La véritable histoire de Moby Dick
Le naufrage de l'Essex qui a inspiré Herman Melville
Nathaniel Philbrick
JC Lattès, 2000, lu en poche
Traduit par Gerald Messadié
Note : je pars quelques jours en vacances. Le blog reprendra ensuite.
Un petit livre de poche pas très attirant sur l'étagère, mais j'ai laissé parler un instinct très sûr, et me voilà avec une belle pépite! J'ignorais tout de cette histoire, mais la référence à Melville a suffi.
Au 19ème siècle, l'île de Nantucket était devenue un haut lieu de la pêche à la baleine d'abord, au cachalot ensuite. Son sol avait été épuisé par une culture intensive, et la population d'origine, les Indiens Wampanoag (Nantucket signifie l'île du lointain dans leur langue), était réduite à une poignée d'individus, mais qu'à cela ne tienne, la communauté Quaker était solide et soudée. Drôle de vie pour les femmes, qui voyaient leurs maris partir en mer (ou ne pas revenir) pendant un ou deux ans. Régnait d'ailleurs une certaine 'égalité spirituelle et intellectuelle des sexes'. Mais ne parlons pas de la mort en couches, un des personnages a perdu ainsi plusieurs épouses.
Bref, à l'été 1819 partit du port le baleinier Essex, avec 21 hommes à son bord dont le capitaine George Pollard, le second Owen Chase, le lieutenant Matthew Joy, des barreurs, matelots et un mousse encore ado, Thomas Nickerson. Originaires de Nantucket ou du continent et quelques noirs. Certains d'entre eux vont raconter leur odyssée, qui sera mise en forme parfois, et c'est sur ces documents que se base l'auteur. Melville aussi en a eu connaissance, et rencontré le fils de l'un d'eux.
A peine partis, une tempête les prive de deux canots. Mais ils ne reviennent pas en arrière, font escale aux Açores et au Cap Vert, passent le Cap Horn (non, pas de naufrage à la Wager!) et chassent le cachalot . Dur métier, dangereux métier, c'est fort bien montré.
Le 20 novembre 1820, pendant la chasse, un gros cachalot de 25 mètres de long s'attaque à l'Essex, les marins ont le temps de récupérer des instruments, puis de la nourriture et de l'eau, et les voilà partis sur 3 canots en plein milieu du Pacifique!
Le capitaine est d'avis de se diriger vers les Marquises, plus proches que la côte du Pérou, mais ils ont ouï parler de cannibales là-bas (ce qui est fake-news), alors l'avis du second et du lieutenant l'emporte et ils vont commencer à errer pendant trois mois en tout, dans un coin où l'on trouve peu d'oiseaux et de poissons (il y a une raison à cela) et peu de baleines, donc de bateaux. Le 20 décembre ils posent pied sur l'île Henderson, reprennent vie une semaine mais faute d'eau potable et nourriture en quantité, ils repartent, sauf trois hommes (que l'on viendra récupérer plus tard, dans un sale état mais vivants!)
Ils sont organisés, obéissants, restreignant nourriture et eau. Les trois canots vont devoir se séparer car c'est le vent qui les dirige. Là ça commence (ou continue) à se gâter, certains décèdent, décision est ensuite prise de se nourrir ainsi. Survint un événement qui semble-t-il existait déjà, 'on tira-z-à la courte paille, pour savoir qui qui', non ce n'est pas une légende.
Finalement deux barques seront sauvées, avec très peu de survivants, et dans un état horrible, physique et psychique aussi, les 18 et 23 février 1820.
Le dernier chapitre nous apprend ce que sont devenus ces hommes. Ont-ils continué à naviguer et chasser? Hé mais oui! Quelques années même.
On le sent, j'ai franchement un coup de cœur pour l'histoire de ces hommes et leur survie. J'en sais plus sur la chasse au cachalot et la vie de cette petite île (à l'époque, de nos jours, c'est juste touristique. L'auteur a aussi bien expliqué les conséquences de l'extrême famine et surtout la soif. Ainsi que certaines raisons pouvant expliquer la survie de certains et pas d'autres.
Avis babelio,
Lu dans le cadre du BookTrip en mer chez A girl
Book Trip en mer, 2 points, alors 25+2=27 points.
LC avec Sandrine, donc 2 points, je passe à 29 points.
Commentaires
Bon, ce titre a l'air très bien, mais c'est peut-être la vie et l'histoire de l'île qui m'intéressent le plus.
Sinon l'histoire de La Belgica, que j'ai présentée récemment, c'est de l'excellent (et récent)
On parle un peu de l'île quand même, mais tu sais, c'est passionnant.
Oui, tu dois lire Moby Dick (même si cette véritable histoire est franchement excellente!)
Une belle découverte, susceptible de prolonger de manière intéressante la lecture de Moby Dick (qui remonte à quelques années, mais ce n'est pas un roman qu'on oublie...)
Bon, toi, tu pars, moi, je reviens. On se croise...
Bonnes vacances