Les contemplées


 Les contemplées

Pauline Hillier

La manufacture de livres, 2003


Sans trop savoir de ce livre, sauf l'enthousiasme de Delphine Olympe, je me suis lancée, pour d'emblée me retrouver à la Manouba, dans la prison pour femmes de Tunis. Pauline Hillier a manifesté pour une tunisienne emprisonnée, et tout a suivi très vite. Les conditions sont difficiles, et la voilà avec 27 autres dans une cellule de 20 mètres carrés, surchauffée et malodorante. Elle ne connaît pas l'arabe, ni les habitudes du lieu. Les gardiennes sont brutales, son procès (si on peut utiliser ce mot) est une mascarade.

Petit à petit elle découvre ses codétenues, de tous âges, de tous passés, leurs vies aussi. Sa vie et sa vision vont changer radicalement. 

"Si même les "gentilles" comme Warda et Chafia sont jetées en prison et si même les "méchantes" comme Fazia et Orti Latiffa se révèlent sensibles, touchantes, inspirantes même, je suis perdue. (...) Les cartes de la vie sont rebattues, tout est à revoir. Je me défais peu à peu des préjugés moraux que je brandissais jadis avec l'arrogance d'un petit prêtre. Je désapprends."

"D'un bande de tueuses, de voleuses et de petites délinquantes, j'ai reçu la plus magistrale des leçons d'humanité. Moi qui venais en féministe expérimentée (je le croyais), j'ai découvert là-bas ce que la violence patriarcale pouvait produire de plus abjecte, de plus sournois et de plus sombre. "

Un livre qu'on ne lâche pas, époustouflant.

Avis babelio

Le billet de Delphine Olympe, découvert juste au moment de mon emprunt de Le Décaméron des femmes, où elle écrivait

"Ce roman m’a rappelé un livre qui ne dira sans doute pas grand chose à grand monde, mais qui m’avait fortement impressionnée à la fin de mon adolescence et dont je conserve un souvenir vif et déchirant : celui de la Russe Julia Voznesenskaya, Le Décaméron des femmes, dans lequel une dizaine de jeunes accouchées réunies dans un hôpital de Leningrad se racontaient à tour de rôle les événements marquants de leur existence. A travers leurs récits personnels, c’est la manière dont la société soviétique pesait sur la condition féminine que l’auteure révélait. Pauline Hillier procède de la même manière, et de son livre se dégagent la même émotion, le même élan de solidarité, la même force, faisant naître chez le lecteur le même sentiment de révolte. Un sentiment accru lorsqu'on sait que ce livre est inspiré de ce qu'a réellement vécu l'auteure. Quelque chose me dit que ces Contemplées me marqueront d’une empreinte aussi durable. Et je souhaite à toutes les lectrices - et aux lecteurs aussi - de connaître le même saisissement que celui qui m'a étreinte en lisant ces deux livres.  "

Ensuite je n'avais plus qu'à emprunter et lire Les contemplées!

Commentaires

  1. Emballée à la suite du passage de l'autrice dans "La Grande Librairie", je l'avais commencé mais vite abandonné . Je trouvais qu'on restait trop à la lisière de la vie de ces femmes.

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    1. Au fur et à mesure du livre on en apprend plus.

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  2. Je l'emprunterai à la bibliothèque, sans urgence.

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    1. Il se lit quasiment d'un souffle, de toute façon.

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  3. Je l'ai noté mais je ne sais pas quand il sera à la médiathèque, pour l'instant il n'y est pas. Par contre j'avais lu "le Décaméron" mais pas celui des femmes dont tu nous as parlé récemment et que j'ai noté depuis. Merci

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    1. Mais oui, je dois lire le Décaméron le plus ancien (un jour ^_^)

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  4. J'ai du voir aussi l'autrice quand elle est passée dans l'émission "La Grande Librairie"

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    1. Bien possible, mais je regarde pas. Si tu peux le lire, n'hésite pas.

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  5. Deux avis enthousiastes : je vais voir de ce pas à ma BM.

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  6. je crois que je ne peux que le noter aussi!

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  7. Ooouh il est dispo dans ma bibli numérique ! Et tu fais bien de me rappeler le Décaméron des femmes aussi !

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    1. Te voilà avec de bonnes lectures (j'ai Boccace en ligne de mire)

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  8. un sujet très fort qui m'intéresse.

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  9. Je le mets sur la liste! et plutôt vers le haut

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  10. J'avais repéré ce titre suite au passage de l'auteure à La Grande Librairie. Visiblement, il mérite le détour, et le sujet est original.

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    1. C'est du vécu (un peu arrangé pour des raisons qui se comprennent)

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  11. Oh la... Ca semble très fort, "trop" fort peut-être ?! A voir ?!

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    1. Pas trop fort, un peu quand même, mais tu peux te lancer (c'est court!)

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  12. Ah ! Que ce billet me fait plaisir ! Ce livre est d'une telle force !
    Mais as-tu lu également Le Décameron des femmes ? Je ne crois pas avoir vu passer de chronique...

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    1. Oui j'ai lu Le Décaméron des femmes, https://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2023/03/le-decameron-des-femmes.html
      En tout cas, j'ai aimé ces contemplées, sans connaître l'auteure d'ailleurs, merci à toi.

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  13. Les deux livres pourraient me plaire. En tout cas ce que tu en dis me touche mais j'aimerais bien parfois trouver les livres que j'ai envie de lire en bibliothèque. A Avignon, c'est très rare que j'y parvienne !

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    1. Une assez grande ville pourtant? Pour ma part, je suis inscrite à trois biblis dans trois villes différentes, faut bien ça.
      (et je suppose que tu es claudialucia?^_^)

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  14. Bonjour Keisha, comme je ne suis pas raisonnable, je suis allée dans une des librairies que je fréquente et j'ai acheté Les contemplées recommandé par la dite librairie. Je n'ai plus qu'à le lire. Merci pour ce conseil.

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    1. Si les librairies s'y mettent aussi... ^_^ Bonne lecture!

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  15. Bonjour Keisha, je confirme, un très grand roman autobiographique lu en 24 heures. On n'oublie pas de sitôt les femmes du pavillon D. On se demande même comment elles survivent depuis si longtemps. J'en redemande de cette qualité. Bonne après-midi.

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    1. Hé bien, voilà qui est de l'enthousiasme, je suis ravie! Un livre qui bouscule, et c'est rare d'avoir ces témoignages de l'intérieur.

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  16. J'avais raté ce billet, je viens de chez Dasola, et je le note immédiatement sur ma liste de bibli !

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