Corps de ferme
Agnès de Clairville
Harper Collins Traversée, 2024
"Quand on prend leur veau, les vaches chargent. Même si elles n'ont plus de cornes. Elles courent comme des génisses, sans la joie. Leur plainte envahit l'air froid. Traverse les prés. Frappe les carreaux de la ferme. S'insinue dans les oreilles. Elle devient un bourdonnement qui empêche de penser à autre chose. Qu'à cette mère qui appelle son veau."
Qui parle là? La chienne épagneule. Dans ce roman, ce sont les animaux qui s'expriment et leur histoire est là, ainsi que celle de la famille de fermiers.
Au fil du temps la chienne épagneule, bien maladroite à la chasse, deviendra fière de satisfaire son maître. Le chat tigré sera à l'affut de la nourriture à récupérer, voire à chasser. La vache pie sera plus placide, sauf lorsque justement ses petits lui seront enlevés. Puis viendra la pie, qui pourra survoler le coin et en dire plus sur au plus loin de la ferme.
Les humains, le fermier, sa femme, leurs deux fils, mènent une vie de labeur. Animaux malades, tracas financiers, et puis drame caché qu'on apprendra au fur et à mesure. Chaque fils aura son rêve à réaliser.
Après un temps d'habituation à l'écriture, au choix des narrateurs, et au propos, j'ai beaucoup aimé cette lecture franchement originale dans sa façon d'aborder la vie de cette exploitation. Les humains sont en arrière plan, même si leurs paroles sont rapportées, cela permet de connaître leurs sentiments, mais surtout les animaux sont présents, leur odorat est plus développé, leur instinct est mis en valeur, et parfois des liens inattendus se tissent entre eux. Leur omniprésence et leur sens de l'observation jamais en défaut permettent au lecteur de découvrir toute une histoire assez réaliste.
Avis babelio,
Commentaires
Franchement ce roman est excellent et étonnant. Un pari gagné!
Ce corps de ferme est tout à fait original, il faut s'y caler au début, et puis on ne lâche pas!
Eva