de mer (pas de chance, vraiment), Babylone à l'époque de sa gloire, les ponts (ce type rendrait passionnant le Bottin, même remarque pour ses incursions au Bourget.)
"un amoncellement d'arbres presque exagérément français dans l'exhaustivité de de leur représentation, chênes, frênes, hêtres et autres essences démunies d'accent circonflexe telles qu'ormes, tilleuls, peupliers."
Des textes qui pourraient convenir aux auditrices de Luocine!!!
Je m'en vais
Jean Echenoz
Minuit, 1999
Prix Goncourt
Voyons donc ce que donnait à l'époque Echenoz en pure fiction, avec Goncourt à la clé, quand même. Pas barré comme dans Envoyée spéciale ou Gérard Fulmard, mais l'écriture assez factuelle, à l'ironie sous-jacente, est bien là.
Je vais divulgâcher. Cela commence par "Je m'en vais, dit Ferrer, je te quitte." et se termine par "je prends juste un verre et je m'en vais." Entre les deux, Ferrer, propriétaire d'une galerie d'art parisienne, aura vécu bien des aventures rocambolesques, dont il serait dommage de dire trop. Juste que c'est bien fichu, inattendu, en fait le lecteur est bien baladé, dans tous les sens du terme.
Un roman qui tient la route, des années après.
des avis chez babelio, lecture écriture,
Et pour finir (!) texte hybride entre roman et document.
14
Jean Echenoz
Minuit, 2012
Cinq appelés en 14, parmi bien d'autres, dont deux amoureux de la même femme, Blanche. Leurs destins sont représentatifs de ceux de millions d'autres.
Un livre court (ce qui explique que j'aligne les Echenoz comme des perles!) et que je recommanderais pour bien comprendre l'horreur de la guerre de 14 dans tous ses détails.
Challenge de Phildes
Commentaires
Merci pour ta participation à mon challenge.
J'ai bien eu ta première trilogie. Pour l'instant, les liens sont en mode brouillon sur mon blog, pas encore publiés.
Bonne semaine.
Dans ces titres, tu devrais trouver un bon moyen de faire connaissance de l'auteur.
Là j'ai fait une jolie razzia dans mes biblis, j'ignore si j'ai tout lu.
On est bien d'accord sur Echenoz, je sais qu'il m'en reste à lire!