James
Percival Everett
Mantle, 2025
Mon côté 'bon élève' m'a conduite à démarrer la lecture de Huckleberry Finn, puisque Percival Everett a repris les personnages du roman de Twain, principalement Huck et l'esclave Jim. J'en ai lu assez pour les laisser en radeau sur le Mississippi et constater que Jim, personnage secondaire, est présenté comme pas bien malin. Un résumé sur internet m'a permis de voir comment Everett a utilisé certains fils de l'histoire, mais à sa sauce.
Avec d'autres esclaves, dont son épouse et sa fille, Jim habite une petite ville près du fleuve, et quand il apprend que sa maîtresse veut le vendre, il prend la fuite, retrouvant Huck, lui fuyant un père violent. Jim est à la fois un esclave en fuite et un meurtrier, puisqu'il aurait assassiné Huck. Les deux rencontrent deux escrocs fort distrayants, le Duc et le Roi, mais leurs chemins vont se séparer.
Et nous voilà avec Jim seulement! Il retrouvera Huck après un passage haletant du roman d'Everett, face à ce que je pourrais appeler 'le choix de Jim'.
Avant cela, grâce à une belle voix de ténor, il fera partie d'une troupe de minstrels, et lui aussi devra user du blackface (grimage en noir). Un comble! Par la suite le malheureux connaîtra la vie d'esclave, dans une scierie et un bateau à vapeur.
Je passe, sans trop en dire. L'intérêt principal du roman est d'avoir une approche au plus près de l'horreur de l'esclavage, au travers des réflexions du narrateur, Jim, donc. Jim sait lire et écrire, se gardant bien de le faire savoir. Non sans ironie, il critique l'esclavage, les blancs et parfois les esclaves qui ne sont pas forcément les derniers à obéir trop fidèlement à leurs maîtres (mais bon, les punitions sont raides, on a eu un aperçu avec l'histoire affreuse du crayon volé)
La tonalité est noire, il y a peu (pas) d'espoir, Jim se bat pour rester en vie, son objectif est de racheter sa femme et sa fille... La drôlerie vient principalement du choix d'Everett de la langue-esclave, destinée aux blancs les entendant, alors qu'entre eux ils parlent un anglais quasi standard. Je dis quasi car même Huck est doté d'un accent. C'est là que je dois préciser que je l'ai lu en VO, on distingue très bien le bon anglais de Jim, celui plus local des blancs (du sud?) et ce qu'utilisent les esclaves quand ils ne sont pas seuls. Le chapitre 2 présente une hilarante leçon destinée à expliquer aux enfants comment parler aux blancs et plus généralement se comporter avec eux. Hilarant, oui, mais symptomatique de la crainte nécessaire à l'égard de ces blancs ayant droit de vie et de mort, en tout cas de liberté.
Un exemple.
" To all of them you're white. To me, you're white.
There is no need to be insulting."
An ancient white woman walked past us.
"Dat not be how I meaned it, Massa." (et hop on repart dans la relation attendue maître esclave)
Là traduction perso à l'arrache :
"Cela me faisait mal de penser que sans un blanc avec moi, je ne pouvais voyager en sécurité en plein jour. Sans un blanc pour se réclamer comme mon propriétaire, il n'y avait aucune justification pour ma présence, peut-être pour mon existence."
On ressent bien tout du long le tragique de l'esclavage. Je termine en mettant aussi l'accent sur l'évolution des rapports entre Jim et Huck, qui est un gamin assez crédule, mais curieux et d'un bon fond, finalement.
Lecture recommandable!
Avis babelio, bibliosurf, Cath L, miriam,

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