L'invention de la mer


 L'invention de la mer

Laure Limongi

Le Tripode, 2024


Attirée par les côtés océanique et futuriste, si je peux m'exprimer ainsi, j'ai découvert cette Invention de la mer. Le Tripode  propose un OLNI qui se laisse finalement facilement apprivoiser, grâce à l'écriture fluide. Mais il faut se laisser aller un peu.

Une certaine Violetta Bebedetti-Ogundipe (Galeria, 2123), après un bref rappel des catastrophes survenues au 21è siècle et qui nous pendaient bien au nez, présente les écrits de deux écrivains, d'abord Gina de Galène, née en 2080 à Rome, "chimère cétacée, cachalot plus exactement". Avec elle l'on (re)découvre les origines lointaines des cétacés, leurs façons de vivre, et la longue exploitation humaine... (fort heureusement terminée).

Puis Menippe Zahlé, né en 2077 dans le bassin Levantin, "chimère crabe de la troisième génération. Tour à tour trafiquant, taulard, mercenaire, manutentionnaire, danseur-lutteur." Il découvre sa voie avec la luchaiera, une sorte de danse-combat ( influence capoeira?) et écrira des poèmes inspirés en dansant.

Pour les deux , Violetta les présente, donc, et commente ensuite leur œuvre. Le lecteur se retrouve donc dans une sorte d'étude 'sérieuse' de cette littérature de chimères, mais, je le répète (à part le poème de la fin, mais ça, j'accroche mal en général) c'est absolument passionnant. D'abord ce qui est dit des cétacés est correct, et utilise bien ce que l'on commence à en savoir, les notes de bas de pages font référence à des écrits connus 'de nos jours' obsohumains. Quant aux crabes et poulpes je connais moins mais je fais confiance!

Quelques extraits

"Ses contours [la Corse] ont changé pendant le siècle écoulé en raison de la montée des eaux, la plaine orientale est à présent une zone sous-marine 100% chimères(...) Plusieurs tsunamis ont chassé le peuple corse rescapé vers les hauteurs dont il était issu. L'isolement de l'île, accru par l'effondrement des transports après le Grand Emballement, protège les ultimes souches obsohumaines survivantes et la cohabitation se passe bien avec les chimères."

"La fréquence des massacres avait certes diminué mais notre monde avait changé, et cela inquiétait tous les êtres. (...) Il était fréquent de se prendre dans de vastes toiles ajourées (...), de manger des choses affreuses, qui, de loin, ressemblaient aux Globes Frangés [méduses, il y a un lexique cétacé/obsohumain à la fin], mais n'en étaient pas. Ceux qui avaient la chance de survivre aux pseudo-globes [plastiques] n'étaient pas très en forme. (...) Si la plupart des navires de Périllants passaient à présent à côté de nous sans nous attaquer, il y avait un boucan infernal à cause d'eux, de leurs machines, des sons parasites partout. Leurs déchets s'insinuaient , leurs voix s'insinuaient , ils pullulaient en polluant. (...) Non seulement nous avions du mal à communiquer, mais leur raffut cachait aussi le bruit des menaçants. Et puis cela semblait perturber notre boussole (...) Nous avons failli nous échouer, un jour."

Parfaitement cohérent avec une autre lecture, Un été en mer.

Avis babelio,

A caser bien sûr dans le Book Trip en mer chez Fanja

, et aussi dans Défi SF 2025 chez Sandrine

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