Les champs de la lune

 Les champs de la lune

Catherine Dufour

Ailleurs & Demain 

Robert Laffont, 2024

Pour l'objectif SF 2025 chez Tête de lecture, j'ai commencé pas mal de livres, et abandonné beaucoup aussi (non, je ne dirai pas quoi). Mais Catherine Dufour avec Le goût de l'immortalité m'avait laissé un excellent souvenir.

Avec Les champs de la lune c'est carrément le coup de coeur.

S'occuper d'un jardin sur la  lune, comme la narratrice, ça donne envie, non? Plus six degrés sous le dôme, plus 123 degrés dehors, ajoutons les vents solaires et les radiations, pas question pour un Soulunaire de mettre le nez dehors sans précautions. El-Jarline aime son travail, et accueille parfois des visiteurs de la cité voisine de Mut bâtie au coeur de grands tubes naturels, comme d'autres cités sur la lune. Dont la petite Sileqi, qui pourrait devenir une aide? 

Ce qui inquiète la narratrice et occasionne des rapports fréquents à la Commanderie de Mut, c'est une fissure dans le dôme, colmatée mais revenant, et les minicolas, adaptés peut-être un peu trop aux conditions lunaires et qui prolifère à l'extérieur. Elle s'interroge aussi sur la fièvre aspic, tuant bien des Soulunaires.

Sans oublier Trym, son chat 'augmenté' (il parle mais a des instincts bien félins).

Que trouve-t-on dans ce jardin qu'elle soigne avec compétence? Des végétaux venus de la Terre, enfin, ce qui a bien voulu survivre, et parfois changer d'aspect; des animaux, ceux qui se sont adaptés. La Terre, elle, est depuis longtemps abandonnée, on n'a qu'une planète, dit-on, elle a bien été pourrie, et la Lune n'est toujours pas accueillante.

Au sujet de ladite fièvre aspic, elle décide de mener une enquête dans une cité de l'autre côté de la planète, dans la cité Franche où la fièvre sévit bien moins, ce qui vaut au lecteur une fascinante découverte de l'extérieur, parmi les mers lunaires, parcourue par des 'robots fous', aux coloris incroyables. L'écriture de Catherine Dufour est à son meilleur dans ces descriptions...

Le lecteur finit par se poser des questions sur El-Jardine, qui va évoluer de comptes-rendus en journal personnel, voyant surgir en elle des émotions nouvelles. Pas de réponse précise et peu importe.

Une lecture sans technicité inutile, à l'écriture somptueuse.

Avis babelio,