Le fauteuil de l'officier SS

 Le fauteuil de l'officier SS

sur les traces d'une vie oubliée

Daniel Lee

Liana Levi, 2020

Traduit par Pierre Reignier

(c'est une sorte d'enquête, je précise, et pas un roman)


Historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, l'auteur se retrouve avec des papiers ayant appartenu à un certain Robert Griesinger, cachés dans un fauteuil déniché à Prague. Ville où le dénommé Griesinger a passé quelques années, jusqu'à disparaître en 1945.

C'est le début d'une longue quête, pas seulement au sujet de Griesinger, mais aussi sa famille, son environnement, l'ambiance en Allemagne post première guerre mondiale puis nazie.

"Ce qui suit n'est pas seulement l'histoire d'une nazi ordinaire, c'est aussi le récit d'une quête d'historien avec toutes les circonvolutions, les frustrations et les révélations qu'une telle entreprise peut supposer."

Bon, heureusement, parce que ce genre de personnage ne m'attire pas plus que cela. Même si j'ai aimé revoir l'histoire de l'Allemagne, apprendre ce qu'était son travail à Prague et les souffrances des habitants, découvrir son parcours avec la Wehrmacht en France et jusqu'en Ukraine, où l'auteur se demande si à ce moment là les routes de Griesinger et de sa propre famille (juive) ne se sont pas croisées (pour le pire), la vie de la famille Griesinger (son épouse une nazie bien propre sur elle)(tiens d'ailleurs on ne se mariait pas n'importe comment quand on était au parti, il y avait une enquête serrée, la fiancée devant être capable de donner au Reich au moins quatre beaux enfants en pleine santé - que le mari ne soit pas efficace ne paraissait pas entrer en ligne de compte), et aussi le silence tombé sur l'histoire de ces allemands sans doute actifs durant la guerre, mais jusqu'où?, sans parler du silence au sein des familles.

Plein de données et questions intéressantes, mais autour d'un homme qui se révèle être "un participant, un agent du crime volontaire : le milieu ultra-nationaliste dont il était issu, la proximité de son bureau de l'hôtel Silber avec les salles de torture de la gestapo, son adhésion à la SS, ses contingents de travailleurs forcés à Prague, ses déplacements à travers le protectorat pour visiter des sites de travail obligatoire, et enfin le fait qu'il se soit trouvé là où furent assassinés , à l'été 1941, par des soldats de sa propre division de la Wehrmacht, des juifs et des communistes d'Ukraine, attestent sa culpabilité. Robert Griesinger savait très bien ce qu'il en était."

"Si, à l'été 1941 Griesinger n'était pas encore lui-même un assassin, il avait  indiscutablement appris à côtoyer des meurtrier de masse. Les tueries de civils juifs perpétrées par la 25ème division d'infanterie motorisée et d'autres unités de la Wehrmacht restent aujourd'hui encore l'un des aspects les moins connus de la Shoah." " La distinction entre la guerre conventionnelle sur le front et la guerre d'extermination à l'arrière commence à disparaître." Au moins complice et facilitateur, quoi. Daniel Lee a épluché le courrier envoyé par les soldats à leur famille...

A Prague, son 'travail' l'a amené à jouer un rôle direct dans la Shoah, décidant de son bureau du destin des travailleurs forcés.

Bien évidemment ce livre est à découvrir, des faits sont connus, d'autres moins, et cela reste glaçant.

Avis babelio, et j'ignore chez qui j'ai noté ce livre! Mon biblioblog sans doute.

Commentaires

  1. Il s'agit donc bien d'un essai. C'est terrible de voir qu'on découvre encore des horreurs sur cette période.

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    1. @ jelisjeblogue : une de ces enquêtes fortement intéressantes et qui éclairent encore des coins que je ne connaissais pas. Ces gens ne sont pas sympathiques ou rendus sympathiques, tant mieux.

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  2. J'adorerai suivre cette enquête (glaçante en effet) en podcast. Ce format me convient beaucoup mieux quand ce n'est pas de la fiction.

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    1. @ Sacha : chacun choisit ce qui lui convient, le format podcast est bien (mais tu n'auras pas les photos)

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  3. Intéressant, en effet, mais je cherche un peu plus léger en ce moment... enfin, j'essaye !

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    1. @ kathel : avec la SF, je suis ailleurs, même si ce n'est pas vraiment réjouissant. Mais note ce fauteuil, franchement très intéressant.

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  4. Je crois qu'on en finira jamais d'en découvrir sur cette guerre ; je note si je le trouve à la bibli, mais pas pour tout de suite.

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    1. @ Aifelle : c'est dans la lignée des auteurs qui fouillent bien!

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  5. j'ai déjà noté ce livre même si je suis un peu en overdose de cette époque et à chaque fois je suis tellement triste !

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    1. @ luocine : au moins ces gens ne sont plus nuisibles, leurs idées, si quand même.

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  6. Un roman daté de 2020 passé sous les radars.

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    1. @ Alex : et c'est grandement dommage, on n'a jamais assez de tels bouquins sérieux.

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  7. Je crois bien n'avoir pas entendu parler de ce texte alors merci pour cet éclairage.

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    1. @ Sandrine ; oh je l'ai sûrement vu au moins une fois, mais quel blog?

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  8. Je suis comme Kathel.:) Surtout en ce moment... En passant, on se dit LC du tome 2 de la saga des émigrants le 05/05 ? Enfin, tomes 1 et 2 pour toi.

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  9. Noté chez moi, peut-être. Oui, on en apprend toujours sur ce sujet et les historiens aussi, semble-t-il.

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    1. @ Anne-yes : fort possible, et j'ajoute le lien vers ton billet. J'aime ces lectures (à petite dose quand même) comme je te le disais.

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  10. en train de lire un essai sur la récupération des nazis par les américains après guerre je note cet essai dont je n'avais pas du tout entendu parlé. merci à toi

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    1. @ Dominique : cela devrait t'intéresser, et le tien aussi bien sûr, quand j'aurai ton avis.

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  11. Je vais suivre la vague "pas pour le moment", je suis dans un roman hyper anxiogène... il va me falloir une pause.

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    1. @ Violette : il faut aussi se protéger, d'accord.

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