Autant en emporte le vent
Gone with the wind
Margaret Mitchell
Gallmeister, 2020
Traduit par Josette Chicheportiche
Allez, on part en Géorgie avant et après la guerre de Sécession? Bien sûr que vous avez sans doute lu cette mythique histoire, les amours de Scarlett O'Hara la belle du sud (Taratata!) aux yeux verts, avec Rhett Butler (argh), Ashley et Melanie comme personnages inoubliables. Bien sûr que votre cœur a palpité en visionnant le film! Sachez si vous l'ignorez qu'Olivia de Haviland, qui jouait Melanie est décédée en juillet 2020 à l'âge de 104 ans.
Gallmeister propose ces 1400 pages (reviens, G.) en deux volumes totem précédés d'une biographie de l'auteur (née à Atlanta en 1900, et ça se sent que la ville est chère à son coeur) et de quelques événements en relation avec le thème des droits des afro-américains. La traduction est toute nouvelle.
Alors, fallait-il ressortir ce roman? Sachant que le film est "régulièrement accusé de faire la promotion de l'époque où le Sud des États-Unis était esclavagiste en présentant une version romantique et très édulcorée de cette période. Alors que les États-Unis sont en plein cœur de débats sur le racisme suite à la mort de George Floyd, tué lors d'un contrôle de police, la plate-forme de streaming HBO Max a décidé de retirer l'œuvre de son catalogue."
J'ai donc décidé de me lancer en scrutant certains détails, et c'est vrai, Margaret Mitchell y va fort quand même dans la promotion du sud et le 'c'était quand même pas mal avant d'affranchir les esclaves' ou 'notre pauvre sud a été mis à terre mais on se relève en gardant nos valeurs'. Opinions d'ailleurs dans la tête ou la bouche de Scarlett et de certains personnages. Souvent choquantes.
J'ai aussi redécouvert des faits sur le Ku Klux Klan (quoi!)
Et la traduction? Fluide, ça se lit tout seul. J'ai englouti ce gros roman quasiment d'une traite. En ayant oublié les images du film et donc en me créant les miennes au fur et à mesure. En attendant avec impatience certaines scènes, en redécouvrant d'autres passages totalement oubliés. J'ai découvert que Mamma n'est plus Mamma, mais Mammy, comme dans la version originale. J'avoue d'ailleurs avoir lu cette version originale.
Juste un exemple de la traduction du parler de Mammy, controversée auparavant car le traducteur avait enlevé les 'r'.
"Young misses whut frowns an pushes out dey chins an' says 'Ah will' and 'Ah woan' mos gener'ly doan ketch husbands" prophesied Mammy gloomily. "Young misses should cas' down dey eyes an' say, 'Well, suh, Ah mout' an' 'jes' as you say, suh'"
Ce qui donne maintenant
Les p'tites mam'zelles qui froncent les sourcils et qu'avancent le menton et pis qui disent 'J'veux' et 'J'veux pas', en général, elles attrapent pas de maris, prophétisait Mummy d'un air sombre. Les p'tites mam'zelles, les doivent baisser les yeux et dire 'Bien, m'sieur, je l'ferai' et 'Juste comme vous dites, m'sieur".
Commentaires
Je ne comprends pas trop la polémique. Écrire en 1936 "Oui le Sud c'était trop bien", c'est ouvertement raciste et esclavagiste, je ne vois pas trop comment on peut en douter ! Et ça empêche pas d'être un grand livre et un grand film, il y a aussi beaucoup de choses sur les relations hommes femmes. D'ailleurs on peut être raciste et conservateur et camper un personnage de femme forte, c'est ça qui est bien ! Bref, un jour je me laisserai emporter par le vent !
mais c'est bien d'offrir une nouvelle traduction que je n'ai pas lu mais que j'ai acheté en livre audio pour mon plus grand plaisir
Ah, titi? Je voyais aussi du bien rural?
Bon, j'étais jeune, et ça me plairait peut-être plus maintenant.
Bonne soirée.
Je pense que retirer le film du catalogue d'HBO Max est dommage. Oui, il est raciste, comme beaucoup d'autres films, comme énormément de films sont sexistes, homophobes... Il faut les aborder avec la conscience de cela, mais on n'est pas dans l'appel à la haine ici et le livre a d'autres grandes qualités.
Oui aux œuvres plus inclusives, mais on ne peut pas refaire le passé. Ca me semble normal de déboulonner des statues de personnes qui ont aussi été de grands criminels, racistes etc. Mais une oeuvre n'est pas là pour être glorifiée, c'est aussi le témoin (forcément imparfait et subjectif d'une époque).
Je suis curieuse de le lire un jour tout en aillant en tête la période à laquelle il a été écrit et en prenant du recul sur certains comportements.
Exact, tous ces messieurs nostalgiques du sud appartiennent au Klan, l'idée étant de venger les agressions sur des femmes (blanches)(enfin si on se fie au roman). On sait comment ça a évolué...
Le roman est intéressant si on scrute certains détails. Par exemple on parle des serviteurs 'de maison' et on ignore ceux des champs.
Je n'ai jamais lu ce roman, j'ai vu le film qui faisait partie de ces films "à voir", quand j'étais dans la petite vingtaine !
Tout à fait, une lecture ou relecture en sortant de l'histoire sentimentale (quoique, elle tient la route) et en scrutant les détails tout en tenant compte des opinions de l'auteur, c'est bien!
Mais je trouve très utile cette réédition, mieux traduite, je pense, et qui remet le roman dans son contexte, dans la préface, c'est ça ?
On est assez grands pour faire la part des choses, oui.