Une personnalité lumineuse
(suivi de La création de robinson et autres récits satiriques)
Ilf et Petrov
Ginkgo 2diteur, 2024
Traduit du russe par Alain Préchac
Yégor Karlovitch Filiourine , simple citoyen de Pitchtchéslav, fonctionnaire, récupère une boite de poudre dentifrice bleue tombée de la poche de Babski, inventeur infatigable, entre autres la bicyclette en bois (assez bruyante). Cette poudre destinée à faire partir les éphélides, selon lui, aura un effet inattendu : Filiourine, qui s'en savonne aux bains de vapeur de la ville, en ressort... invisible!
Une variation du roman de Wells? (1897). Le malheureux Filiourine va connaître quelques mésaventures mais surtout c'est l'ambiance au bureau et dans la ville qui va changer, chacun se sentant observé par ce Transparent.
"A Pichtchéslav, plus personne n'osait voler, jurer et s'enivrer. Le dernier des mortels, l'être le plus insignifiant qui fut, Filiourine était devenu la conscience de la ville. Tel citoyen levait-il le main sur sa femme qu'il la rabattait aussitôt et s'emparait d'un objet inutile, frappé qu'il était par le souvenir du Transparent. (...) Dans les rues et les lieux publics, les habitants avaient une conduite cérémonieuse, demandaient pardon lorsqu'ils bousculaient les autres et se souriaient même entre eux avec infiniment de charme lorsqu'ils rentraient du travail en tram."
Les filous et fonctionnaires véreux se tiennent à carreau, bref tout change!
Joli prétexte pour les auteurs pour s'en donner à cœur joie dans l'ironie. La postface explique bien aussi le contexte politique et la critique du régime, mais même si on ne capte pas tout cela, c'est fort amusant.
Le duo a aussi écrit quelques courts textes caustiques flirtant avec l'absurde. Mais dans ce pays, à cette époque, rien d'étonnant...
Par exemple, La création de Robinson, où il s'agit pour un écrivain d'écrire les aventures d'un Robinson Crusoé soviétique (œuvre de commande). Malheureusement, pour que ce soit 'soviétique', il faut qu'aient échappé au naufrage le président de la cellule syndicale, deux permanents, etc. A la fin, même plus question de naufrage... Et ce directeur d'une usine automobile, qui refuse des 'cadeaux' intéressés car en échange d'automobiles...
Des mêmes auteurs : Les douze chaises et Le veau d'or.
Toujours en partenariat cool avec l'éditeur.
ça a l'air plutôt amusant en dépit ou grâce aux contraintes liées au contexte d'écriture !
RépondreSupprimer@ jelisjeblogue : j'aime bien cette paire d'auteurs, et ne m'occupe pas trop du contexte historique, par paresse, car cela demeure vraiment sympa.
SupprimerOriginal et intéressant, par contre sans doute pas facile à trouver en bibliothèque... ;-)
RépondreSupprimer@ kathel : hélas oui... Mais leurs pavés précédents se trouvent en bibli, j'ai testé.
Supprimeron sent que tu t'es bien amusée
RépondreSupprimer@ dominique : un poil de délire rafraichissant et anti soviet...
SupprimerLe genre d'histoire que j'aime bien, manifestement, un bouquin qui a bcp pour me plaire.
RépondreSupprimer@ Géraldine : ahem, il est court, en plus. Des nouvelles plus qu'un roman.
SupprimerDe l'humour soviétique ? J'adore.
RépondreSupprimer@ Alex : on s'étonne toujours que ce genre d'écrits pouvait être publié...
SupprimerPlutôt amusante cette histoire d'invisibilité qui paralyse tout le monde. Seras tu aux rencontres de Blois ?
RépondreSupprimer@ Aifelle : Oui, différent de Wells, axé critique société soviétique... Oui, je pense y être, j'ai déjà coché des rencontres sur le catalogue, sans oublier le salon du livre (dangereux!)
Supprimer