Châtiment
The trees
Percival Everett
Actes sud, 2024
Traduit par Anne-Laure Tissut
L'auteur ((lu et apprécié sur ce blog) prend comme base cette fois, mais à sa manière, ô combien personnelle, l'assassinat d'Emmet Till, lynché à Money, Mississippi, en 1955.
De nos jours, à Money, justement, l'on trouve le corps de deux hommes, l'un blanc, étranglé, l'autre noir, malmené, tenant dans sa main une partie du corps de l'autre (je reste évasive, si des âmes sensibles passent ici). Les corps sont enlevés à la morgue, et le noir disparait. Peu après, rebelote, un autre blanc assassiné, et le corps du même noir sur place. Idem, son corps va disparaitre.
Il se trouve que ces deux blancs sont les enfants des assassins d'Emmet Till.
Arrivent deux agents spéciaux du MBI de Hattiesburg pour tirer au clair cette affaire de corps qui disparait et réapparait. Ils sont noirs et plongent dans l'ambiance disons raciste de Money. Existe un KKK local, pas fûté mais dangereux quand même.
Voilà comment Ed Morgan et Jim Davis présentent le coin à leur collègue Herberta Hind, du FBI (oui, l'affaire fait son chemin)
"Eh bien, c'est un repaire de péquenauds débiles qui sont restés bloqués au XIXe d'avant-guerre et offrent la preuve vivante que la consanguinité ne conduit pas à l'extinction."
"-Pourquoi êtes-vous devenue flic? demanda Jim.
- Et vous?
Jim et Ed répondirent ensemble : " Pour qu'les blancos soient pas les seuls à être armés dans la pièce."
On le voit, Percival Everett, fidèle à lui-même, ne prend pas vraiment de gants.
N'oublions pas un dame très âgée ayant des dossiers sur tous les cas de lynchage depuis 1913, année de sa naissance. "Le plus dérangeant était qu'ils se ressemblant tant à la lecture, non que ce ne fut pas prévisible, mais la réalité du fait n'en était pas moins étourdissante. (...) Toutefois, le crime, la pratique, la religion du lynchage devenaient plus pernicieux à mesure qu'il se rendait compte que les similarités entre leurs morts avaient fait disparaître ces hommes et ces femmes, les avaient fondus en un seul corps." Plus loin suit une liste (forcément incomplète) de tous ces morts, et c'est frappant...
Alors, après cette enquête plutôt brinquebalante à la suite de nos trois enquêteurs , et leurs dialogues foutraques, aura-t-on le fin mot de l'affaire? Sachez que ça va prendre de l'ampleur, et du symbole.
Mon avis : j'ai dévoré ce roman, adhéré au choix de l'auteur pour parler de ce sujet si délicat. J'aurais bien aimé avoir la VO sous les yeux, d'ailleurs. C'est drôle fort souvent, tout en second gré (ah les regards entre Jim et Ed quand vraiment ils sont face au racisme bien crasse!) mais parfois Everett s'amuse en gamin (les asiatiques nommés Ho, Chi et Minh, franchement!). Bref, on rit, mais ça décape bien.
Avis babelio, bibliosurf, jelisjeblogue, kathel,
LC avec Fanja Un lien vers le billet d'Aifelle au festival America.
Je viens de lire de billet de Fanja et tu confirmes que c'est à lire. Encore un auteur à découvrir et qui risque d'allonger la liste de mes tentations futures.
RépondreSupprimer@ Aifelle : comment ça, tu ne l'as jamais lu? ^_^
Supprimerje l'ajoute aussi à ma liste !
RépondreSupprimer@ eimelle : absolument!
Supprimeroh, je n'avais même pas vu le nom des asiatiques ! L'auteur s'en donne vraiment à cœur joie ! C'est une bonne chose car il aborde un sujet compliqué sans que cela ne soit trop plombant.
RépondreSupprimer@ jelisjeblogue : c'est son roman, il fait vraiment ce qu'il veut. ^_^
SupprimerInganmic écrit : Je suis fan de cet auteur, de son humour cinglant et intelligent... Mais j'attends la sortie poche !
RépondreSupprimer@ Inganmic : il devrait sortir le 7 mai 2025 (sinon, les biblis?)
SupprimerRéponse : Ah bonne nouvelle, je ne savais pas, merci ! Celui-là je préfère l'acheter (parce que c'est Everett 🙂)
SupprimerMa réponse : oh là on sent la fan (et je te comprends)
SupprimerEt hop dans la PAL
RépondreSupprimer@ miriam : tout à fait!!!
SupprimerJ'adore ce genre d'humour alors si en plus ça sert un sujet important et si vous êtes unanimes, je fonce !
RépondreSupprimer@ sacha : sans nous concerter, Fanja et moi sommes d'accord!!! Le risque était faible, remarque. ^_^
SupprimerTu as bien repéré, je l'ai lu ! Et beaucoup aimé, mais je n'ai pas écrit de billet, et comme je l'ai rendu à la bibli, ça ne se fera pas... De l'auteur, j'ai lu aussi Désert américain et Effacement, et on retrouve toujours son humour féroce, quel que soit les sujets abordés !
RépondreSupprimer@ kathel : Hé bien on a lu les trois mêmes... Il en reste à découvrir!
Supprimerje me souviens de ses deux premiers romans chez Actes Sud dont je garde un fort souvenir
RépondreSupprimerje ne l'ai pas lu depuis alors je vais immédiatement ajouté ce titre il a tout pour me plaire
merci à toi
@ Dominique : il s'agit de son dernier, tout aussi réjouissant (et sérieux) que les autres.
SupprimerPrésent à la bibliothèque : et hop, dans la LAL !
RépondreSupprimer@ Sandrine : et hop! Quand tu voudras!
SupprimerAh je me souviens bien de Ho, Chi, Minh !^^ Oui, il se fait plaisir parfois Percival. C'est comme les rimes qui n'amusaient qu'un des personnages (j'ai fini par en rire !), ou encore, Quip qui espérait voir les fameux canards prendre l'ascenseur alors qu'on était en plein contexte de meurtres bien macabres. N'importe quoi !😆 Je l'ai lu en VO, c'était savoureux à souhait, mais j'ai l'impression que la traduction française est parfaitement réussie et retranscrit bien l'esprit et l'énergie du texte original. Bon, on se rejoint totalement sur cette lecture.:)
RépondreSupprimer@ Fanja : Oups je ne me souviens même pas de tous ces n'importe quoi, on pardonne tout à l'auteur! ^_^
SupprimerEn VO? Sans doute ainsi as-tu eu plus le sel du roman...
La première fois que j'ai écouté Percival Everett au festival America, c'était en 2012. Tu devais être là aussi ? Je sais qu'il est revenu depuis (en 2020 entre autres, mais je n'ai pas assisté à un débat avec lui). https://legoutdeslivres.canalblog.com/archives/2012/09/27/25195238.html
RépondreSupprimer@ Aifelle : oui, totalement, j'en parlais en commentaire chez Fanja, c'est bien 2012, je l'avais aussi croisé avec sa femme (aussi auteure) avec une blogueuse en traversant une rue, et puis il y a eu une conférence, etc.
SupprimerHop je viens de lire ton billet, plein de photos, je mets le lien! Que de souvenirs... Prochain festival 2026!
Comme je le disais à l'instant même à Fanja...je ne connais pas encore cet auteur mais j'avais noté dans mes multiples listes papiers "Désert américain" pour le lire un jour. Je viens de le vérifier en plus ce titre est dans mes deux médiathèques mais pas celui dont tu nous parles aujourd'hui, alors j'ai tout de même de quoi le découvrir et j'ai ajouté l'auteur à mes listes numériques d'une longueur impressionnante je l'avoue :)
RépondreSupprimer@ manou : pas de souci, tu lis ce que tu veux, en bibli c'est moins risqué, mais je pense que tu t'y intéresseras!
SupprimerLongueur impressionnante? Hum, il me semble connaître cela aussi!
J'aime beaucoup lire les commentaires qui suivent une publication , ta complicité avec Aifelle, autour d'un festival, fait plaisir . J'ai trop de livres notés mais je regrette de ne pas lui faire une place.
RépondreSupprimer@ luocine : on pourrait te rencontrer là-bas!!! Prochain en 2026.
SupprimerUne fois de plus, ça m'est totalement inconnu !
RépondreSupprimer@ philippe : un auteur qui décape!
SupprimerJamais lu non plus mais je note allègrement ! (Je me demande si je n'en ai pas offert un à mon frère ?? (Bon filon))
RépondreSupprimer@ Anonyme : à lire absolument, cet auteur, tout en sachant que ça dépote parfois.
SupprimerOui, offrir à un proche permet de lire ensuite. ^_^
Tout me tente dans ce roman : l'humour et le propos.
RépondreSupprimer@ Alex : oui, un bon thème historique, mais traité à sa sauce personnelle...
SupprimerCela fait une éternité que je ne l'ai pas lu... Je disais justement à Fanja que j'avais lu plusieurs de ses romans en deux ans, au début des années 2010, et depuis plus rien... vous me le remettez en mémoire, toutes les deux! ;)
RépondreSupprimer@ Choup : reconnaissons qu'on ne va pas les enchaîner, mais il y en a assez pour, par exemple, un par an. ^_^
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