Perspective(s)

 

Perspective(s)

Laurent Binet

Grasset, 2023

Un aveu tout d'abord : j'ignorais preque totalement qui étaient les protagonistes (sauf Michel Ange et Catherine de Médicis, quand même), comment se présentait la ville de Florence au 16eme siècle, et quelle était la situation politique de l'Italie. Les cartes du début, je les ai quasiment ignorées. 

Une préface qui ne trompera personne : Voici un touriste en Toscane à la recherche d'un souvenir,  trouvant une liasse de vieilles lettres, qu'il traduit. C'est cette correspondance que le lecteur du roman (épistolaire, donc) peut découvrir tranquillement. 

En dépit de cette approche personnelle un poil brute mais flemmarde, j'ai été peu gênée et ai dévoré lettre après lettre. Un autre aveu : je me suis bien amusée tout du long. Ratant sûrement des détails enrichissant le roman, car mettant un point d'honneur à ne pas trop fouiner sur internet durant ma lecture. Mais que je sache Laurent Binet a une certaine érudition et a bien potassé le sujet. Cependant faire passer tout ça demande un certain talent.

Florence, 1557. Le peintre Pontorno est retrouvé assassiné, au pied de la fresque à laquelle il travaillait. Qui l'a tué, pourquoi? Par ailleurs l'on découvre un tableau: Vénus et Cupidon, reproduit sur la bande du roman, et la tête de la fille aînée du duc de Florence, Cosme de Médicis. Le scandale menace, le malheureux tableau va se balader durant tout le roman, y compris dans l'antichambre des appartements du duc, qui m'a l'air d'être une vraie place publique!

Parmi les suspects, une femme peintre (que je n'allais pas rater), autodidacte, à l'époque les femmes ne pouvaient accéder à certains enseignements. Peindre une tête d'homme, par exemple. Notre nonne, Plautilla Nelli,  a laissé entre autres

The Last Supper, a 7x2-meter oil-on-canvas, preserved in the Basilica of Santa Maria Novella, is the only signed work by Plautilla Nelli known to survive.
https://en.wikipedia.org/wiki/Plautilla_Nelli

Le roman grouille de complots, de coups tordus, et c'est un vrai bonheur pour le lecteur d'avoir souvent un coup d'avance sur les correspondants. Souvent pointe de l'ironie vacharde, et la pauvre fille de Cosme, amoureuse mais promise à Alfonso d'Este (un vrai méchant) aura bien du mal à grappiller un peu de bonheur. 

Le titre? Deux longs développements sur la perspective feront le bonheur des curieux. Personnellement j'ai beaucoup aimé l'utilisation du dôme de Brunelleschi, sans oublier une belle crue de l'Arno.

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