La poursuite de l'idéal


 La poursuite de l'idéal

Patrice Jean

Gallimard, 2021


" Cyrille était-il un nigaud? Le lecteur est en droit de se poser la question. Le romancier aussi : son imagination lui a-t-elle refourgué un héros de deuxième main, incapable de se débrouiller tout seul, aveugle aux évidences, sans cesse mené par le bout du nez, veule, indécis, stupide? Parmi des milliers de héros, il a fallu tomber sur cette ganache! Allez écrire un roman avec un benêt!"

Sois rassuré, lecteur, Cyrille Bertrand, jeune homme que l'on suit durant une petite dizaine d'années, sa vingtaine, est un héros plutôt sympathique, un peu empêtré c'est sûr, mais quel aspirant poète (et parfois amoureux) ne le serait pas, dans notre monde? Disons roman d'apprentissage, comme ça on sera débarrassé, et suivons Cyrille dans ses amours et ses aspirations. Fidèle en amitié, entre les opposés Raphaël et Ambroise, il fera son chemin, du service contentieux d'une entreprise à ... (au lecteur de le découvrir), en passant par le rayon fruits et légumes d'un supermarché où l'on croisera un syndicaliste pur et dur - beau personnage, et le ministère de la culture sous l'égide de Trézenik, réac selon lui-même et les autres, mais quel personnage lui aussi.

L'intérêt ne faiblit pas, la dérision file entre les lignes, la société dans son entier est égratignée, les personnages aussi, la fin est jolie, bref, j'ai bien fait de suivre le conseil du bibliothécaire en me lançant à l'aveugle.

"La société finissait par tenir ses promesses. Elle vous domestiquait gentiment."

Note page 270 "Et dire qu'il a fallu attendre la moitié du roman, et même plus de la moitié, pour avoir un portrait du héros. C'est nul."

"Tant qu'un projet vous tient entre ses griffes, vous n'avez de cesse que vous ne vous en libériez en le menant à son terme, que ce sujet soit un diplôme à passer, un voyage en Namibie, une soirée d'anniversaire,  un roman, un coït, une entreprise, un mariage, mais une fois l'événement derrière vous, vous retrouvez la gratuité des jours et des saisons; parfois vous vous dites : ce n'était donc que ça; ma vie n'a pas changé."

(OK, mieux vaut avoir bon moral en se lançant dans la lecture, mais c'est fort plaisant)

Avis babelio, qui en disent plus, j'ai volontairement raconté fort peu, car c'est un livre à découvrir!


Commentaires

  1. Mes bibliothèques ne l'ont pas et je n'en ai pas entendu parler du tout de ce roman.

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    1. En fait je n'ai pas vu d'avis sur les blogs que je connais un peu, et il semble que ce soit le bibliothécaire qui apprécie l'auteur, j'ai suivi son avis, et j'aime cette découverte.

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    2. Un anti-héros en somme ? Pourquoi pas, c'est un livre qui a l'air de changer un peu de ce que l'on peut lire habituellement, non ?
      Daphné

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    3. Oui, cela change bien, on en a peu parlé, cela suffit pour que j'aille y voir! ^_^

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  2. Ça a l’air distrayant et un peu piquant, pourquoi pas après tout ?

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  3. pas du tout ma tasse de thé, mais c'est bien de mettre en avant un livre dont la sortie n'a pas fait beaucoup de bruit :-)

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    1. Exact, l'auteur est assez discret on dirait, pas vraiment médiatique et médiatisé, mais franchement intéressant.Sans ce bibliothécaire (qui fait bien son travail!) je ne l'aurais pas lu.

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    1. Paru le 21 janvier 2021, site Gallimard. Mais on en a si peu parlé semble-t-il...

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  5. Ah mais c'est l'auteur de "L'homme surnuméraire", que j'avais beaucoup aimé, un roman très original..

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    1. Chouette, parce que, tu t'en doutes, j'ai bien envie de lire d'autres titres de l'auteur!

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  6. Je partage votre enthousiasme... :)
    Bien à vous

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    1. Merci de votre passage, ô inconnu, je sens votre enthousiasme aussi.

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  7. A découvrir puisqu'il m'est complètement inconnu.
    Merci pour la découverte et bonne soirée.

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    1. Totalement d'accord, il faut se lancer! Je suis aussi partie de l'inconnu total.

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  8. j'aime bien quand l'auteur interpelle directement le lecteur à la Italo Calvino !

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    1. Il faut croire que moi aussi puisque j'ai cité ces passages. ^_^ Calvino, je ne me souvenais pas.

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  9. Jamais entendu parler! Dérision, dis-tu? Moi aussi j'aime bien me lancer dans l'inconnu

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  10. Oooh mais c'est que ça a l'air bien sympa ça ! Youhou il est dispo en bib numérique ! Et j'avais repéré aussi L'homme surnuméraire qui semble être complètement ma came !

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    1. J'espère lire aussi L'homme surnuméraire. Ce qui est sûr, c'est que l'auteur a un style, un ton, et que ses personnages peuvent avoir des opinions à rebrousse-poil.

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  11. je ne l'ai pas vu passer au début je pensais qu'il s'agissait d'un livre de la rentrée...
    je ne suis pas sûre qu'il me plaise mais je le note quand même :-)

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    1. Janvier 2021, et hélas peu sous les projecteurs.

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  12. Réponses
    1. Si, identifié, mais qui change un peu du tout venant.

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  13. j'hésite un peu je dois dire que e ralentis un peu mes lectures en ce moment.

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    1. Je te comprends, lis ce qui te fait envie et plaisir!

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  14. J'aime beaucoup les extraits que tu cites.

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  15. Mais... mais... je n'avais donc pas laissé de commentaire ? Pour dire que je ne connaissais absolument pas cet auteur et que votre chronique me donnait envie de le découvrir ?
    J'en profite pour vous signaler une série anglaise que je viens de découvrir mais que vous connaissez peut-être : Les enquêtes de Loveday et Ryder, de Faith Martin. So british !

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    1. ^_^!!!
      Je ne le connaissais pas non plus, mais je le recommande, cela change bien du tout-venant.
      Merci de signaler une série british, là je sors du tome 6 des Détectives du Yorkshire, pas de tome 7 à l'horizon, ça va être long...

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    2. On se demande parfois ce que font les auteurs.. Quel plaisir ont-ils à nous faire lambiner comme ça... Pour certains, il faut reconnaître qu'on ne peut plus rien exiger d'eux comme ce pauvre Henning Mankell ; j'en ai pris mon parti, mais Wallander me manque quand même.

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    3. Et Jean-François Parot, aussi, le pauvre. On ne saura donc jamais si Nicolas Le Floch et Aimée d'Arranet vont se marier...

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    4. Julia Chapman est bien vivante, heureusement, on lui laisse le temps d'écrire, mais c'est mieux quand ça ne traîne pas trop.^_^

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    5. Aïe, je n'ai pas commencé cette série, mais c'est dur de ne pas savoir (on peut imaginer quand même ^_^). Les auteurs qui meurent, ceux qui laissent un roman inachevé. Par exemple Jane Austen, grrr elle aurait eu le temps, mais elle en a abandonné un en route.

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  16. J'aime les romans avec dérisions et "égratinage " de la société ! Donc pourquoi pas ?!

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    1. Il est un peu gros, entre 400 et 500 pages, mais ça se lit bien.

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  17. Petit passage en coup de vent (retour de vacances et longue déconnexion) pour tomber sur ce titre qui m'intéresse et pour lequel les avis, outre le vôtre, sont très +. Les extraits proposés me tentent, j'espère le trouver en bibliothèque ici. Merci.

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    1. Oui, en bibli, c'est mieux. Je pense que vous aurez des réflexions intéressantes!

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