Hanya Yanagihara
Grasset, 2022
Traduit par Marc Amfreville
Comme bien souvent c'est Motspourmots qui m'a révélé l'existence de ce pavé (plus de 800 pages, on est dans les clous des challenges!), et je vais essayer de donner envie sans trop en révéler.
Première partie, Washington Square, un poil Jamesienne forcément. En 1893 le jeune David Bingham habite avec son grand père Nathanaël une demeure très chic donnant sur cette place. Une famille de banquiers sur argentés, et on va tenter d'éviter les mariages indésirables.
"A l'université, les club-théâtre avait monté une pièce sur une héritière au XIXe siècle qui espérait se marier avec un homme dont son père pensait qu'il ne la courtisait que pour son argent. La jeune fille était assez laide, le garçon très beau, et personne - ni le père de l'héritière, ni sa vieille fille minaudière de tante, et moins encore ses amies - ne croyait qu'elle ait pu réellement attirer son bien-aimé; elle était la seule à penser l'inverse. " Voici un joli résumé du roman de James, oui je l'ai lu, qui permet aussi de donner un aperçu de l'écriture élégante et fluide de Hanya Yanagihara, un vrai bonheur de lecture...
Sauf que... de petits détails donnent à penser qu'on n'est pas vraiment dans 'notre' 1893. Nos Etats-Unis comportent les Etats-libres, les Colonies, etc., avec des fuyards et réfugiés du deuxième vers le premier. A New York, chacun est libre d'épouser qui il veut, selon ses goûts, mais en restant dans un certain cadre social. Un mariage est arrangé entre David et Charles Griffith, mais le jeune David est tombé amoureux fou d'un professeur désargenté, Charles Bishop. Il y aura un choix à faire...
Deuxième partie, Lipo-Wao-Nahele, en 1993. Dans la même maison de Washington Square, un jeune David, originaire de Hawaï, partage la vie de Charles, plus âgé. C'est l'époque où le SIDA fait des ravages parmi leurs amis. Une partie autre raconte la jeunesse de David et la vie de son père, malade, resté à Hawaï.
Troisième partie, Zone huit, 2093. La jeune Charlie a hérité de la maison de Washington Square et y réside avec son mari. Un mariage arrangé, pour la protéger, par son grand père Charles, époux de Nathanaël, pères de David Bingham-Griffith.
On est dans un monde soumis à des pandémies variées, et on ne peut s'empêcher d'y voir des échos de ce qu'on a connu (ou connaîtra?). Que faire, jusqu'où confiner, d'où viennent ces virus?
En tout cas, grâce à des lettres du grand père antérieures à 2093, on réalise comment ce coin là est devenu un régime totalitaire, en proie au réchauffement, inondations, en plus des maladies. La loi sur les mariages qui semblait avoir cours tout du long du roman est abolie. Des injustices réapparaissent, des révoltes aussi surviennent.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, on ne retrouve pas vraiment les personnages ou leurs descendants d'une partie à l'autre. Juste la belle maison de Washington Square, et les noms des personnages, qui sont repris, ou juste des prénoms, créant un effet d'étrangeté. Un côté uchronie aussi car ces Etats-Unis ne sont pas ceux que l'on connait, et une dystopie en dernière partie. Cela fait beaucoup? Non, on s'attache aux personnages, aux héros qui se révèlent assez mal à l'aise dans leur environnement, par exemple leur difficulté récurrente à se faire des amis (David 1 et 2, Charlie), et leur choix -ou pas- d'une certaine liberté. Un roman qui va résonner longtemps en mémoire.
Avis Babelio, Bibliosurf,
Chez la petite liste |
Chez Dasola |
Ce doit être étonnant et intéressant. Là, j'ai fait ma cure de pavés (mais je garde précieusement les billets pour cet automne), mais je le note pour plus tard, il pourrait me plaire.
RépondreSupprimerAvec des lectures courtes en parallèle, ça passe bien. Mais je risque d'en rester là aussi, question pavés.
SupprimerUn roman vraiment original, difficile à classer.
J'ai un peu de mal avec les pavés en ce moment mais je note le titre et l'auteur (on ne sait jamais)
RépondreSupprimerC'est sûr que ça bloque les livres en attente, mais ça se passe bien, ici. L'auteure a un autre pavé paru avant, dont on dit aussi du bien, à voir...
Supprimerj'avoue avoir une certaine nonchalance en ce moment et j'ai beaucoup de mal à me mettre à lire des pavés. et je reproche souvent aux auteurs américains de ne pouvoir s'exprimer que dans des romans de plus d e500 pages . J'aime la concision plus qu'eux visiblement.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'on a souvent au moins 400 pages voire plus, mais c'est souvent de belles histoires à découvrir.
SupprimerContente que tu aies cédé à la curiosité et embarqué pour cette aventure au long cours. Je te rejoins sur le fait que ce roman va laisser durablement son empreinte. Et que je suis tellement curieuse de la lire encore...
RépondreSupprimerTu me connais, je résiste mal, et si ça me plait, voilà! Son précédent roman a de bons échos (un pavé aussi!)
SupprimerJ'ai d'abord cru à un roman dont le premier "épisode" se situait au XIXe siècle, mais à lire l'intégralité du billet, on comprend qu'on est bien dans des "univers parallèles"...
RépondreSupprimerVous ne parlez que de péripéties "sociologiques" (ou plutôt sociétales), je serais curieux de savoir quelle est la technologie utilisée dans l'univers de cet ouvrage (avec quelle source d'énergie, aussi...).
(Vous me répondrez que je n'ai qu'à le lire...) ;-)
Merci pour cette nouvelle participation!
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Mis à part cette loi autorisant tous les mariages (fin 19ème siècle région de New York et valide jusqu'à la presque fin du livre) je n'ai pas eu par ailleurs l'impression de différences technologiques. Contre les virus, ce sont les mêmes outils. Quant aux enfants, fin 19ème siècle, hé bien on pouvait en trouver plus facilement d'adoptables.
SupprimerAh, c'est l'auteure d'Une vie comme les autres (800 pages aussi^^) qui avaient été beaucoup lu sur les réseaux. J'avais envisagé de le lire mais je suis passée à d'autres choses après. Ton pavé a l'air aussi ambitieux et marquant.
RépondreSupprimerOui, encore un pavé de l'auteur, j'en avais entendu parler. Franchement, elle écrit tellement bien que cela reste agréable. ^_^
SupprimerVoilà qui n'a pas l'air trop pour moi, je passe.
RépondreSupprimerPas de souci, en plus c'est un pavé (qui se lit bien mais il faut le bon moment)
SupprimerCet été une certaine paresse me maintient éloignée des pavés et encore plus des billets de blogs ... j'en ai pourtant un de terminé, mais je procastine depuis deux semaines. J'attends mollement de me ressaisir.
RépondreSupprimerJe te comprends, je lis je lis et n'écris pas forcément des billets... Cela doit rester un plaisir (mais j'aimerais bien savoir ce qui t'a plu ^_^)
SupprimerÇa a l'air très très bien et me voilà tentée. Bon ici, dans le fin fond de la Bretagne, on a des touristes et des algues vertes mais bien peu de bibliothèques dignes de ce nom... enfin il y en a une à la ville, dans un très beau bâtiment restauré mais les étagères ne sont pas celles de Blois, tu t'en doutes...
RépondreSupprimerJe m'en doute et compatis. Même si celle de ma petite ville (avec DLP) n'est pas si anodine. Et je trouve le moyen de continuer à acheter des livres...
SupprimerTes biblis acceptent les demandes d'achat des lecteurs?
Je n'ai pas encore tenté. Mais il faut savoir que l'inscription coûte 40 € à ceux qui n'habitent pas la grande ville (c'est une bibli municipale) : hors de prix, du jamais vu !
SupprimerUn vrai scandale, en effet! Ici je paie 9 euros dans ma ville, 16 euros à R et 20,.. euros à B, ces deux derniers tarifs pour les hors communes, mais figure toi que cette dernière va tout rendre gratuit dès cette année!
SupprimerOK, cela fait un budget, mais comme je dis, dès ma première visite, c'est rentabilisé. Et être inscrite à B me permet d'avoir le tarif réduit au festival de musique à côté. ^_^
Quand même 40 euros pour accéder à des livres, c'est le meilleur moyen de repousser les gens! Il y a des tarifs pour les faibles revenus? Ici c'est comme cela.
Eh bien on dirait que l'accès aux livres est comme l'accès aux soins : inéquitablement réparti sur le territoire, c'est en effet scandaleux... J'ai la chance d'avoir près de chez moi une bibli gratuite et très très bien fournie, qui accepte par ailleurs la quasi totalité des demandes d'achats. J'ai vu une fois dans une émission une femme qui avait monté une bibliothèque ambulante, pour desservir en livres les villages isolés de sa région... Belle initiative, mais qui ne résout malheureusement pas l'ensemble du problème... Et sinon ce titre me tente bien aussi !
SupprimerUn bon roman, sans sujets lourdingues qui semblent plomber la lecture de son précédent (que je n'ai pas lu)
SupprimerJ'ai vérifié sur le site de cette médiathèque, exact, c'est 40 euros, on ne demande pas forcément la gratuité, mais franchement 40 euros c'est un record!
Oh un pavé ! mais ton avis ne me donne pas plus envie de lire ce livre ou cet auteur.
RépondreSupprimerDommage vraiment, mais je sais que tu as d'autres horizons livresques à découvrir.
Supprimerje viens de commencer un pavé aussi (Australien) je note celui là pour plus tard, il a l'air intéressant!
RépondreSupprimerL'époque des pavés! Tu peux noter, il sera aussi bien, passé l'été.
Supprimer800 pages ! Non, je ne le lirai pas...
RépondreSupprimerJ'annonce la couleur, alors pas de souci!
SupprimerTu titilles ma curiosité ! Mais pour moi ce n'est pas du tout l'époque des pavés, l'été...j'ai trop souvent mes petits-enfants et je m'en réjouis car je ne les vois que très rarement le reste de l'année, alors les pavés pour moi c'est en hiver, quand les jours sont courts et que je ne peux pas passer mes journées dehors. Je le note au cas où il soit dans ma médiathèque
RépondreSupprimerPour la bibli, on ne sait jamais, note le titre. Et puis, tu n'es pas obligée de lire les pavés l'été, quand tu es bien occupée par ailleurs. Profite!
SupprimerJe ne me laisserai pas tenter, j'ai détesté "Une vie comme les autres" que je me suis forcée à terminer (du coup, j'ai relu le billet sur mon blog).
RépondreSupprimerEt c'était aussi un pavé, donc encore plus difficile à terminer, alors! Je vais voir!
SupprimerCoucou Keisha, du même auteur j'ai lu l'an dernier un autre pavé, "une vie comme les autres", très fort et par moments très sombre... Tu l'as lu ?
RépondreSupprimerMiss Sunalee juste au dessus l'a lu et pas aimé du tout, très sombre en effet... Donc pas pour moi pour l'instant!
SupprimerJe n'ai pas accroché à Une vie comme les autres (enfin, j'ai calé très très vite, donc je ne sais même plus pourquoi...) alors là, les 800 pages ne me tentent pas plus que ça...
RépondreSupprimerIci les sujets trop lourds ne sont pas présents, au moins. Mais c'est sûr, 800 pages, ça a intérêt à bien se passer!
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