Congo

 Oui, encore lui! Cette fois avec du lourd, de l'épais (600 pages). De l'indispensable.


Congo

Une histoire

David van Reybrouk

Actes sud, 2012

Traduit par Isabelle Rosselin

Une vraie somme que cette Histoire du Congo, capitale Kinshasa (Léopoldville auparavant), une superficie comme une bonne partie de l'Europe, dont l'est fut déclaré 'scandale géologique' tellement c'est riche par en dessous (mais les congolais ne semblent pas avoir bénéficié de cette manne). Propriété du roi des Belges, puis colonie, puis après la décolonisation peu de périodes tranquilles. Guerres civiles, coups d'état, pillages, corruption, rien hélas ne manque. L'auteur a effectué plusieurs visites dans le pays dans les années 2010, rencontrant des personnes de tous âges et de tous bords, et on ressort des son livre effaré et plein de questionnements. Un saut sur wikipedia m'a permis de voir où c'en est...

Le dernier chapitre m'a particulièrement captivée, l'auteur se rend en Chine avec des commerçantes, et rencontre toute une diaspora congolaise!

Quelques passages dans l'ordre du livre :

"Où commence l'histoire? (...) Il existe une fâcheuse tendance à faire commencer l'histoire du Congo à l'arrivée de Stanley dans les années 1870, comme si les habitants de l'Afrique centrale, errant tristement dans un présent immuable, perpétuel, avaient dû attendre la traversée d'un blanc pour se libérer du piège à loups où les maintenait leur apathie préhistorique. (...)"

"Des centaines, que dis-je, des milliers d'histoire humaine ont précédé l'arrivée des européens. Le plus profond obscurantisme, s'il a jamais existé, résidait dans le regard que portaient les explorateurs blancs sur la région, plutôt que dans la région elle-même."

"L'industrialisation à elle seule ne peut expliquer l'avènement du colonialisme. Sur un plan strictement commercial, une colonie n'était même pas nécessaire. (...) Non, il fallait un autre facteur pour provoquer la fièvre coloniale : le nationalisme."

"Aucun pays au monde n'a eu autant de chances que le Congo avec ses richesses naturelles. Ces cent cinquante dernières années, chaque fois que le marché international a exprimé une demande pressante pour une certaine matière première - l'ivoire à l'époque victorienne, le caoutchouc après l'invention du pneu gonflable, le cuivre lors de la forte expansion industrielle et militaire, l'uranium durant la guerre froide, le courant alternatif pendant la crise pétrolière des années 1970, le coltan à l'ère de la téléphonie mobile,-, le Congo s'est avéré disposer de gigantesques réserves de la marchandise convoitée.(...) L'histoire économique du Congo est celle d'une série de coups de chance invraisemblables. Mais aussi d’une misère invraisemblable. Des gains fabuleux qui furent engrangés, la majorité de la population n'en a pas reçu une miette."

Je passe les deux guerres mondiales, auxquelles participèrent des Congolais, de façon décisive lors de la Seconde.

"Mais en avril 1965, Che Guevara en personne débarqua sur les rives du lac Tanganyika!"

Ouvrez vos téléphones portables. "Les petites perles de couleur vive en forme de goutte d'eau, ce sont les condensateurs. En grattant un peu, on peut les ouvrir et on se retrouve avec un petit morceau de Congo dans la main."


Deuxième lecture proposée pour le mois belge chez Anne et Mina

Avis : babelioMiss Sunalee, qui a pu zieuter la VO!!!

Commentaires

  1. Ah ! que je connais mal la littérature africaine et tout ce qui s'y rapporte... En plus, en ce moment, je suis en Russie...
    Bonne journée.

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    1. C'est un (gros) bouquin non fiction écrit par un belge (et comme c'était une colonie belge...). Je le recommande, mais il faut vraiment s'accrocher, l'histoire du pays est terrible et ça continue semble-t-il.
      Oui, j'ai vu, pour la Russie!

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  2. C'est une histoire pleine d'horreur. Je crains de reculer devant.
    Le royaume du Kongo est évoqué longuement dans le livre sur l'histoire de l'Afrique de Fauvelle, c'était très intéressant.

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    1. Ici c'est exhaustif et rendu vivant par les rencontres de l'auteur, mais franchement, quelles horreurs!

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  3. J’espère que c’est moins «wikipediesque » que « Zinc » je m’explique : j’ai trouvé tellement inintéressant « Zinc » que je suis allée lire Wikipedia que j’ai trouvé beaucoup plus riche.

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    1. Oui, je viens de voir ton commentaire sur Zinc. ^_^ D'accord avec toi, wikipedia est très complet, mais il n'y a pas Emil, voilà.
      Congo est complet, et l'auteur a vraiment rencontré des gens, enquêté, etc.C'est juste que le sujet n'est pas très gai, mais ça, c'est l'Histoire.

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  4. THE bouquin à lire sur le Congo, je crois (et que je n'ai pas lu). Je l'ai classé dans Traverse et dans Onlit parce que c'est du voyage dans un sens et c'est un pavé ! Et je me suis offert le dernier bouquin de l'auteur, qui vient de paraître : Odes.

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    1. Ah oui tu confirmes que c('est le livre sur le sujet! Un poil désespérant, bien sûr...
      Merci pour tes classements, j'en suis incapable pour l'instant.
      Ha ha un nouveau titre, je dois guetter, alors!

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  5. oh de la non fiction ! et un beau pavé
    je le note
    mais oui j'ai pas mal lu de livres sur l'Angola autre pays riches en minerais mais dont la population ne voit pas un seul dollar en sortir ...

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    1. Une référence semble-t-il, que ce livre.
      Oui, dans ce coin c'est riche, mais ça ne ruisselle pas jusqu'au petit peuple.

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  6. Je ne suis pas très attirée par ce thème là en ce moment.

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  7. Un pavé... pas sûr que ça m'intéresse sur la durée.

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  8. Je l'avais noté celui-là, le morceau copieux m'a fait reculer je l'avoue, mais je n'abandonne pas le projet.

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  9. Peut-être le réemprunterai-je un jour à la bibliothèque, je n'avais pas trouvé le temps de le lire et j'ignorais qu'il contenait des témoignages de rencontre.
    Je suppose que si l'auteur remonte à l'histoire précoloniale, il examine aussi l'après, les années d'indépendance dont la population, hélas, n'engendre pas les bénéfices. A lire, en tout cas.

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    1. A lire, c'est sûr.
      Oui, il rencontre toutes sortes de gens, y compris un très très vieil homme à bonne mémoire. Il va largement après l'indépendance, qui n'a guère arrangé la vie du petit peuple.

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  10. Ca a l'air passionnant. J'ai lu sur le congo belge, au coeur des ténèbres ( je ne pense pas me montrer de pays) de Conrad...

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  11. il a l'air très dense! A noter dans un coin!

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  12. Il me tente après la lecture du Ventre du Congo. Mais j'ai envie de léger et celui-ci me paraît plutôt dense

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    1. 600 pages assez denses, oui, et surtout on désespère parfois...Mais c'est à lire.

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  13. Je ne suis pas très intéressé par l'histoire du Congo, mais pourquoi pas, l'appétit ne vient-il pas en mangeant?
    Bonne soirée.

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    1. En tout cas c'est complet, bien fait, on en apprend aussi sur l'Afrique!

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  14. Pourquoi pas je lis souvent des livres sur l'Afrique, mais en principe plutôt romancés car je n'aime pas les livres d'histoire en tant que tel...tes extraits donnent le ton. Merci de nous le présenter

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    1. Tu vois le ton, c'est quand même aisé à avaler, pour certains passages.

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  15. Ah c'est ce que je pensais, mon commentaire n'est pas passé hier. Bon, rien de fou, je disais que si on voulait en savoir plus sur le Congo, c'était un livre à noter.:)

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    1. Exact, le sujet n'incite pas à la frivolité, mais l'auteur a su le rendre intéressant. Une somme incontournable.

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  16. Dix ans que ce titre m'attend sur mes étagères ... Je viens de voir qu'une toile d'araignée s'y était fixée. Je l'ai enlevée ... Serait-ce un signe ?

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    1. J'espère seulement que l'araignée va bien! ^_^

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  17. J'avais essayé de le lire mais j'ai abandonné, je ne me souviens plus pourquoi!

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    1. Il faut dire que c'est épais, et je me souviens que si les caractères étaient gros, les interlignes ne l'étaient pas assez, donc le confort était moindre. Ensuite, c'est sûr que le sujet est sérieux et pas très réjouissant, que de malheurs!

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  18. Ce livre a traîné des années chez mes parents, et puis l'année passée je me suis décidée à le lire, mon premier Van Reybrouck. Je l'ai lu en français, pour aller plus vite, mais j'avais la version originale en néerlandais à côté de moi. Après l'avoir terminé, je me suis dit que je lirais les suivants en v.o. vu que j'ai régulièrement tiqué sur la traduction (difficile, j'en conviens).

    J'ai adoré l'approche et le style - du coup, je lis son dernier, "Revolusi", où il raconte l'histoire indonésienne du 20e siècle.

    Après avoir lu "Congo", je me suis demandée s'il existait des livres similaires sur d'autres pays anciennement colonisés, mais je n'ai pas (encore) trouvé.

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    1. Aah je dois faire confiance à la traduction! ^_^ Il va falloir que j'en lise d'autres, s'ils sont traduits.
      Marrant, avant de lire ton commentaire, je pensais que j'aimerais bien lire ce genre de 'somme' sur d'autres pays colonisés... Tu as Hamadou Hampaté Bâ et c'est vu côté malien...

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  19. Toutes les chroniques que je lis sur ce livre sont très positives et cela fait désormais bien longtemps qu'il est sur ma liste. Merci pour cette jolie chronique et les extraits vraiment intéressants !

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    1. Oui, les extraits, et j'en avais d'autres, mais soyons raisonnables. Je recommande cette lecture, au bon moment quand même.

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  20. Bravo d'être arrivée au bout. J'en suis à la p 152 et me réjouis de quelques jours en vacances ou je me promets d'avancer. C'est pourtant très bien et intéressant. Tiens je crois que DVR était à la G Librairie jeudi passé pour la promotion de "Odes", j'imagine.

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    1. En fait on n'avance pas si vite, j'aurais préféré des interlignes plus grands, quitte à avoir des caractères plus petits, et parfois un saut de paragraphe. Cela n'a rien à voir avec le texte, mais le confort de lecture aurait été plus grand. Et ça compte quand c'est parfois dense.
      En tout cas, c'est une lecture indispensable.

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    2. Oui c'est vrai, le confort de lecture est moyen d'autant que le livre trop épais tient difficilement en main. J'aurais préféré deux volumes publiés en coffret, le premier pour l'avant Mobutu p ex. Mais je ne suis pas éditeur et n'ai pas leurs contraintes éditoriales.
      Bonne journée.

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    3. C'est un bon éditeur, rien à dire. Mais il ne faut pas minimiser ce fameux confort. J'ai quand même poursuivi, tant l'intérêt était grand.

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