Brandebourg

 


Brandebourg

Unterleuten

Juli Zeh

Actes sud, 2017

Traduit par Rose Labourie



" Unterleuten était un vrai microcosme. Quand les adeptes de la protection des données s'emportaient dans les journaux contre la surveillance sur Internet, Kron ne pouvait s'empêcher de rire. Il suffisait d'aller dans un village lambda pour comprendre ce qu'était vraiment une société à la Big Brother."

Bienvenue dans la petit bourgade d'Unterleuten, sise près de Berlin, et donc dans l'ex RDA. Le passé, avec la guerre, les communistes, la Stasi, et puis ce que chacun sait ou croit savoir au sujet du riche Gombrowski, de l'orage durant lequel il y eut un mort et un blessé, ainsi qu'une telle est la maîtresse d'untel, etc. 

Le village et son cadre bucolique accueillent de nouveaux arrivants lassés de la grande ville, un ornithologue féru des combattants variés (j'ai vérifié, ça existe), une amoureuse des chevaux en particulier. Chacun veut défendre son pré carré, construire une clôture, voire des bâtiments, mais peut se heurter à des animosités. L'on peut être enfumé par des pneus qui brûlent, bloquer l'accès aux vidangeurs, se mettre en grève, envoyer des objets à messages inquiétants.

Mais là où tout s'est bien cristallisé, c'est lorsqu'un projet de construction de dix éoliennes va être lancé! Il y a les pour, les contre, ceux qui changent de camp, et comme beaucoup d'argent est prévu pour le propriétaire du terrain, démarrent de belles tractations et coups en douce.

En tant que lecteur, on connaît ou pense connaître les pensées et les motivations des personnages, mais de belles surprises surviendront, connaîtra-t-on la vérité, finalement? Au début c'est bien amusant, mais petit à petit ça prend des proportions plus inquiétantes.

"Unterleuten était un instrument sur lequel un virtuose pouvait jouer n'importe quelle mélodie."

"Même sur place, il avait du mal à s'y retrouver dans la galerie de portraits d'Unterleuten. Quand il était à Berlin, le village devenait un roman de Dostoïevski où chaque personnage était accompagné de la question : qui c'est déjà, celui-là?"

J'ai beaucoup aimé cette ambiance plombée par le passé, cette ambiance de village où on est tributaire de ses voisins... La construction où on passe d'un personnage à l'autre, où une question n'a sa réponse que plus tard, et, finalement, l'épilogue habile et satisfaisant.

Avis babelio, A girl, et là, incroyable, je viens de relire son billet après rédaction du mien, et on a deux extraits en commun! Elle dit du bien du roman L'ultime question, et je vais peut-être suivre son avis.

Deuxième (seconde, soyons réaliste) participation aux feuilles allemandes

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