Baumgartner
Paul Auster
Actes sud, 2024
Traduit par Anne-Laure Tissut
Avec quinze titres de Paul Auster déjà présentés sur ce blog, c'était fatal qu'arrive Baumgartner, le dernier roman de Paul Auster, récemment décédé. Il restera à relire...
Professeur de Philosophie, Baumgartner est veuf depuis une dizaine d'années, de son grand amour, Anna Blume (hé oui). Au fil du roman il revient sur leur histoire, leur rencontre, sa disparition après quarante ans de mariage, donnant aussi des détails sur leurs familles respectives.
Autant le dire d'emblée, ce livre m'a énormément plu. Paul Auster a toujours la main! Le premier chapitre est une petite merveille de drôlerie, où tout s'enchaîne inexorablement. Puis l'on semble passer à autre chose, quand il se lance dans la lecture d'écrits d'Anna, reçoit un étrange coup de téléphone. Il semble accepter son deuil, vouloir refaire sa vie, se sent vieillir : tout cela défile de façon fluide et magnifique.
Je ne peux m'empêcher de considérer le passage suivant comme relatant l'expérience de Paul Auster :
« Pour le moment tout s'est arrêté. Baumgartner a écrit la dernière phrase du dernier paragraphe du dernier chapitre des Mystères de la roue, et à présent, durant le mois qui vient environ, il doit oublier que le livre est achevé ou qu'il a même jamais entrepris de l'écrire. (…) C'est l'étape fondamentale vers l'achèvement d'un livre, car après avoir vécu avec le livre en cours chaque jour et chaque nuit, parfois pendant quelques années, voire de nombreuses, on en est si proche quand on s'arrête d'écrire que l'on n'est plus capable de le juger. Et surtout, les mots vous sont devenus si familiers qu'ils sont morts sur la page, et les regarder maintenant vous plongerait dans des spasmes de dégoût si intenses que vous pourriez être tenté de détruire le manuscrit dans un accès de colère ou de désespoir. Dans l'intérêt de votre santé mentale, et dans celui de ce qui peut être sauvé du désastre que vous avez vous-même causé, il faut vous forcer à prendre du recul et laisser ce fichu livre tranquille jusqu'à ce qu'il soit complètement détaché de vous, au point que quand vous oserez le reprendre, vous ayez le sentiment de la découvrir pour la première fois. »
Et là, parle-t-il de son roman?
"Chaque phrase respirant l'autodérision et l'ironie à double tranchant" " Les intentions tout ce qu'il y a de plus sérieuses dissimulées dans les blagues."
Avis babelio, la petite liste, nicole, jelisjeblogue, le bouquineur, luocine,
Je l'ai lu aussi, je suis fan depuis... le premier roman lu, je ne sais plus lequel, et je ne pouvais pas raté celui-ci ! Pas commenté par flemme, je l'ai beaucoup aimé !
RépondreSupprimerMerci pour le lien. ;-) Je t'ai rendu la politesse
RépondreSupprimerGrâce à ce roman (vertigineux et si émouvant) j'ai renoué avec Paul Auster (délaissé sans aucune raison particulière) et petit à petit je remonte le fil de son œuvre. J'adore.
RépondreSupprimerJe n'arrive pas à me faire à l'idée que c'était le dernier...
RépondreSupprimerJ'aimais beaucoup l'écrivain mais là : "Un roman correct mais sans plus. Soyons honnête, s’il avait été écrit par un illustre inconnu, je ne l’aurais pas lu, des souvenirs de vieil homme, des rayons entiers de bibliothèque en sont pleins. Le livre n’a de réel intérêt que pour ses admirateurs qui y placeront tout le pathos lié au rapprochement évident entre Sy Baumgartner et Paul Auster."
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup apprécié ce roman moi aussi. J'ai aimé l'autodérision et les pirouettes de l'auteur.
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