La désinvolture est une bien belle chose


 La désinvolture est une bien belle chose

Philippe Jaenada

 Mialet Barrault, 2024


Bon, le Philou, pas question de ne pas le lire. Même s'il a réussi à décevoir quelques fans sur ce coup là. Après Pauline Dubuisson, c'est encore une femme qu'il cherche à comprendre. Jacqueline (dite Kaki) Harispe (1933-1953) est tombée d'une fenêtre d'hôtel parisien; que s'est-il réellement passé? Il veut comprendre.

Elle faisait partie d'un groupe de jeunes se réunissant dans un café, les Moineaux. 

"Je chercherai. Je trouverai peu, certainement, aucun d'eux n'ayant acquis 'la moindre réputation honnête dans le monde', il ne doit subsister que quelques traces. Mais ça fera plaisir à mon éditeur() : depuis des années, il espère() que je vais réussir à écrire un livre de moins de neuf cents pages. Chaque fois j'y crois, je promets, et c'est la désillusion. Mais là, avec ce sujet brumeux, enfoui (...)"

Là nous sommes avec le Jaenada qu'on aime, pleinement dans l'autodérision (et ça va continuer). Et réaliste quand même, parce qu'il va gratter, fouiner au maximum. Avec l'aide dans la recherche d'une dame (qui aiderait aussi Grégoire Bouillier, et ce n'est pas un hasard!)

On va quand même croiser Debord, auquel Jaenada a emprunté une phrase pour son titre, Céleste Albaret (si!) et son mari, deux 'jeunes filles en fleurs' (Proust, re si!), Vali Myers, et je me suis perdue dans les photos de Love on the left bank. 

On est accroché par la ténacité dans les recherches, l'intervention du 'hasard', je dirais sérendipité. 

Il y a beaucoup mais vraiment beaucoup de noms.

"Je le dis dans tous mes livres, où souvent les personnages se bousculent : ne vous embêtez pas à retenir les noms, lisez l'esprit léger, ceux qui comptent seront rappelés ensuite. Je le dis mais ça ne fonctionne pas, j'ai toujours des retours de lecteurs embrouillés ou agacés (et ma mère continue à noter tous les noms dans un cahier à côté- elle ne m'écoute pas)."

En dépit de ça, je me suis embrouillée, mélangeant aussi les prénoms. Je vais retenir l'ambiance générale du temps, où à 18 ans, on est encore mineur, on peut se faire arrêter et envoyer en milieu clos (parfois à la demande des parents) pour rééducation, et (curieux, non?) ceci concerne en majorité les filles. Début des années 50 à Paris, entre 16 et 20 ans disons, on aspirait à vivre autrement?

J'allais oublier, ce qui m'a plu c'est que la narration suit le "tour de France" de l'auteur, d'hôtel en hôtel, de restaurant en restaurant, et (hum) de bar en bar. J'aime beaucoup ce genre de voyage... 

En conclusion : étant donné le sujet si peu documenté au départ, Jaenada a tiré un bouquin intéressant (j'aurais supprimé quelques personnages quand même) et original. Rappel: je n'ai pas encore lu Sulak, je le garde sous le coude.

Avis Babelio, aleslire, Sandrine, bibliosurf

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