Le déclin de l'Empire Whiting


 Le déclin de l'Empire Whiting

Empire Falls

Richard Russo

Quai Voltaire, 2002

Traduit par Jean-Luc Piningre

(couverture chez momox shop)


Richard Russo est une de mes vieilles connaissances (en roman, et je l'ai juste aperçu à un festival America) donc je ne me suis pas inquiétée de passer tant de temps dans l'Empire Grill, tenu par Miles, avec à la cuisine son frère, Charlène la serveuse dont il était (est?) amoureux, plus un peu de personnel, Buster et bientôt John Voss, un gamin mutique camarade de classe de sa fille Trick. Oui, ça sent l'affaire familiale, même si le gril ne lui appartient pas, mais à Madame Whiting, la terrible manipulatrice et omnisciente Madame Whiting, de la famille Whiting, naguère propriétaire d'usines et fabriques, et fournisseuse d'emplois.

De nos jours, Madame Whiting demeure riche, mais la ville périclite et le Grill a du mal à se maintenir à flot.

Parmi les habitués du Grill, le flic local et véreux convaincu à tort d'être ami de Miles, Janine l'épouse de Miles qui a demandé le divorce, l'amant de ladite épouse, aka le Silver Fox, oh j'allais oublier le père de Miles, un vieux roublard toujours d'accord pour récupérer un repas ou un billet.

Je ne vais pas parler de tous les personnages, en fait même les plus antipathiques ont des failles ou des moments de vérité, mais bah, certains sont quand même plus sympathiques que d'autres. Mention spéciale à une petite chatte noire qui a mis à mal mon amour de la gent féline, tellement la bête est sournoise.

Beaucoup de bavardages dans ce grill, avec des incursions dans un établissement scolaire, un terrain de base ball, etc., on peut avoir l'impression que ça n'avance pas, surtout qu'on revient parfois en arrière dans l'histoire, on apprend des choses inattendues.

Mais dans le dernier quart, ça s'accélère, et chut.

J'ai franchement aimé cette bande de personnages, c'est souvent tragique et aussi drôlement raconté, avec un gros sens de la formule, j'en redemande.

Les Whiting? "Les hommes de la famille partageaient bien des traits de caractère, notamment celui d'épouser invariablement des femmes qui leur gâtaient le vie" et "Les Whiting avaient pour autre malédiction que leurs épouses leur restassent fidèles."

"Elle répond jamais la journée, expliqua max. Elle branche toujours son répondeur.

-C'est à cause des gens comme toi que les gens en achètent, figure-toi. En fait, tu es un moteur de la recherche technologique."

"Janine lui avait suggéré de suivre un début de formation professionnelle dans la mode, et Tick avait répondu, méprisante, qu'elle y penserait peut-être après sa lobotomie. Janine avait été vexée au plus haut point, avant même de trouver le mot dans le dictionnaire."

"Tu as une idée du taux d'alcoolisme dans l'Allagash County? demanda Buster, pris d'un soudaine urgence.

- En général, ou quand tu es là-bas?"

"Janine était le genre de personnes qui, vous offrant trop souvent l'occasion de le faire, vous retirait tout plaisir à dire : 'Je t'avais prévenue'."

Une LC avec A girl , jelisjeblogue

Avis Babelio, luocine

Commentaires

  1. Ah ça oui, Russo a le sens de la formule ! Je me souvenais aussi de cette réplique de Tick que tu cites. Le romancier américain a aussi un don pour les brosser des portraits plein de vie, je trouve.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On ne le lit pas pour ses péripéties à 200 à l'heure, mais pour ces dialogues, ces formules au détour d'une phrase. Il aime ce petit monde du Maine.

      Supprimer
  2. Comme pas mal d'autres de l'auteur, je l'ai lu et adoré ! (ne cherche pas sur le blog, c'était avant 2008 !)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le livre n'est pas récent, mais ça ne gêne pas.

      Supprimer
  3. Je l'ai beaucoup aimé celui-là, mais peut-on être déçue par Richard Russo ? Je ne crois pas.

    RépondreSupprimer
  4. Toujours pas lu cet auteur... Le Maine doit vraiment être un coin de paradis car beaucoup de romanciers s'y plaisent ou au moins aiment y faire évoluer leurs personnages.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il n'est pas né trop loin de là, il doit connaître, sans doute.
      Comment ça, jamais lu? ^_^

      Supprimer
  5. miriam : (impossible de me connecter avec blogspot) encore un écrivain à découvrir pour moi, vous semblez toutes unanimes!

    RépondreSupprimer
  6. pour moi aussi c'est une vielle connaissance et on a plaisir à le lire
    tous ses livres sont d'un commerce très agréable mais celui là particulièrement

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rien trouvé sur ton blog, mais je te comprends, tu aimes beaucoup ses romans.

      Supprimer
  7. J'avais adoré cette lecture et apprécié l'humour de cet auteur par exemple :
    "La seule bonne chose qu’ait apportée la séparation de ses parents, avait déclaré Tick, était qu’au moins elle n’avait plus besoin d’aller à l’église, maintenant que sa mère avait troqué la religion catholique contre l’aérobic."
    et aussi
    "Pour Miles un des grands mystères du mariage était qu’ on disait à chaque fois les choses avant de comprendre qu’il aurait fallu se taire."
    et un petit dernier
    "À chaque fois que Max l’emmenait en voiture, Miles ressentait une profonde parenté avec tout être vivant incapable de courir plus vite que son père ne conduisait, à savoir -les guépards étant rares dans l’état du Maine- à peu près tous."
    je les ai retrouvées sur mon blog mon billet date de février 214

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai retrouvé ce billet, oui oui, on pourrait citer plein de passages de ce genre!

      Supprimer
  8. Je viens de le réserver à ma BM. Affaire à suivre.....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Excellente idée, entre deux lectures plus 'speed'.

      Supprimer
  9. Super tes extraits, ça reflète bien l'esprit du roman.^^ Ah il y en avait tant, des réparties bien envoyées, des remarques qui font mouche... Et cette petite chatte, oui, quelle sournoise ! Je la visualisais bien. Demeure pour moi la question de sa (non)fin...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est comme le chat de Schrödinger, quoi...
      A part ça, c'était épais, pas récent, mais bien plaisant!

      Supprimer
  10. C'est le premier traduit en français, non ? Je l'ai lu il y a longtemps mais je n'en ai aucun souvenir, sinon que je l'ai aimé.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On a tendance à les confondre, c'est possible. Oui, c'est un roman qui a plus de 20 ans, mais d'après wiki, ce n'est pas son premier! Cependant, premier traduit? Je ne sais pas. Ce serait Un homme presque parfait?

      Supprimer
  11. Je dois être une des seules à ne pas aimer... j'avais notamment tiqué sur l'absence des femmes dans "Retour à Martha's Vineyard", à part sous forme de cliché.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Retour à Martha's Vineyard est assez particulier, pas mon préféré d'ailleurs.
      Ici dans ce "déclin" il y a des femmes!!!
      Mais bien sûr tu as le droit de ne pas aimer. ^_^

      Supprimer
  12. Toujours pas lu cet auteur ! Pourtant j'avais noté "A malin, malin et demi" peut-être grâce à toi ?! Je viens de le rajouter dans mes listes électroniques de la médiathèque...si je comprends bien tout est dans les dialogues et quels dialogues, déjà tes extraits nous donnent un bel aperçu. Merci !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Dialogues vifs, et narration avec sens de la formule ou de la comparaison. N'hésite pas à en découvrir un.

      Supprimer
  13. Pas pu participer à votre lecture commune. J'ai eu une période Russo (que j'aime) et j'en ai déjà lu plusieurs dont celui-là

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'était juste ce titre (histoire de dégager un livre des étagères! enfin, de le changer de place, de pas lu à lu)
      Il me reste Un rôle qui me convient.
      Je suis passée sur ton blog, sans doute des archives, je ne peux commenter, ou récupérer un lien. Je vois que tu aimes cet autour!

      Supprimer
  14. Encore un auteur que je n'ai pas lu... Mais je ne pense pas que je commencerai avec ce titre... Pas plus tentée que ça.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. A part Ailleurs, superbe et assez autobiographique, ses romans sont plutôt épais, je te le signale.

      Supprimer
  15. J'ai très envie de le lire. J'ai aimé les deux livres lus de cet auteur, surtout "Trajectoire", mais je ne connais pas ses grands romans.

    RépondreSupprimer
  16. Encore un auteur que je ne connais pas du tout. Evidemment, ce roman m'est inconnu aussi !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ne t'inquiète pas. Cependant il se trouve aisément en bibli, et c'est à lire tranquillement.

      Supprimer
  17. Je garde un bon souvenir de ce gros roman retrouvé dans ma bibliothèque, une lecture d'avant le blog. Je le relirais volontiers à l'occasion.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pareil, je relirais bien un des premiers lus il y a des années, mais là il y a un autre programmé, Un rôle qui me convient. Pour janvier.

      Supprimer
  18. J'ai dû le lire à sa sortie , je suppose, il y a un bon bout de temps quand je n'avais pas de blog. j'ai eu ma période Russo, c'est un auteur intéressant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait! Pour ce que j'en sais, il n'y a pas de roman récent.

      Supprimer
  19. Tu as raison de souligner que l'on a parfois l'impression de faire du sur place ... J'avais failli même le laisser tomber ( mais bon, j'avais déjà plus de la moitié) comme quoi, avec Russo, il faut laisser les bavardages faire leur place ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Voilà! Mais toutes ces petites remarques, réflexions, etc., ça permet d'être patient et de trouver ça passionnant.

      Supprimer
  20. J'ai lu l'an dernier et adoré Un homme presque parfait. J'aime l'univers qu'il tisse autour de ses personnages et cette ambiance dans laquelle on plonge. Celui-ci sera surement mon prochain de Russo !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, j'aime beaucoup cet auteur, et je ne suis pas seule. N'hésite pas à explorer son univers de losers sympathiques.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Les commentaires sont modérés, histoire de vous éviter des cases à cocher pour prouver que vous n'êtes pas un robot.